Esther, un livre de dix chapitres dans l’Ancien Testament sur une femme du peuple qui devient reine et qui va avoir un rôle important pour sauver son peuple. Un livre fait d’ironie, de rebondissements inattendus et de retournements de situation. Une histoire passionnante. Et si on s’y penchait dans cet article ? Prenons un peu de hauteur et regardons trois aspects de cette histoire qui peuvent nous parler aujourd’hui.
On s’en rend compte au bout de quelques pages : il n’y a aucune mention de Dieu dans l’histoire d’Esther. Cela paraît étrange pour un livre dans la Bible. Cela a même suscité des débats sur le choix de l’inclure ou pas dans le canon. On dirait que c’est une simple histoire qui explique l’origine de la fête de Pourim.
Pourtant, dans l’histoire, on remarque beaucoup de péripéties, des soit-disant « coïncidences » dont l’accumulation montre au final que Dieu est bien présent et actif, même si on ne le voit pas, même on n’en parle pas explicitement. Dieu agit indirectement quand Esther accède au trône à la place de la reine Vasthi (2.17), Dieu agit indirectement quand Mardochée est témoin du complot contre le roi (2.21), Dieu agit indirectement quand le roi a du mal à dormir et qu’on lui rappelle comment Mardochée a sauvé sa vie (6.2), etc. etc. À chaque page du livre d’Esther, on peut parler d’un « hasard qui s’écrit avec un grand D ». Tous ces évènements apparemment insignifiants montrent la providence de Dieu, comment Dieu conduit les événements dans la vie d’Esther et du peuple de Dieu. La présence de Dieu est sous-entendue et perceptible pour celui qui la discerne. Ici et là, il y a des indices, des empreintes de la main de Dieu, il faut juste s’en apercevoir. Dieu semble orchestrer les événements et pourvoir au salut de son peuple. Il ne faut pas y voir un fatalisme mais un simple concours de circonstances permis par Dieu.
La présence de Dieu est sous-entendue et perceptible pour celui qui la discerne.
Dans la vie, il y a des moments où l’on ne ressent pas la présence de Dieu, où l’on a l’impression qu’il n’est pas là avec nous. Le pire, c’est quand la tension est au plus haut point, quand on a le plus besoin de lui et qu’il parait absent. C’est dans ces moments-là qu’il faut se rappeler que Dieu agit souvent de manière cachée, et que ses actions ne sont pas toujours évidentes à remarquer.
Voilà pourquoi on peut avoir confiance en Dieu comme Esther. Il fallait une sacrée foi pour se présenter devant le roi Xerxès au risque de perdre sa vie (5.1). Ce roi dont le caractère n’est pas très valorisé dans la Bible : il est souvent ivre, il a l’air macho et influençable… Pourtant, après un temps d’hésitation, Esther relève le défi. Elle est un véritable modèle de confiance et d’espoir au moment où les choses sont au plus mal. Même si le texte ne le dit pas, Esther a dû réaliser que Dieu conduisait sa vie et comment il était à ses côtés. Cela a dû l’encourager à lui faire confiance pour affronter la plus grande menace qui était sur sa vie et sur son peuple. Elle devait se dire que Dieu serait encore à ses côtés alors qu’elle franchirait la porte du palais.
Dans les moments où l’on pense que tout va s’écrouler, on peut avoir foi en Dieu : il est avec nous par Jésus-Christ « tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28.20). On peut se rappeler de tout ce que Dieu a fait pour nous dans le passé. Il est fidèle. Cette affirmation a des grandes implications, cela veut dire qu’il ne nous abandonnera jamais. Alors on peut lui faire confiance et regarder au-delà de ce qu’on voit avec nos yeux. On peut se remettre à lui et être apaisé à l’idée qu’il a toutes choses entre ses mains.
À la fin du livre d’Esther, le peuple juif est sauvé (9.1). C’est une bonne nouvelle pour ce peuple qui dans l’histoire sera toujours victime d’oppression. Mais si l’on est honnête, on peut se sentir mal à l’aise en lisant la fin de l’histoire : les ennemis des Juifs ont été massacrés. On peut avoir du mal à se faire à l’idée de cette vengeance… Ce qui paraît le plus dérangeant, c’est quand Esther demande un jour supplémentaire pour continuer à se battre (9.13). Il y a donc eu deux jours de combat sur la demande d’Esther au lieu d’un pour se défendre des ennemis… Que s’est-il passé dans la tête d’Esther ? Elle semble changer de visage. C’est comme si on voyait le côté obscur d’Esther au moment le plus glorieux de sa vie. C’est ce détail de l’histoire qui montre même les plus grands héros de la Bible peuvent se laisser emporter par leurs sentiments. Notre nature humaine revient toujours nous rappeler qu’on est faillible. Et aujourd’hui, on peut se demander nous-mêmes : quand Dieu nous bénit, comment est-ce que nous utilisons ce qu’il nous a donné ?
C’est comme si on voyait le côté obscur d’Esther au moment le plus glorieux de sa vie.
C’est comme s’il manquait quelque chose à cette histoire qui finit tout de même de manière sanglante. Et elle nous rappelle une autre histoire sanglante, l’histoire d’un autre juif qui a été jugé injustement, une histoire aussi faite de retournement de situation mais cette fois-ci en sa défaveur. La différence c’est que c’est une histoire de pardon et de non-violence, une histoire où l’amour est plus fort que la vengeance. C’est l’histoire de Jésus-Christ. Un homme qui, au lieu de se battre ou de se défendre, prend sur lui toute la violence, tout le mal du monde. Un homme qui ne combat pas le mal par le mal et qui en faisant cela, a vaincu le mal. Tout cela pour apporter un salut non pas à un seul peuple, mais au monde entier sans distinction de race, à vous et à moi. Il a été tué, lui, pour que d’autres vivent…
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