Le culte évangélique change ! Ses évolutions, au cours de ces trente dernières années, sont désormais suffisamment perceptibles pour pouvoir être décrites et analysées. Elles ne sont pas universelles, mais des tendances nettes peuvent être repérées :
L’évolution n’est aucunement un problème en soi. Que le culte ne change pas serait vraiment une surprise ! Le but de cet article est simplement de repérer et de présenter quelques-uns des paramètres de l’évolution du culte évangélique. Il est important de réfléchir au culte chrétien, sous tous ses angles, pour qu’il reste à la fois adapté au contexte présent et conforme aux données théologiques.
La musique occupe une place énorme dans la société contemporaine. Pour certains d’entre nous, nous écoutons de la musique en quasi permanence… Et le culte s’est tout naturellement mis à parler ce même langage. Si la musique instrumentale a fait l’objet de débats dans l’histoire de l’Église, sa présence dans le culte est aujourd’hui un acquis quasi universel. Plusieurs méga-Églises, à l’influence certaine, ont d’ailleurs fait de la musique leur fer de lance : de l’Église australienne Hillsong à l’Église américaine Bethel, avec divers prédécesseurs et certainement des successeurs.
Les instrumentistes et les techniciens du son et de l’image sont devenus des acteurs majeurs du culte évangélique. Ils se préparent à l’avance, répètent et se forment, pour que la qualité augmente. Au niveau de sa fonction, la musique accompagne les différentes étapes du culte et fait même le lien entre elles. Bref, le rôle croissant de la musique est un facteur d’évolution décisif.
Les instrumentistes et les techniciens du son et de l’image sont devenus des acteurs majeurs du culte évangélique.
Ce n’est pas entièrement original, comme le rappelle la série Netflix À chœur ouvert, qui montre la nature très musicale des Églises noires américaines. Et le culte chrétien a d’ailleurs toujours été plus ou moins musical. Mais il est évident que la musique est le langage d’aujourd’hui, pour la grande majorité de gens. Et le culte parle cette langue lui aussi.
Le phénomène de société est bien connu : dans la deuxième moitié du 20e siècle, la « culture jeune » prend de l’ampleur ; elle dépasse d’ailleurs même le cadre des jeunes et devient majoritaire dans la société. La période voit un développement important du travail évangélique parmi les étudiants et les jeunes (GBU, Campus pour Christ, Jeunesse pour Christ, etc.). C’est d’ailleurs par l’intermédiaire des jeunes et des activités de jeunesse que seront introduites dans les Églises les nouvelles façons de faire (les nouveaux cantiques, les nouveaux supports techniques, etc.).
Le chant, utilisé comme outil d’évangélisation et d’animation des jeunes, doit être actuel, et même pouvoir concurrencer la musique non-chrétienne. D’où le développement de la « musique chrétienne contemporaine » (aux États-Unis, on peut citer comme pionnier Keith Green, 1953-1982), de laquelle naîtra, en raccourci, la musique de louange. Les pionniers de la louange datent des années 1970, en particulier Graham Kendrick ; c’est aussi l’époque, pour l’anecdote, où Karen Lafferty compose « Cherchez d’abord le royaume de Dieu » (1972, version angl.). Par la suite, les marches pour Jésus (dont Graham Kendrick est un des créateurs) et les grands rassemblements de jeunesse vont contribuer à la diffusion mondiale des nouveaux formats.
Il est intéressant de noter que la louange qui naît de cette évolution, à la fois musicale et en rapport étroit avec la culture ambiante, est un mode d’expression de la foi extrêmement porteur, imité jusque dans le monde catholique. Cette louange est une expérience collective qui n’est pas pour rien dans le développement des Églises évangéliques de ces dernières décennies et dans l’adhésion des jeunes à la foi évangélique.
L’influence des grandes Églises de type charismatique, avec leur créativité et leurs compétences techniques, mais aussi leurs choix liturgiques, est un autre facteur important. L’exemple du mouvement Vineyard et de John Wimber, pour ne pas citer des cas trop récents, est très instructif.
En deux mots, John Wimber, pasteur américain et musicien, voit dans le culte communautaire un chemin d’intimité croissante entre le croyant et Dieu. Les étapes du culte, qui sont très musicales, s’enchaînent de manière très fluide et conduisent l’adorateur jusque dans la proximité du Père céleste.
C’est un des facteurs qui expliquent l’expression individuelle, « expérientielle » et émotionnelle de la foi dans le culte d’aujourd’hui.
La structure du culte évangélique actuel est simple. Il se divise en deux grandes parties : louange (expression de la foi, chant, prière, célébration) et parole (prédication, témoignages et exhortations diverses). Ce n’est pas entièrement nouveau, car la structure des cultes des réveils allait déjà dans ce même sens. Et le mot « simplification » ne vaut que si l’on compare à des structures plus complexes, comme celle du culte réformé.
Depuis les années 1970-1980, les auteurs qui réfléchissent à la croissance de l’Église incitent les chrétiens à prendre en compte les non-chrétiens dans leur culte. Pour attirer et toucher des personnes extérieures à l’Église, il était nécessaire de tenir compte de leurs centres d’intérêt, de leurs modes d’expression, de la réalité de leur vie. Pour que les non-chrétiens n’aient pas l’impression d’être « ailleurs » quand ils entrent dans un culte évangélique, il fallait que les modes de communication, les styles musicaux, les thèmes abordés, etc., leur correspondent.
Pour attirer et toucher des personnes extérieures à l’Église, il était nécessaire de tenir compte de leurs centres d’intérêt, de leurs modes d’expression, de la réalité de leur vie.
D’autres éléments mériteraient d’être mentionnés, par exemple : on ne peut pas vivre le culte de la même manière dans un petit groupe de 20 personnes et dans une communauté de 200 participants. Les Églises qui grandissent voient donc leur culte naturellement changer.
Les évolutions ne sont pas partout les mêmes, mais elles sont bien réelles. Il est préférable d’avoir conscience de ce qui les explique. Reste ensuite, comme à chaque époque, à se poser les bonnes questions, par exemple : quel contenu ? quelle qualité esthétique ? quelle « mise en scène » de l’Évangile dans le culte ?
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