Vous connaissez certainement Clive Staples Lewis pour ses best-sellers Mere Christiannity ou la série Le Monde de Narnia. Je vous propose dans ce billet de découvrir une de ses œuvres certainement les moins connues du grand public : Le Grand Divorce entre le Ciel et la Terre. Proposé en français par les éditions Empreinte, ce court récit fictif de cent-cinquante pages nous propose un voyage unique de la Terre jusqu’au Ciel. J’espère par ces lignes vous donner l’envie d’y embarquer…
En feuilletant les premières pages, le lecteur est plongé sur Terre, ou du moins ce qui y ressemble. C’est un interminable crépuscule rempli de ses ruelles vides et grises. Seuls quelques individus attendent en file à un arrêt de bus. Car dans l’imaginaire débordant de Lewis, c’est un autobus volant qui amène les voyageurs de la Terre jusqu’aux portes du Ciel.
Il y a toujours quelque chose que ces gens tiennent à garder, même au prix de la plus grande misère. Il y a toujours quelque chose qu’ils préfèrent à la joie – c’est-à-dire à la réalité.
Tout au long du voyage, le personnage principal dialogue avec ses congénères, chacun d’entre eux ayant une raison singulière de venir au Ciel : il y a par exemple l’artiste en recherche d’une reconnaissance de son génie, le capitaliste cynique souhaitant apporter avec lui quelques produits du Ciel pour les revendre sur Terre, le rationaliste qui croit que la nuit n’est qu’une superstition des ignorants … Vous l’avez bien compris, l’auteur renvoie par sa fiction à l’humanité contemporaine dans toute sa complexité et ses incohérences. Un portrait dans lequel le lecteur pourra se reconnaître facilement…
Arrivés à destination, les passagers découvrent avec ébahissement la beauté du Ciel. Et par la même occasion, ils réalisent ce qu’ils sont vraiment par rapport à cette réalité. Mais arrivés si près du but, lorsqu’ils se rendent compte qu’ils devront abandonner certaines choses pour terminer le voyage, beaucoup décideront de faire marche arrière.
« Milton avait raison. Le choix de chaque âme perdue peut se résumer en ces termes : Mieux vaut régner en enfer que de servir au ciel. Il y a toujours quelque chose que ces gens tiennent à garder, même au prix de la plus grande misère. Il y a toujours quelque chose qu’ils préfèrent à la joie – c’est-à-dire à la réalité. »
Tout d’abord, Le Grand Divorce n’est pas une simple fiction pour le plaisir de l’imagination. Ce livre écrit en 1921 fut une réponse au recueil de poésie Le Mariage du Ciel et de l’Enfer rédigé par le célèbre peintre et romancier britannique William Blake (1757 – 1827). Dans son écrit, Blake tente d’y réconcilier Bien et Mal, proposant que toutes les routes ramènent finalement au même endroit (Michel Polnareff n’était donc pas le premier). C.S. Lewis démontre au contraire par son récit que « si nous voulons garder l’enfer, ou même la terre, nous ne verrons pas le ciel ». Il n’y a pas de Ciel sans abandon de soi, et il n’y a pas de salut sans Grâce. L’homme n’a pas de place au Ciel si ce n’est en Christ.
C’était la lumière, l’herbe, les arbres qui étaient différents ; faits d’une substance différente, tellement plus solide que les choses de la Terre que les hommes étaient des fantômes en comparaison.
De plus, le choix judicieux des allégories, allié à l’imaginaire prodigieux de l’auteur, nous amène à réaliser et intérioriser de nombreuses vérités profondes sur l’homme, sur Dieu et sur le Ciel. Loin de vouloir proposer sa propre interprétation de ce à quoi la nouvelle Jérusalem ressemblera (il s’en défend même), l’auteur nourrit néanmoins notre compréhension des textes bibliques et nous communique un sentiment fort : l’attente trépidante d’être au Ciel avec notre Dieu !
« Alors se fit en moi une sorte de réajustement de ma pensée […]. Les hommes étaient ce qu’ils avaient toujours été, sans doute comme tous les hommes que j’avais connus ; c’était la lumière, l’herbe, les arbres qui étaient différents ; faits d’une substance différente, tellement plus solide que les choses de la Terre que les hommes étaient des fantômes en comparaison ».
Enfin, ce petit livre a été pour moi une redécouverte à la fois de C.S. Lewis, mais aussi de l’intérêt de la fiction dans la littérature chrétienne. Car voilà une des forces de ce genre littéraire : elle nous permet, au travers d’un univers imaginaire, de regarder notre vie et notre monde sous un nouveau regard. Le monde fictif, souvent porté à son extrême, nous fait réagir, puis nous force à nous rendre compte que, par bien des égards, il s’avère proche de notre réalité. L’imaginaire est un outil si efficace dans la communication et la réception des vérités bibliques (pour les chrétiens tant que pour les non-chrétiens), qu’il serait regrettable de ne pas en profiter davantage. J’espère pouvoir, par ces quelques lignes, vous convaincre de l’intérêt de la fiction, et si ce n’est pas le cas, à laisser C.S. Lewis le faire au travers de ce livre, Le Grand Divorce entre le Ciel et la Terre.
Bonne lecture !
Nous utilisons des cookies non-publicitaires pour rendre ce site plus clair. Si vous le souhaitez, vous pouvez les désactiver. Bonne visite sur Point-Théo !