Lors de l’alliance conclue au Sinaï, Dieu avait demandé à son peuple de suivre un calendrier cultuel rythmant les journées, semaines et années. La pédagogie spirituelle qui le sous-tend est indéniable et permet au croyant de se retrouver périodiquement confronté aux fondements de sa foi et de s’en approprier à nouveau les bénéfices, n’en oubliant aucun. La nouvelle alliance dispose de beaucoup moins d’événements symboliques. Pourtant, sans une cadence aussi régulière, les chrétiens ont très rapidement cadencé leur vie spirituelle par des temps symboliques et des commémorations régulières. Ce tempo déroulait les principales vérités du salut en Jésus-Christ, comme autant de panneaux indicateurs pour orienter la marche des croyants.
Aujourd’hui encore, au cours de l’année, l’Avent, Noël, la Semaine sainte, Pâques, l’Ascension et la Pentecôte figurent parmi les temps liturgiques qui participent à nourrir la foi des disciples oublieux que nous pouvons êtres. Au cours des siècles, d’autres fêtes sont venues se greffer au calendrier, pour le meilleur et pour le pire.
En voici une dont ils me semble que la plupart d’entre nous, évangéliques, avons oublié la richesse : le dimanche de la Trinité. Les Églises catholiques et anglicanes réservent toujours le dimanche qui suit la Pentecôte à rendre un culte à Dieu en se rappelant que l’objet de notre foi est un seul Dieu, en trois personnes. Cette année (2023), cette fête aura lieu le dimanche 4 juin.
Oui, bien sûr, nous savons que Dieu est trinitaire. Et pourtant, nous n’en parlons jamais directement, peut-être gênés par l’articulation des données bibliques et leur formulation en une expression facile à comprendre. En effet, Dieu étant au-delà de ce que nous avons la capacité de cerner il n’est pas aisé de le décrire. Il existe des outils théologiques pour le faire, mais ils ne sont pas accessibles à tous et les illustrations, qui visent justement à rendre cette réalité trine plus accessible, l’écorchent en réalité.
Le mieux reste encore le symbole de Nicée-Constantinople ou la présentation des données bibliques essentielles :
Les trois personnes sont donc chacune pleinement Dieu et ne diffèrent que par leurs relations.
Une autre raison du désamour pour ce thème est peut-être que nous n’en mesurons pas la fécondité pour notre vie de foi. Pourtant, le fait que Dieu soit trine oriente l’ensemble de ce que nous croyons : que Dieu est amour avant de créer, qu’il est relationnel, de quelle manière il crée ou sauve ou encore comment se réalise ce salut dans nos vies et vers où nous orientons notre espérance.
Bien sûr, nos cultes habituels nous placent devant chacune des personnes divines. Mais centrer un culte par an sur la nature de Dieu permet, a minima, la transmission du contenu de la foi, gardant le croyant dans l’enseignement le plus fondamental des Écritures. Au-delà, elle permet aussi de nous rappeler que ce mystère lumineux est fondement et richesse de notre foi, que de nombreux bénéfices en découlent et qu’il peut vraiment nourrir nos cultes.
On peut citer par exemple : que la qualité de la relation d’amour en Dieu doit nous inspirer ; que sa manifestation par la création et la rédemption nous émerveille ; que la participation à cet amour qui nous est offerte, sans mérite de notre part, nous abaisse, nous rend reconnaissants et fortifie notre espérance ; que l’unité en Dieu défie l’Église pour sa propre unité, jusque dans le temps de la Cène ; et même que la complexité du dogme en soi nous oblige à l’humilité.
Admiration de Dieu, adoration, louange, humilité, repentance, aspiration à une vie juste, annonce de la grâce, beauté du salut, soif de l’intimité avec Dieu, désir ardent de son royaume, joie de notre espérance… Tout ce qui fait notre culte est stimulé et prend un sens renouvelé dans la contemplation du Dieu trinitaire. Alors, pourquoi ne pas mettre à part ne serait-ce qu’un culte par an pour le nourrir de l’essence même du Dieu trine qui nous aime, nous sauve et nous appelle à sa louange ?
Une liturgie centrée sur la Trinité n’est pas nécessairement une présentation de l’ensemble du dogme. Elle peut, par exemple, en sélectionner un aspect et envisager tour à tour la participation du Père, du Fils et de l’Esprit. Elle peut tout aussi bien se concentrer sur l’unité de Dieu, au-delà des rôles de chacune des trois personnes, ou encore sur les relations en son sein. Dans un prochain article, on proposera quelques exemples de liturgies centrées sur la Trinité.
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