Nous pouvons difficilement passer à côté. Même la marque Playmobil y est allée de sa figurine à l’effigie de Martin Luther. L’année 2017 marque l’anniversaire des 500 ans de la Réforme protestante ! En effet, le 31 octobre 1517, le réformateur allemand affichait ses 95 thèses sur les indulgences sur la porte de l’Église du château de Wittenberg.
Au-delà des commémorations actuelles, il est intéressant de se replonger dans ce texte fondateur. Si certaines des déclarations nous semblent évidentes, d’autres sont plus surprenantes ou moins attendues. C’est ainsi que certaines des 95 « thèses » abordent à leur manière la question de la pauvreté.
Thèse 43 : « Il faut enseigner aux chrétiens que celui qui donne aux pauvres ou prête aux nécessiteux fait mieux que s’il achetait des indulgences. »
Martin Luther
Thèse 45 : « Il faut enseigner aux chrétiens que celui qui voyant son prochain dans l’indigence, le délaisse pour acheter des indulgences, ne s’achète pas l’indulgence du Pape mais l’indignation de Dieu. »
Martin Luther
Dès les origines de ce qui deviendra le protestantisme, nous nous apercevons que le renouveau spirituel ne néglige pas l’attention portée aux plus démunis. Cette préoccupation n’est pas nouvelle avec la Réforme mais cette dernière en a néanmoins changé l’approche et la conception. Les œuvres sont clairement envisagées comme une réponse au salut et à la justification gratuite qui ont été remis en lumière.
Perpétuant cet héritage, de nombreux croyants vont mettre leur foi en action et tâcher d’aimer concrètement la « veuve » et l’« orphelin », figures bibliques par excellence du prochain qui est dans le besoin. Siècle après un siècle, toute une lignée de témoins va ainsi se former et constituer autant d’exemples pour nous aujourd’hui, à la manière des héros de la foi du chapitre 11 de l’épître aux Hébreux.
Ces figures protestantes de l’action sociale ont marqué leur époque (et parfois au-delà) et pourtant elles sont souvent mal connues du plus grand nombre dans nos milieux aujourd’hui. D’ailleurs, combien pourriez-vous en citer vous-même de tête ? Et quand bien même quelques noms vous viendraient à l’esprit, dans quelle mesure connaissez-vous les grandes lignes du parcours de ces personnes ?
Voici quelques raisons (courtes et non exhaustives) qui peuvent nous inciter à nous intéresser aux figures du passé :
Peut-être l’avez-vous déjà expérimenté mais parfois, quand nous nous lançons dans un projet, il nous arrive d’avoir le sentiment que nous sommes les premiers à nous engager dans cette voie ou bien que nous allons tout révolutionner. En effet, l’être humain peut avoir une certaine tendance (bonne ou mauvaise) à vouloir laisser sa trace partout où il passe.
Si à certains égards ce sentiment peut être partiellement justifié, il faut néanmoins avouer qu’il est bien souvent trompeur. Nous aurions tort de croire que nous avons tout inventé ou que nous ferons toujours tout mieux que tout le monde. En regardant aux figures du passé, nous nous rappelons alors que nous nous inscrivons dans une continuité, dans une histoire. Nous avons des racines que nous ne pouvons pas écarter. Nous ne sommes que des serviteurs qui apportons notre pierre à l’édifice : une pierre qu’il ne faut pas négliger mais un édifice qui nous dépasse largement !
En tant que chrétiens, il faut bien concéder qu’il nous arrive parfois de nous demander où Dieu est à l’œuvre lorsque nous constatons la réalité tragique du monde qui nous entoure. En effet, ce ne sont pas les situations d’injustice ou de pauvreté qui manquent. Et quand nous y sommes confrontés, nous pouvons parfois être dépités ou empreints d’un sentiment de fatalisme.
Regarder aux figures chrétiennes du passé et du présent, c’est se rendre compte que Dieu a pu et peut encore agir dans le monde. Ce ne sont pas les seules situations qui en témoignent évidemment, mais bien souvent ces tranches de vie révèlent de façon saisissante que Dieu est un Dieu vivant. Au travers d’hommes et de femmes ordinaires, nous pouvons alors percevoir la gloire d’un Dieu extraordinaire !
Chaque chrétien a sa propre vocation ! Mais si nous ne sommes pas tous appelés à être des George Müller ou des William Booth, nous pouvons néanmoins beaucoup apprendre de leur vie. C’est en ce sens qu’il n’est pas dénué d’intérêt de feuilleter les biographies de ces chrétiens ayant œuvré dans l’action sociale. Non pas pour nous comparer à eux ou pour nier notre spécificité mais pour nous en inspirer.
Que ce soit consciemment ou non, l’être humain se construit bien souvent en référence à d’autres personnalités, qu’elles soient célèbres ou tout simplement de son entourage. Il ne faut donc pas toujours avoir d’a priori négatif sur le fait d’avoir des exemples c’est-à-dire des personnes qui nous sont proposées comme des modèles à imiter. Il y a du bon à cela et, à certains égards, la Bible semble d’ailleurs valoriser cette approche.
Parfois, il nous arrive à tort de penser que l’exemplarité est synonyme de perfection. Seulement, il ne faut pas confondre les deux. Dire d’une personne qu’elle peut être un exemple ne la rend pas pour autant parfaite. Cela signifie que nous pouvons apprendre d’elle, que ce soit par ce qu’elle est ou par ce qu’elle fait. Mais nous devons nous garder de l’idéaliser !
S’intéresser aux figures du passé nous permet de mieux apprendre à les connaître et de dépasser la représentation classique et policée que l’on peut en avoir. Il ne s’agit pas de nier ou de relativiser l’apport de ces personnes en cherchant à pointer du doigt leurs limites. Mais en creusant un peu leur biographie, c’est l’occasion de se rendre compte que Dieu utilise des êtres humains avec leurs forces et faiblesses et qu’à ce titre nous pouvons également participer, à notre mesure, à la réalisation de son plan.
Nicolas Fouquet, Ils ont aimé leur prochain, BLF Éditions, 2017. Découvrez dans ce nouvel ouvrage du SEL une trentaine de figures protestantes qui se sont engagées dans le domaine de la solidarité et en quoi elles peuvent encore nous inspirer aujourd’hui (disponible ici).
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