Le Ciel : c’est bien, c’est beau, mais c’est loin…

Le Ciel : c’est bien, c’est beau, mais c’est loin…

Qu’est ce que l’Espérance céleste ?

Cette thématique biblique, bien que fondamentale, semble être aujourd’hui démodée. Ne disparaît-elle pas du monde évangélique ? Il n’y a qu’à interroger nos cultes, nos chants, nos vies. S’il arrive encore que l’Espérance et le Ciel soient évoqués, c’est seulement à l’occasion des enterrements, en dernier recours, quand il n’y a rien d’autre à dire. Malheureusement, l’idée actuelle que nous nous faisons de l’Espérance ne diffère pas vraiment de la compréhension que le monde se fait du Ciel : c’est bien, c’est beau, mais c’est loin… La notion d’Espérance nous laisse souvent si perplexe que nous pensons tout bas : « à quoi me sert aujourd’hui, l’éventualité qu’après ma mort tout ira mieux ? ».

Les premiers fruits de l’Esprit et le manque légitime

L’Espérance est pourtant omniprésente dans la Parole, dans la vie des patriarches et des apôtres. Elle constitue même l’une des trois grandes vertus d’1 Corinthiens 13.13. Paul, au chapitre 8 de l’épitre aux Romains, en parle sous un jour particulier. L’Espérance est, sous sa plume, bien plus qu’une idée ou un simple concept théologique, tout aussi explicite que le « déjà et pas encore ». Ainsi qu’il l’écrit dans les chapitres précédents, nous avons la Vie, la paix, la victoire sur le péché et l’adoption par l’Esprit. L’œuvre de Dieu dans la vie présente du croyant, est donc riche et puissante, mais elle n’est que les prémices de l’Esprit (Rm 8.23), les premiers fruits de notre salut. Le parfait accomplissement – la pleine adoption et la résurrection de nos corps – reste à venir. Et l’Esprit l’atteste en nous. L’aboutissement de notre rédemption, nous l’attendons et cette attente nous fait gémir et soupirer (Rm 8.23). Il est donc un manque légitime, produit par l’Esprit lui-même.

La « nostalgie céleste »

La nature de ce manque nous est révélée par le sentiment qu’éprouvait les Juifs exilés de Jérusalem. Comme en témoigne par exemple le Psaume 137, ils ressentaient au sujet de la ville de leurs fêtes, de leurs pères et de leur enfance, nostalgie, espoir et impatience. Et nous sommes, à certains égards, dans une situation similaire à la leur. Notre Espérance est semblable à celle qui les animait. Ne sommes nous pas aussi des citoyens célestes (Ph 3.20), éloignés de notre patrie pour un temps, voyageurs sur la terre (1P 2.11)? La Jérusalem d’en haut est notre mère (Ga 4.26), c’est elle qui nous a enfantés à la vie éternelle (Jn 3.7), c’est elle qui nous caressera sur ses genoux (Es 66.12). Celui donc qui s’attache à l’Espérance, par la foi et les Ecritures, connait et perçoit la Jérusalem d’en haut comme s’il l’avait déjà vu et connu autrefois. C’est ainsi que l’Esprit inspire au cœur du croyant un sentiment que l’on pourrait qualifier de « nostalgie céleste ».

Il existe donc une tristesse, un gémissement qui soient nobles et bibliques. Tout comme il existe une joie et un bonheur illégitimes, superficiels et mondains. Celui-là même que les babyloniens dans leur méchanceté voulaient imposer aux Juifs en exil (Ps 137.3). Mais comme le chante le Psalmiste : malheur à celui qui se réjouit d’une telle joie, aux dépens de Jérusalem, en ne l’aimant plus et l’oubliant. « Que ma droite m’oublie, que ma langue s’attache à mon palais » (v.5) ; c’est-à-dire : « que je ne puisse plus chanter ». Comme si, ce qui faisait l’essence même de la louange d’un Juif exilé, c’était de languir après Jérusalem.

Espérer dans les choses à venir

Nous mesurons alors l’anomalie d’une piété vidée de toute espérance. La Parole invite à ne pas confondre joie chrétienne et bonheur du monde. C’est le bonheur du monde qui veut tout et tout de suite, qui veut la sensation de plénitude ou bien l’ivresse, qui se révolte contre l’attente, la frustration et l’imperfection. Dès lors que le croyant s’égare dans une telle recherche, il se promène dans l’existence, oubliant d’où il vient et où il va. Il ne pense plus qu’aux choses de la terre (Ph 3.19). Or, c’est en espérance que nous sommes sauvés (Rm 8.24). Il convient donc de s’attacher à l’objet de notre salut, d’affectionner les choses d’en haut (Col 3.2), sachant que la véritable consolation se trouve dans l’espérance des choses à venir.

 

Pour aller plus loin :

Un ouvrage doctrinal et synthétique (160 pages en petit format) sur l’espérance chrétienne et les « événements de la fin » : les signes de la fin, l’avenir d’Israël, le jugement, la résurrection, etc. :

  • Henri Blocher, L’espérance chrétienne, Editions Excelsis, 2012

Un ouvrage (233 pages) centré sur les réalités célestes et sur l’importance de s’y attacher :

  • John Mac Arthur, La gloire du ciel, Editions Maison de la Bible, 2014

Puis, une brochure (51 pages) qui traite de l’espérance céleste et de ses implications pour la vie chrétienne :

  • Mission Timothée, L’espérance chrétienne : sur la terre ou dans le ciel ?, Editions Cocebal, 2009

1 Commentaire

  • Jean-Philippe Duquesne 22 avril 2017 21 h 06 min

    Très bon article Guilhem, c’est un sujet que j’avais particulièrement à cœur les derniers temps. Nous sommes si souvent pris par le rythme et les difficultés du quotidien que nous pensons souvent plus à ces choses et à l’attente d’exaucements pour notre vie ici bas qu’à la consolation et la joie du salut que nous pouvons déjà saisir dans l’attente de son plein accomplissement au retour de notre sauveur. Ce jour là notre joie et notre consolation seront complètes. Comment ne pas se réjouir déjà et entrevoir ces choses en lisant les textes d’apocalypse 21 et 22 ainsi que ceux d’Esaie 65 et 66.

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