L’annonce tombe : c’est un cancer du sein ! Je ne m’y attendais pas. Tout s’écroule. La peur me saisit. Les pensées s’affolent. Quelle va être la suite ? Et puis tout à coup je suis plongée dans un tourbillon : les examens, la chimio, les traitements, les visites avec les médecins. C’est comme si on me mettait dans une boîte. Je me sens isolée du monde, incomprise. J’ai envie de crier au monde ma souffrance qui est autant physique qu’émotionnelle. Mais rien ne sort.
Je voudrais être consolée, réconfortée, mais la maladie et la souffrance font peur, tant à moi qu’à mon entourage. Et ce dernier, même bien intentionné, même chrétien, peut avoir des paroles maladroites.
Dans cet article, j’aimerais revenir sur certaines phrases qu’on m’a dites. Certaines m’ont aidé. D’autres ont été moins faciles à entendre. Mon souhait : une meilleure communication entre les malades et leurs proches.
Ici, la théologie de certains milieux d’Églises pourraient donner une assise (illégitime à mes yeux) à cet impératif jeté aux oreilles du malade : « Sois forte ! ». Je pense à une utilisation abusive de 1 Corinthiens 10.13 (« Dieu ne permettra pas que vous soyez mis à l’épreuve au-delà de vos forces ») ou de Philippiens 4.13 (« Je peux tout en celui qui me rend puissant »). Je n’ai pas le temps de faire l’exégèse de ces versets dans cet article, mais je rappelle seulement un fait qui devrait au moins nous inciter à la prudence dans leur utilisation : le Seigneur lui-même a été abattu par la tristesse et l’angoisse à la veille de sa crucifixion (Mt 26.36-46 et par.). Pourquoi devrions-nous être plus « forts » que Jésus lui-même ?
Dieu ne promet pas, dans la Bible, qu’une souffrance produira une double bénédiction (on peut d’ailleurs se demander ce qu’est une « double bénédiction » ?!). Au contraire, les Écritures nous présentent plutôt la souffrance comme une réalité « normale » de ce monde pécheur. Et les chrétiens n’y échappent pas. Le texte le plus percutant à cet égard est Romains 8.18-39. Notre espérance n’est pas la « double bénédiction » ici-bas, mais le fait que nulle souffrance ne nous séparera de l’amour du Christ.
Rappelons-nous, en guise de contre-exemple, de l’attitude des amis de Job, qui eux-aussi tentaient de se rassurer en cherchant la cause de la souffrance de Job, en diagnostiquant le mal qui l’avait atteint.
Lorsque j’ai entendu de telles paroles, que je me suis sentie écoutée, au travers d’un sms ou d’une parole bienveillante, c’était pour moi comme une bulle de bonheur. Le Seigneur y était présent. Je m’y suis accrochée et c’est que qui m’a permis d’avancer et de tenir malgré tout.
Alors à vous qui êtes proches d’un malade, donnez-lui l’occasion de dire sa souffrance et n’hésitez pas à exprimer votre malaise.
Le message de deux autres femmes (non-chrétiennes) touchées par le cancer du sein, à toutes celles et ceux qui entourent un malade :
Les points infos théologiques ont été rédigés par Thomas Poëtte
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