Quelle est votre démarche pour trouver une réponse à une question éthique ? Si vous êtes chrétien, et que vous voulez vous positionner personnellement, vous allez vraisemblablement suivre les étapes suivantes :
Cependant, nous pouvons aborder ces trois étapes de manières très différentes. Il me semble que bien des incompréhensions, qui mènent malheureusement souvent à des dialogues de sourds proviennent d’une prise en compte insuffisante de la première étape (il y aurait aussi beaucoup à dire sur la troisième étape, mais ça, ça sera pour une autre fois).
Aucune question éthique ne flotte librement dans notre environnement. Elles s’ancrent toutes dans des réalités complexes. Les concepts ne se posent pas de questions éthiques ; ce sont des personnes, des familles, et des sociétés qui se posent des questions éthiques. Sans prendre le temps de comprendre les réalités qui se cachent derrière les concepts, nous risquons de n’apporter que des réponses partielles, voire inadaptées.
Cette prise en compte de l’ensemble des enjeux, personnels, culturels et relationnels n’est pas une manière de reléguer la Bible au second rang, au contraire ! Si vous avez quelque chose de personnel, qui vous trouble profondément, à partager à quelqu’un, est-ce que le temps que cette personne consacrera à bien comprendre votre situation augmentera ou diminuera la pertinence de sa réponse ? De même, la richesse de la réponse biblique dépend directement de la pertinence de la question.
Stephen Covey raconte avoir un jour été dans le métro avec un père, complètement passif devant la très grande agitation de ses enfants. Covey s’est permis d’intervenir en demandant au père : « Monsieur, vos enfants dérangent vraiment tout le monde. Peut-être pourriez-vous les reprendre un peu en main ? ». La réponse de l’homme a permis à Covey de réaliser à quel point il avait mal lu la situation : « Vous avez sans doute raison. Je suppose que je devrais faire quelque chose. Nous sortons de l’hôpital, leur mère vient de mourir il y a une heure à peine et je ne sais pas comment réagir. Je crois qu’eux non plus d’ailleurs. » (Les 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent, p. 70)
Ainsi, sans comprendre les vrais enjeux, nous risquons d’ouvrir nos Bibles pour trouver des réponses à la question « comment un père devrait s’occuper de ses enfants pour qu’ils ne perturbent pas les gens dans le métro ? » alors que nous devrions plutôt chercher : « comment agir envers un père qui vient de perdre sa femme et qui va devoir élever seul ses enfants ? » Avec la même Bible, les réponses risquent d’être significativement différentes.
Prenons l’exemple de notre crise environnementale. Si je me contente de la question : « Quelle est la responsabilité des chrétiens dans la protection de l’environnement ? », mon étude de la Bible va naturellement porter sur les textes décrivant Dieu comme le Créateur de toutes choses, et l’être humain comme son image sur terre, à qui est confié cette création. Elle portera également sur l’avenir de cette création lors du renouvellement de toutes choses et sur le rôle de l’Église annonçant le Règne de Christ sur toute la création. Même si ces éléments sont essentiels, il me semble qu’ils n’apportent qu’une partie de la réponse.
En étudiant les enjeux environnementaux actuels, on découvre à quel point il s’agit, dès à présent, de questions de vie ou de mort pour des millions de personnes dans le monde. Nous découvrons que la crise écologique est aussi une crise sociale. Comme le dit le pape François dans son encyclique Laudato si’ : « Mais aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous empêcher de reconnaître qu’une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres. » (49).
Par exemple, l’organisme Oxfam souligne à quel point le dérèglement du climat reflète les inégalités mondiales : « Nos estimations sur l’ampleur de ces inégalités indiquent, de manière frappante, que la moitié la plus pauvre de la population – environ 3,5 milliards de personnes – est responsable de seulement 10 % environ des émissions de CO2 mondiales totales dues à la consommation individuelle, alors qu’elle vit dans les pays les plus vulnérables au changement climatique. »
En découvrant cet aspect de la question, nous ouvrirons aussi la Bible pour découvrir l’importance de l’amour du prochain, de la défense des pauvres et de la dénonciation de l’accumulation des richesses. Le temps passé à mieux comprendre les enjeux environnementaux permet ainsi à la Bible d’apporter une réponse plus riche que si elle avait été ouverte trop tôt.
Par où commencer pour bien comprendre la question ? Bien sûr, les sources sont infinies, et dépendent directement de la question, mais voici quelques pistes que j’utilise personnellement :
Il va de soi que les contraintes de temps limitent nécessairement le nombre de sources consultées pour bien comprendre la question.
La Bible a des choses pertinentes à nous enseigner pour tous les domaines de la vie. Pour qu’elle puisse pleinement éclairer notre réalité, nous avons besoin de prendre le temps d’être à l’écoute de notre monde et de ses questions. Nous avons besoin de garder les yeux grands ouverts sur nos réalités humaines pour pouvoir découvrir comment elles doivent être transformées par la perspective divine.
Je vous encourage donc aujourd’hui à prendre le temps d’y réfléchir : sur quel sujet je n’ai pas pris le temps de bien comprendre la question avant d’ouvrir ma Bible pour y trouver la réponse ?
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