Il existe des mots-clés comme « confession » qui se trouvent au cœur de la foi chrétienne. Le Nouveau Testament marque son importance et nous enseigne à confesser de trois façons : confesser Jésus comme Seigneur en proclamant notre foi (Rm 10.9-10 ; Ph 2.11), confesser le nom de Jésus dans notre adoration et notre louange (Rm 15.9 ; Hé 13.15) et, enfin, confesser nos péchés en nous repentant pour recevoir le pardon de Dieu (1 Jn 1.5-10 ; Jc 5.13-16). Les trois sens sont liés dans le culte. Nous confessons notre foi en racontant le récit biblique du projet de rédemption toujours à l’œuvre aujourd’hui et par la louange. Ces deux premiers sens de la confession trouvent leur place assez facilement dans nos cultes au travers des prédications, du chant, des prières et des témoignages. Cependant, lorsqu’il s’agit d’une confession des péchés régulière et communautaire lors de nos cultes, des réserves se font entendre. Pour certains, c’est trop « catholique » tandis que pour d’autres cet acte fait écho à des blessures du passé. En plus de telles réactions s’ajoute une conception trop individualiste. « Mes péchés me concernent, c’est mon affaire : la confession, c’est une affaire entre Dieu et moi. »
Bien qu’on ait du mal à en trouver une forme liturgique précise dans le Nouveau Testament, la confession des péchés est néanmoins très présente dans la Bible (2 Ch 7.14 ; Es 6.5 ; Esd 9.10 ; Né 9.1-3 ; Ps 32 ; 51, 103…). La prière que Jésus a enseignée à ses disciples, le Notre Père, est régulièrement prononcée dans le culte de presque toutes les Églises chrétiennes. Non seulement souligne-t-elle explicitement l’importance du pardon, mais aussi sa nature collective. En ce qui concerne la confession des péchés, il s’agit même d’un commandement (Jc 5.16 ; 1 Jn 1.8-10), c’est donc une pratique essentielle pour notre vie de disciple.
La confession des péchés se trouve au cœur de notre salut. Ce salut est adressé aux pécheurs et les appelle à une transformation continuelle, car notre première repentance lors de la conversion ne fait pas de nous des personnes qui ne pèchent plus. La confession des péchés nous place devant la réalité de nos vies et nous oriente vers Dieu et sa sainteté. En même temps, nous nous reconnaissons bénéficiaires de son amour et sa grâce éternels, ce qui nous incite à nous resituer sur le chemin de la sanctification.
La confession comporte d’abord une dimension verticale et personnelle : d’abord la réconciliation avec Dieu qui nous pousse ensuite à la dimension horizontale et sociale – la réconciliation avec les autres. Nous sommes collectivement tirés vers le haut pour, ensuite être poussé vers l’extérieur. Demander pardon et pardonner fait partie de la vie de disciple et comporte une dimension missionnaire (Mt. 6.9-15 : « pardonne nos offenses comme nous pardonnons »). Nous devenons une communauté de personnes pardonnées qui invitent d’autres à se joindre à nous dans la danse de la réconciliation.
En adoptant une compréhension trop réductrice de la confession des péchés et en négligeant régulièrement sa pratique, notre vie communautaire et nos cultes ne sont-ils pas privés de quelque chose d’essentiel ? Le culte pourrait être l’endroit par excellence pour vivre cet acte de pardon, réconciliation et réorientation. Pourquoi ne pas vivre ensemble une pratique qui n’est pas seulement un acte de « repentance » mais aussi une célébration de la grâce perpétuelle du Seigneur et la joie de vivre la réconciliation avec Dieu et nos frères et sœurs de l’assemblée ?
Il s’agit d’un commandement (Jc 5.16 ; 1 Jn 1.8-10), c’est donc une pratique essentielle pour notre vie de disciple.
La pratique d’une confession des péchés communautaire pourrait nous offrir[1]:
En somme, la confession des péchés fait partie intégrante de notre vie de disciple du Christ. C’est reconnaître que la promesse, faite à notre baptême, de suivre Christ et de vivre nos vies à son image ne prend pas toujours forme dans la durée. C’est reconnaître les nombreuses fois où nous continuons de laisser le monde et son interprétation de la vie nous diriger, au lieu de suivre le chemin, la vérité et la vie de Dieu en Christ. Le moment de la confession des péchés nous donne la possibilité d’examiner notre façon de vivre et d’expérimenter à nouveau une transformation pas à pas à l’image du Seigneur. La puissance du péché sur nous est relativisée. C’est un travail continuel dans nos vies. Et c’est la raison pour laquelle le culte doit faire une place à la confession des péchés, par laquelle nous pouvons renouveler notre foi et notre décision de suivre le Seigneur dans le quotidien.[2]
La puissance du péché sur nous est relativisée.
Au lieu de rester campés sur nos réserves et préjugés, allongeons nos cordes pour explorer d’autres manières de concevoir cet élément du culte trop souvent poussé aux marges de nos célébrations dominicales. Entrons donc dans un acte de confession « en concert spirituel », car ceci pourrait donner une nouvelle tonalité à nos cultes en les transformant en véritables célébrations de pardon et réconciliation. Le seul risque que nous courrons c’est de voir la transformation de nos vies et nos communautés !
[1] Janie Blough, « Pardon…ça vous dérange ? », version plus longue d’un article paru dans Christ Seul n° 965, avril 2007.
[2] Janie Blough, «La place de la confession, du pardon et de la plainte dans le culte » dans Que celui qui est sans péché – Entre minimisation et surenchère du péché, Denis Kennel et Michel Sommer (sous dir.), collection Perspectives anabaptistes, Charols : Excelsis, 2019.
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