“Je crois en la résurrection de la chair” (1)

Qu’attendons-nous après la mort ? Une vie de purs esprits auprès du Seigneur ? Ou bien une vie avec un nouveau corps, dans un nouveau monde ? Une vie immatérielle ou une vie matérielle ? Autrement dit, qu’est-ce que la résurrection ?

Force est de constater que sur ce sujet, la confusion règne souvent dans nos rangs. Pourtant, la résurrection « de la chair » – donc du corps – était déjà affirmée dans le Credo, cette confession de foi du 2e s. après Jésus-Christ. Et bien sûr, cette espérance est aussi nettement présente dans le Nouveau Testament. Dans cette première partie je commencerai d’abord par présenter les textes bibliques qui montrent que la résurrection concerne bien le corps et non pas seulement l’âme. Dans un deuxième article, je parlerai des conséquences éthiques de la croyance ou non-croyance en la résurrection corporelle.

Jésus est ressuscité

Le fondement de notre espérance, c’est Pâques, Jésus-Christ revenu d’entre les morts. Nous confessons que Jésus est ressuscité (il est vraiment ressuscité !). Comment les quatre évangiles racontent-ils cet événement ?

Nous y apprenons tout d’abord que le troisième jour après la crucifixion de Jésus, le tombeau où celui-ci avait été enseveli était vide. Le corps de Jésus n’y était plus (Mt 28.1-7 ; Mc 16.1-8 ; Lc 24.1-12 ; Jn 20.1-10). Ensuite, le Christ apparaît à ses disciples. Ceux-ci peuvent le toucher, mettre leurs mains dans les cicatrices de ses poignets et de son côté (Jn 20.24-29). Avec ses mains, le Seigneur ressuscité rompt le pain et le donne à ses disciples. Et même, il mange avec eux (Lc 24.43, et certainement Jn 21.12-15).

La résurrection de Jésus est donc bien corporelle ; Jésus a un corps physique, « matériel », un corps qui peut être touché et qui est même capable de manger. Mais ce corps a été radicalement transformé, car Jésus ressuscité apparaît dans une pièce qui est fermée à clef (Jn 20.19), et ses disciples ne le reconnaissent pas (Lc 24.13-24 ; Jn 20.14-15 ; 21.4-6).

De là, les épîtres du Nouveau Testament développent la théologie de la résurrection, avec une nouveauté particulière : elles lient notre résurrection à venir à celle déjà accomplie du Christ. Le Seigneur est ressuscité comme prémices, comme premier fruit de la récolte ; notre résurrection constituera la moisson (1 Co 15.20, 23). La résurrection du Christ est le fondement et le gage de la nôtre.

Notre espérance : la résurrection du corps

Le texte fondamental sur le sujet est incontestablement 1 Corinthiens 15. Certains chrétiens de Corinthe ne croyaient pas en la résurrection des corps (1 Co 15.12), et il semble qu’ils aient posé à Paul la question : « comment les morts ressusciteront-ils ? Avec quel corps reviendront-ils à la vie ? » (1 Co 15.35). Paul répond en utilisant l’image de la graine. La graine représente notre corps présent, et la plante le corps à venir. La mise en terre de la graine représente notre mort. Les deux corps, présent et à venir, sont physiques, mais ils n’ont pas les mêmes propriétés.

On pourrait aussi utiliser l’image de la métamorphose de certains insectes. Comme la chenille qui se transforme en papillon par exemple. La chenille représente notre corps actuel. Puis celle-ci, à un temps déterminé, s’accroche à une branche et forme une chrysalide autour d’elle. C’est l’image de notre mise au tombeau. Puis, quelques jours, voire quelques mois plus tard (cela dépend des espèces), c’est un papillon qui ressort de la chrysalide. Ce papillon représente notre corps à venir. Tout comme pour Jésus, il y a donc à la fois continuité et discontinuité entre notre corps présent et notre corps à venir.

Tout d’abord, la discontinuité. Notre corps présent est mortel, mais notre corps à venir sera immortel (1 Co 15.42, 54). Il ne sera plus soumis au vieillissement des cellules, il ne mourra plus. De même, notre corps actuel est faible, c’est-à-dire soumis à la maladie, que ce soit aux maladies bénignes, comme le rhume ou les allergies, ou les maladies plus graves, comme les problèmes de cœur, les cancers, les handicaps, etc. Et bien la promesse transmise par l’apôtre, c’est que nous nous réveillerons avec un corps puissant, qui ne sera plus soumis à la maladie et à la souffrance (1 Co 15.43).

Malgré cette discontinuité entre corps présent et corps à venir, il y a aussi une forte continuité. Nous avons, et nous aurons, un corps physique, matériel, tout comme Jésus. Sans cette résurrection corporelle, le Christ n’aurait pas complètement vaincu la mort sur la croix. En effet, Paul dit bien que c’est seulement lorsque la résurrection aura lieu que la mort aura été définitivement engloutie (1 Co 15.54-55). Autrement dit, si la résurrection n’était pas corporelle, la mort aurait réussi à garder nos corps entre ses griffes. De plus, la notion même de salut ou de rédemption (rachat ; le terme est appliqué au corps en Rm 8.23) implique la continuité. Si le corps est anéanti, comment parler de salut du corps ? Au contraire, Jésus a bien vaincu la mort, et Dieu a un projet de restauration pour nos corps (1 Co 6.13 : « le Seigneur est pour le corps »).

Conclusion

Christ est sorti de la tombe. Son corps n’y demeure plus, et il s’est présenté à ses disciples avec un corps renouvelé. Un corps qui porte les stigmates de la crucifixion, un corps que l’on peut toucher, un corps qui rompt le pain, un corps qui peut manger. Puisque nous sommes unis à Jésus par la foi, notre espérance (qui est certaine) est que celui qui a rendu la vie à notre Seigneur rendra aussi la vie à nos corps mortels. Voilà la résurrection. Elle n’est pas simple prolongement d’existence, ni juste « vie après la mort », mais elle est espérance de vivre en communion avec notre Seigneur dans un corps renouvelé, libre de toute maladie et même de la mort. Ainsi, la vie spirituelle est incarnée, et ceci dès cette vie présente. La vie sociale, active, relationnelle – tant avec le Seigneur qu’avec les autres – est la vie voulue par le Créateur. Et le salut sera une transfiguration de cette vie, non pas son anéantissement.

Pour aller plus loin

 

Lire la suite ici : “Je crois en la résurrection de la chair” (2)

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Thomas est pasteur de la FEEBF à l’Église baptiste de Lyon, et co-auteur du Petit dictionnaire de théologie (avec Clément Blanc). Il est titulaire d'un Master de recherche à la FLTE et il a écrit son mémoire sur la translocalité de l’Église. Crédits photo : Amber Stolk Photography

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