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1 mois 1 idée : Un culte en 3D pour les “outsiders”

Après la rentrée, un petit coup de mou ? C’est peut-être le bon moment pour découvrir ce qui se fait ailleurs pour se ressourcer dans sa vision de l’Église : voir les idées originales, les concepts osés ou simplement des bons modèles développés autour de nous. C’est pour ça que nous vous proposons sur Point-Théo une série « 1 mois 1 idée » pour stimuler votre réflexion sur l’Église. Chaque mois, nous vous livrerons une idée originale sur la manière dont une Église en France témoigne du Christ. Episode 1 : l’Église évangélique libre de Pau et sa série de culte en 3D.

« Je n’ai jamais eu peur d’inviter mes amis. C’était accessible et ils n’étaient pas inondés tout de suite par le côté traditionnel de l’Église. C’était une première ouverture, une première approche. Cela se faisait vraiment par étapes pour ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans une Église. » Marou, 25 ans, nous décrit un culte 3D dans l’Église évangélique libre de Pau. « Découvrir Dieu différemment », voilà un bel objectif, mais qu’est-ce que ça veut dire ?

Une idée pas si nouvelle

« Il s’agit de proposer quelques chose de pertinent pour nos voisins et amis » explique l’ancien pasteur de l’Église, Éric van der Does qui a lancé ces cultes suite à son arrivée à Pau en août 2010. « Le principe est de proposer un environnement sécurisant pour la personne qui entre pour la première fois peut-être dans une église ». L’ « outsider » est mis en sécurité… dans un premier temps.

Cette idée de culte « ouvert » n’est pas nouvelle, mais elle a fait son chemin pour déboucher sur ces cultes en trois dimensions. Tout a commencé par une conférence de l’Église Willow Creek en 1990, auquel assiste Éric van der Does. Il est question « d’une Eglise qui serait pertinente (relevant) et sensible (sensitive) envers ceux du dehors (unchurched people) ». L’idée a porté ses fruits car avec son épouse et une équipe, ils lancent des cultes « Porte Ouverte » dans leur Eglise à Bruxelles, tous les deux mois. Un culte avec musique, théâtre et prédication adaptée. Derrière l’équipe, toute l’Église est mobilisée. C’est un succès.

En arrivant à Pau, le concept est réadapté. « Tout dépend de l’Église et de ses ressources internes, précise le pasteur. Il ne s’agit pas de faire du copié/collé mais de discerner quel est le point fort de l’Église pour rentrer en relation avec nos contemporains en recherche. » A Pau, donc, un nouveau nom « 3D, Découvrir Dieu différemment », emprunté à l’Église évangélique libre d’Avignon est décidé. Mais l’idée d’ouverture vers ceux du dehors reste la même…

Pour les « gens du dehors »

Les thèmes choisis sont accrocheurs, des sketchs « tranche de vie » introduisent le message, qui est bien préparé, sans patois de Canaan. Ceci pour « progressivement amener la personne à reconsidérer ses a priori par rapport à la foi chrétienne et à L’Église » indique le pasteur. La musique est aussi particulièrement travaillée. La forme au service du fond, qui lui, ne change pas : « il n’est pas question d’édulcorer le message radical de Jésus mais de simplement éviter de soulever de nouveaux obstacles culturels pour la personne qui n’a justement aucune culture d’Église. (…) ce périmètre de sécurité est là pour que le visiteur puisse entendre un message réellement dangereux ! » rappelle le pasteur.

Il n’est pas question d’édulcorer le message radical de Jésus mais de simplement éviter de soulever de nouveaux obstacles culturels pour la personne qui n’a justement aucune culture d’Église.

Éric van der Does

Dans ce périmètre, les gens peuvent inviter sans soucis. L’accueil se fait dès l’invitation : « Les gens étaient déjà touchés par le flyer, l’invitation personnelle. Et puis le sujet était donné, ce qui permettait de lancer le débat plusieurs semaines avant le culte » note Marou, qui a participé à plusieurs de ces cultes durant ses quatre ans à l’Église de Pau. « Tu sais que si tu amènes quelqu’un, il sera forcément accueilli : quelqu’un va passer un peu de temps avec lui pour discuter » assure la jeune fille. Le sujet choisi interpelle car il touche à des problématiques toujours actuelles comme l’inquiétude, la peur, le mal, le pardon, la réussite ou le bonheur. Le sujet suit une progression tout au long du culte et finit de manière ouverte, avec un questionnement. Et ceci, toujours de manière compréhensible. « Ce qui peut être compliqué dans une Église, c’est de comprendre, reconnaît Marou. Mais mes amis appréciaient les cultes parce qu’ils ressortaient en ayant compris. » Les cultes 3D étaient aussi très divers, « l’équipe théâtre faisait des sketchs, les enfants parfois la chorale, une fois l’équipe musique a fait une vidéo. D’autres fois, il y avait des aides-mémoire, des papiers à remplir, des versets plastifiés » liste Marou. Tout ceci pour finir dans la convivialité, avec un repas en commun, qui permet de continuer le cheminement pour « l’outsider ».

Mes amis appréciaient les cultes parce qu’ils ressortaient en ayant compris.

Marou, 25 ans.

Une Eglise entière en action

Autre principe important de ces cultes, la communauté est en service selon ses dons. « Le culte en 3D doit pouvoir faire appel aux ressources de l’Église elle-même » insiste Éric. « Tout le savoir-être et tout le savoir-faire se mettait en place pour ces cultes 3D » souligne Marou. Un point important pour la jeune femme car « on se sent utile, quel que soit notre place dans l’organisation. Moi j’étais successivement au chant, à la mise en place des tables, à la vaisselle. J’étais super contente de participer, c’était un bon moment où on vit l’Église. » Et cela touche invariablement les gens du dehors. « La plupart de mes amis étaient impressionnés par l’accueil et le côté « famille », révèle Marou. On est ensemble, on vit ensemble, on sait qu’on peut compter sur l’autre. »

Penser à la suite

Bien évidemment, le risque avec ces cultes particulièrement préparés est le contraste avec les autres. Pour le pasteur, « il faut donc pouvoir maintenir le rythme et la qualité pour tous les cultes ». Mais il faut aussi penser à l’après. « Il faut absolument encadrer ces cultes en 3D par des possibilités pour les outsiders de progresser dans leur cheminement avec Dieu, par des groupe de maison, des formations » reprend le pasteur. « Des gens revenaient ensuite dans les groupes de maison, se rappelle Marou. Cela va bien de pair avec les cultes 3D. » Bien sûr, cette transition peut être abrupte et difficile. C’est toute la question de l’accompagnement de ces personnes qui viennent une première fois. Dans cet accompagnement, l’Eglise est-elle aussi prête à bousculer ses habitudes pour s’ouvrir vers l’extérieur ? A chaque communauté de faire les choses… différemment.

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Actuellement pasteur-implanteur à Beaumont-sur-Oise, Simon a fait ses études à la Faculté de Théologie de Vaux-sur-Seine. Il est aussi titulaire d'un master en journalisme de Sciences Po Grenoble. Belgo-américain, passionné par les langues et le sport, il est marié à Emmanuelle.

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