Le Réveil a 200 ans !

Le Réveil a 200 ans !

Genève, 1817 : un mouvement se met en marche. De jeunes étudiants en théologie protestante découvrent la place d’une relation personnelle avec Jésus. Cette découverte va être à la base des Églises évangéliques, d’œuvres sociales, de missions…

Un monde à l’heure du changement

200 ans en arrière, l’Europe ne sait plus quelle heure elle vit. La Révolution française a chamboulé le paysage politique : le Roi est mort, vive la République ! Les idées des Lumières sur la politique, la liberté, les droits de l’homme quittent le champ des discussions philosophiques pour entrer dans le concret de la vie publique. Là-dessus arrive Napoléon qui tente d’imposer certaines de ces idées à toute l’Europe. L’empereur tombé, les pays européens vont naviguer pendant près d’un siècle entre monarchie et démocratie. Tous ces changements politiques et sociaux vont avoir un impact sur le rapport aux institutions religieuses et sur la relation à Dieu…

Compte à rebours pour le Réveil

À Genève, les idées rationalistes des Lumières se retrouvent au cœur même de la théologie. La foi a été vidée de sa substance : exit la Trinité, la divinité du Christ ou la grâce. La religion est devenue une suite de préceptes moraux. « Ce sont de curieuses personnes que Messieurs vos pasteurs : on ne sait ce qu’ils croient, ni ce qu’ils ne croient pas. On ne sait même pas ce qu’ils font semblant de croire. » s’exclamera un Rousseau sarcastique.

« Ce sont de curieuses personnes que Messieurs vos pasteurs : on ne sait ce qu’ils croient, ni ce qu’ils ne croient pas. On ne sait même pas ce qu’ils font semblant de croire. »

Le comte de Zinzendorf (1700-1760), une des figures marquantes de la communauté des frères moraves (Communautés piétistes issues de la réforme du tchèque Jean Hus au XVe s.) établira une communauté à Genève. À ses débuts, en 1741, Entre 600 et 700 personnes la fréquentent. Mais en 1800, ils ne sont plus qu’une poignée. Néanmoins, quelques jeunes en recherche de vitalité spirituelle vont fréquenter ces réunions. Leurs noms : Ami Bost, Henri-Louis Empeytaz, Emile Guers, Henri Pyt. Nous retrouvons ces jeunes en recherche spirituelle dans une loge maçonnique, dans les salles de cours de la faculté de théologie, dans le salon d’une baronne piétiste : Madame de Krüdener.

Le mécanisme s’enraie…

Les pasteurs genevois voient tout cet engouement d’un mauvais œil. Ils resserrent le cadre : réunions religieuses interdites hors de l’Église officielle, règlement à signer, menace de refuser la consécration… Des amis pasteurs conseillent à ces jeunes de rester tranquilles en attendant la fin de leurs études. D’ailleurs, Empaytaz ne sera pas consacré, Guers sera exclu, Pyt quittera la faculté.

… puis repart

Une succession d’Anglais passant par Genève vont avoir une grande influence sur ces étudiants. Parmi eux, Robert Haldane, un ancien marin implanteur d’Églises en Écosse. Il va étudier l’épître aux Romains avec ces jeunes avides de nourriture spirituelle. Leur foi sera renforcée, les bases doctrinales affermies. Ils vont comprendre ce qu’est la grâce, l’importance d’une foi personnelle, en quoi leurs professeurs se sont éloignés de la Bible…

Independence Day

21 septembre 1817 : mis hors de l’institution officielle, le petit groupe va poser les bases d’une Église indépendante de l’État et de l’Église officielle. Un autre membre du groupe, César Malan avait déjà été consacré pasteur. Il veut, quant à lui, réformer l’Église de l’intérieur. Mais il sera à son tour exclu de l’Église genevoise. Il créera alors sa propre communauté. La même histoire se répète pour Louis Gaussen : une troisième Église indépendante voit ainsi le jour.

Mis hors de l’institution officielle, le petit groupe va poser les bases d’une Église indépendante de l’État et de l’Église officielle

Le Réveil se déclenche

Le mouvement va s’étendre. Les jeunes pasteurs vont d’abord voyager en Suisse romande pour transmettre leurs découvertes. Par leur prédication et leurs écrits, ils revivifieront des communautés moraves, encourageront des jeunes en questionnement sur la foi, raffermiront des groupes de maison… Certains, comme Félix Neff, Frédéric et Adolphe Monod propageront les idées du Réveil en France.

Que reste-t-il de ce Réveil ?

Redécouverte de la grâce, retour à l’orthodoxie, transformation de la religion en une foi vivante et personnelle… Tel a été le legs de ces jeunes étudiants zélés. Leurs idées se sont répandues en Suisse et France. Une grande partie des Églises évangéliques sont redevables à ce mouvement, soit directement (Églises de la FREE et Église libre de Genève…), soit indirectement (FREE, CAEF, Églises libres…)

La redynamisation de la foi a également eu des répercussions sur le plan social. La Croix-Rouge, la Croix-Bleue… peuvent être considérées comme des fruits de ce réveil spirituel.

Pour aller plus loin

Lüthi, Marc, Aux sources historiques des Églises évangéliques : l’évolution en Suisse romande de leurs ministères et de leurs ecclésiologies, Genève, Je sème, Dossier vivre, n˚ hors série, 2003, 304 p.

Mützenberg, Gabriel, À l’écoute du Réveil : de Calvin à l’Alliance évangélique, St-Légier, Emmaüs, 1989, 270 p.

L’émission A vue d’esprit, « Les réveils religieux du XIXe siècle en Suisse romande : Genève se réveille » avec Valérie Lathion, (consulté le 27 février 2017).

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