Les contraintes sanitaires que nous connaissons actuellement obligent les personnes atteintes par le coronavirus à s’isoler pendant plusieurs jours ou semaines. Me trouvant récemment avec le statut de « cas contact », et donc isolé à la maison pendant quinze jours, j’ai eu l’occasion de parcourir à nouveau le livre du Lévitique. La question de la sainteté de Dieu y est centrale, et nous permet de mettre en perspective l’imperfection de la vie humaine dans un monde déchu. Les chapitres 11 à 16 du Lévitique forment une section pleine de considérations sanitaires. À l’heure où nous ne sommes pas encore sortis d’une épidémie mondiale en ce début d’année 2021, que peuvent bien nous enseigner ces textes bibliques si anciens sur notre actualité ?

Un confinement dans l’Ancien Testament

La section commence avec des propos distinguant les animaux : Dieu sépare les animaux purs des animaux impurs et détermine ceux qui sont propres à la consommation ou non pour son peuple (chapitre 11). Le contact avec un animal mort rendait impur jusqu’au soir et nécessitait un rite de purification (Lv 11.28). La raison de cette séparation du pur et de l’impur nous est donnée en 11.44-45 : la sainteté de Dieu. La formule « Soyez saints car je suis saint » revient comme un refrain qui scande le livre du Lévitique, et en particulier ces lois sur la pureté rituelle.

Le chapitre 12 poursuit le thème de la purification en abordant la situation de l’accouchement. Le contact avec le sang entraînait l’impureté. Pourtant, une naissance est signe de vie ! Mais cette vie est entachée par le péché et nécessite un sacrifice d’expiation, afin que celle qui a donné la vie soit rituellement pure (12.7-8).

Dans les chapitres 13 et 14, ce sont les maladies de peau qui rendent l’individu rituellement impur. Sans être systématiquement causées par un péché particulier, ces maladies expriment néanmoins l’imperfection qui affecte le corps humain depuis Genèse 3. La « lèpre » est à la peau ce que le péché est au cœur humain : une maladie évolutive qui le rend impur. Face à ces maladies évolutives, il fallait examiner les malades (c’était alors le rôle du prêtre) et les isoler dans le cas où les symptômes s’avéraient pathologiques (13.11). Après une certaine durée de confinement, le malade était de nouveau « testé » afin de déterminer l’évolution des symptômes de la maladie. Ceux qui étaient contaminés devaient porter des vêtements déchirés, crier « Impur ! Impur ! » et habiter en dehors du camp (13.45-46) ! Ces pratiques n’ont rien à envier à ce que nous connaissons actuellement dans la contexte de l’épidémie du coronavirus : l’assurance maladie trace notre parcours sanitaire, nous devons déclarer publiquement notre contamination et rester confinés plusieurs jours ou semaines !

Toutes ces règles de pureté avaient donc pour but de sensibiliser le peuple de Dieu à l’ampleur des dégâts causés par le péché.

Lorsque le malade était guéri, il devait offrir un sacrifice (14.4) et réintégrait la communauté par étapes successives de purification (14.8ss). On offrait un sacrifice de réparation, de même qu’un sacrifice d’expiation : par sa maladie de peau, le malade s’était involontairement rendu coupable de transgression au regard de la sainteté de Dieu. Il fallait donc réparer et expier cet écart. La même démarche était observée pour les vêtements et les maisons ! Or, les objets ne peuvent pas commettre de faute puisqu’ils n’ont pas de conscience morale ! Toutes ces règles de pureté avaient donc pour but de sensibiliser le peuple de Dieu à l’ampleur des dégâts causés par le péché, dont les maladies, la contamination des vêtements et les moisissures des maisons étaient une expression visible. Tout écart par rapport à la sainteté de Dieu devait donc être comblé, réparé, sauvé.

Sauvés de la contamination

Aujourd’hui, lorsque nous nous retrouvons atteints de la Covid-19 ou cas contact, les règles sanitaires que nous sommes amenés à respecter peuvent nous faire penser à l’isolement que provoque le péché dans notre humanité, comme au temps de Moïse. Nous n’avons pas forcément commis un péché particulier qui entraîne notre contamination mais nous sommes, de fait, pris dans le même engrenage. Et nous soupirons après un soulagement sanitaire, une sortie de l’épidémie qui nous fasse retrouver notre liberté de mouvement. Ce soupir est légitime, et trouve son parfait accomplissement dans l’œuvre de Jésus Christ. Pendant son ministère, Jésus a guéri des gens lépreux, en signe d’une délivrance spirituelle plus grande encore. Par sa mort à la croix, Jésus a été la victime expiatoire parfaite pour notre péché. Lui seul pouvait accomplir cet acte puisqu’il est, contrairement à nous, parfaitement saint, sans aucun écart avec la sainteté du Père. Sa résurrection est la garantie que la souffrance, la maladie et la mort, qui touchent encore aujourd’hui notre humanité, ne sont pas une fatalité, mais trouvent une issue favorable en lui.

Que cette situation sanitaire soit une occasion pour nous de reconsidérer notre condition : avec ou sans virus, nous sommes tous contaminés par le péché.

Que cette situation sanitaire soit une occasion pour nous de reconsidérer notre condition : avec ou sans virus, nous sommes tous contaminés par le péché. Cette situation spirituelle nous sépare du Dieu saint et nécessite une réparation et une expiation. Grâce soit rendue à Dieu, Jésus l’a accompli ! Il nous réconcilie avec le Père et nous intègre de nouveau à son peuple. Bientôt il reviendra et nous serons alors totalement déconfinés !

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Sylvain Lombet est pasteur d'une Église de Perspectives et pasteur-aumônier à la FLTE.

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