Pour pallier au manque de voyage lié à la COVID-19, je vous propose de vous offrir un petit périple outre-Atlantique, avec un monument de la culture américaine, un morceau d’États-Unis à lui tout seul : Johnny Cash.
Peut-être avez-vous découvert Johnny Cash à travers le biopic Walk the Line, réalisé par James Mangold en 2005, avec Joaquin Phoenix et Reese Witherspoon dans les rôles de Johnny Cash et June Carter. Un fun fact est d’ailleurs à mentionner à propos de ce film : Robert Patrick (déjà vu dans Terminator II) interprète le père de Johnny Cash. Cet acteur semble abonné aux rôles de paternel de rockers célèbres. En effet il incarna aussi le père d’Elvis Presley dans une production sortie également en 2005.
Le film sur Johnny Cash, Walk The Line est bien interprété et rend compte des faits marquants de la carrière du chanteur. En revanche il évoque un peu rapidement l’importance de la foi et de l’évangile dans la vie du chanteur, le sujet est simplement effleuré. Alors embarquons ensemble dans ce voyage pour découvrir les grands moments de la carrière de l’homme en noir Johnny Cash, mais aussi du rapport particulier qu’il entretenait avec l’évangile.
Johnny Cash commence sa carrière auprès du mythique studio Sun Records de Memphis, Tennessee. Nous sommes au milieu des années cinquante, Johnny Cash enregistre ses premiers titres peu de temps après Elvis Presley, qui appartient lui aussi au label Sun Records. Parmi les premiers titres sortis en 1956, on peut citer Walk the Line ou encore Folsom Prison Blues. C’est l’âge d’or de la musique de Memphis et contrairement à ce qu’on peut croire, tous ces artistes de rock and roll sont très différents. En effet les premiers titres d’Elvis Presley chez Sun Records, comme That’s all Right Mama ou Blue Moon of Kentucky, sont, à proprement parler, du rockabilly. Johnny Cash a un style qui tend plus vers la country, avec entre-autre une pompe main droite très régulière à la guitare immédiatement reconnaissable. Difficile alors de dire à qui revient l’honneur d’avoir inventé le rock and roll. Disons que c’est un style issu de cette soupe primitive du Tennessee, où cohabite la country, le blues, le rockabilly et, on va y venir, le gospel.
Alors qu’Elvis Presley a une tessiture pouvant aller titiller des notes propres au ténor, Johnny Cash est baryton et tend vers la basse, ce qui est plutôt rare dans le monde du rock and roll. Autre caractéristique, il a un flow vocal rapide et une articulation très précise. Vous pouvez par exemple écouter le titre Get Rythm, avec sa célèbre phrase débitée à la vitesse du son avec une parfaite intelligibilité.
C’est avec des chansons de gospel que Johnny Cash va essayer, sans succès, de passer des auditions.
Venons-en à une de ses influences majeures : le gospel. Johnny Cash a été élevé dans une famille plutôt modeste, son frère, victime d’un accident domestique, voulait devenir pasteur. Le fait religieux n’est donc pas inconnu pour Johnny. Il assimile rapidement les chansons populaires de gospel de son époque, c’est d’ailleurs avec des chansons de ce type qu’il va essayer, sans succès, de passer des auditions à ses débuts.
En 1956, il commence avec un groupe standard : guitare rythmique, guitare lead, contrebasse, trois instruments. Elvis Presley avait à ses débuts une composition similaire. Nous avons tendance à l’oublier, mais la batterie n’est pas un instrument natif du rock and roll.
L’autobiographie de Johnny Cash regorge de détails sur sa vie, entre autres, sa désintoxication dans les années soixante. C’est à ce propos que le biopic de 2005 minimise l’importance de la foi dans le succès de sa cure. Il a en fait vécu une authentique expérience spirituelle, aidé par la chanteuse June Carter qui va devenir son épouse.
D’autre part, sa voix grave, profonde et agréable fait qu’il a été sollicité dans les années soixante-dix par l’évangéliste Billy Graham pour faire la voix off d’un documentaire chrétien, “Le sentier de l’évangile”. Il a aussi enregistré en 1990 l’intégralité du nouveau testament en version audio.
À partir des années soixante nous pouvons voir un certain stéréotype social apparaitre. Pour faire simple, l’audience de Johnny Cash c’est le « bon gars » de la campagne qui vote républicain, chrétien pratiquant. À l’opposé, l’audience de la folk protest song, représentée par des artistes comme Joan Baez et Bob Dylan, c’est le jeune urbain qui vote démocrate.
Johnny Cash fait voler ce stéréotype en éclat, en allant chanter dans les prisons de Folsom et de Saint Quentin en 1968 et 1969.
Au grand dam de certains de ses supporters les plus conservateurs, Johnny Cash fait voler ce stéréotype en éclat, en allant chanter dans les prisons de Folsom et de Saint Quentin en 1968 et 1969. C’est surtout le live enregistré à Folsom qui reste dans les mémoires. Une des raisons de tels concerts donnés dans les prisons est que Johnny Cash a été touché par les paroles d’un gospel, qui commence ainsi : “Mon corps se trouve peut-être entre les murs d’une prison, mais le Seigneur a libéré mon âme” (“Inside the walls of prison my body may be, but my Lord has set my soul free”). Johnny Cash inclut ce gospel Greystone Chapel au tour de chant, qui constitue la conclusion de son concert.
Tout n’est pas rose dans la vie de Johnny Cash. Il a été en proie à bien des maux, les débuts de sa relation avec June Carter ne sont pas, loin s’en faut, un modèle de vertu chrétienne…
Simplement, la foi chrétienne a tenu une place importante dans sa démarche artistique, un élément assez rare dans la culture populaire pour le souligner. Si vous ne connaissez pas encore Johnny Cash, je vous invite à le découvrir avec ce film Walk the Line qui est une assez bonne introduction. Vous pouvez surtout vous plonger dans ses chansons, ses albums sont disponibles sur tous les sites de streaming, en particulier le live at Folsom Prison, que je vous recommande tout particulièrement.
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