L’Église, en tant que communauté de disciples, est le peuple à qui Dieu révèle sa grâce et sa grandeur. Par conséquent, l’Église est le peuple par qui Dieu veut révéler sa grâce et sa grandeur au monde. Une Église missionnelle[1] peut ainsi rayonner de l’Évangile de manière efficiente et durable.
Il faut se rendre à l’évidence : trop d’Églises se sont éloignées de la société, elles sont devenues transparentes, inaudibles et peu crédibles.
Il faut se rendre à l’évidence : trop d’Églises se sont éloignées de la société, elles sont devenues transparentes, inaudibles et peu crédibles. L’évangélisation classique, évènementielle et « à contact froid », où des inconnus parlent à d’autres inconnus, ne porte plus guère de fruits durables. Ceci est assez logique car, en Occident et notamment en francophonie européenne, nous ne sommes plus en « chrétienté ». Ce type de culture, encore très prégnante il y a quarante ans, assurait en soi un cadre de confiance, condition indispensable pour que s’ouvrent les oreilles et les cœurs à l’Évangile. Il est désormais indispensable de créer la confiance par le biais interpersonnel, en valorisant les relations humaines dans sa sphère de vie.
Et si cette situation était aussi une chance, afin de donner plus de consistance à notre vie de disciple et à notre présence au monde ? Rappelons que le témoignage chrétien ne consiste pas tellement à « faire quelque chose » mais à « être ».
Si nous voulons que notre Église devienne plus conforme à ses valeurs intrinsèques et au but divin d’origine, donc aussi plus pertinente pour les autres, nous pensons souvent à tort qu’il s’agit de faire plus. Mais une Église missionnelle n’a pas davantage d’activités qu’une Église classique, elle en a probablement même moins.
Par contre elle fixe d’autres priorités :
Pour les disciples, il s’agit de ne pas céder à une dichotomie « vie d’Église » et « vie normale ». À l’instar de la première communauté dans les Actes des Apôtres, une Église missionnelle contemporaine est consciente qu’elle ne forme pas une communauté seulement lorsqu’elle est réunie pendant quelques heures par semaine. Elle veut aussi, expressément, vivre la dimension communautaire lorsque ses membres sont, en semaine, dispersés dans le « monde ». La dimension spirituelle et les actions d’interdépendance qui découlent de cette prise de conscience a des conséquences dynamisantes considérables. Cela signifie que l’Église est constamment proche, au travers de ses membres, et de manière naturelle, des voisins, collègues et autres amis pas encore croyants.
Le mouvement centrifuge (aller vers l’extérieur), n’est pas la seule dimension d’une Église missionnelle. Celle-ci vit aussi une dimension centripète (se rassembler) et c’est la bonne articulation et l’interaction des deux dimensions qui caractérisent véritablement l’Église missionnelle. Afin de donner corps à ce grand potentiel spirituel et opératoire, trois choses doivent se produire en même temps :
Au lieu de se concentrer exclusivement sur les attentes de ses membres, toutes les rencontres « ordinaires » sont modelées pour remplir une double fonction, interne et externe : édifier les croyants ET permettre aux amis en recherche, invités par les membres de l’Église, de découvrir à leur rythme la foi.[2] C’est un fait, ces dernières années, la plupart des conversions n’ont pas eu lieu en dehors de L’Église, lors d’événements spéciaux, mais lors de cheminement dans l’Église. Selon nos observations, cela se produit dans la plupart des cas avec des voisins, des collègues, des amis, des parents de membres de l’Église, auxquels une communauté missionnelle, authentique et accessible, donné librement l’occasion de « goûter » à l’Évangile et de toucher de près les bienfaits mais aussi les exigences qu’induit la vie chrétienne.
C’est un fait, ces dernières années, la plupart des conversions n’ont pas eu lieu en dehors de L’Église, lors d’événements spéciaux, mais lors de cheminement dans l’Église.
Malheureusement, parfois on ne valorise que les services qui sont utiles dans l’Église rassemblée (la prédication, l’animation du culte, l’organisation, la louange…). Pour la majorité des chrétiens, le service qui leur est confié par Dieu ne s’exerce pas dans les quatre murs du bâtiment, mais en semaine : dans le cadre de leurs relations de voisinage, de leur travail professionnel ou de l’aide aux associations. En tant que membres de la communauté, ils rendent ainsi Jésus visible et tangible, conformément à leurs dons personnels. Une Église missionnelle donne à cet aspect de la vie communautaire, en « mode dispersion » des membres dans les divers quartiers, villages et segments sociologiques, une très grande valeur. Elle encourage et équipe intentionnellement ses membres pour répondre à leur appel. Elle évite le suremploi des croyants dans le programme « Église réunie », afin qu’ils aient le temps de cultiver des relations amicales dans leur environnement social.
Pour cela, les croyants doivent pouvoir amener avec joie et fierté leurs voisins et amis en recherche à tous les cultes/célébrations, dans leur groupe de maison ou au groupe de jeunes, sachant que les responsables ont tout préparé pour que le programme soit également adapté aux sceptiques ou personnes en recherche (voir point 1). Afin que cela se produise régulièrement et même fréquemment, les croyants sont accompagnés et explicitement soutenus dans leur service dans le monde et en faveur d’un investissement spirituel dans leurs relations amicales par les leaders (voir point deux). Par exemple un système souple avec des trios où l’on prie régulièrement les uns pour les autres, et nommément pour les amis que Dieu a mis sur le chemin de chaque participant est, selon notre expérience, la méthode la plus efficace et simple.
Selon la parabole de la mauvaise herbe dans le champ (Matthieu 13.24-30, 36-43), Jésus en tant que chef de la mission de Dieu « disperse » ou envoie les disciples tantôt individuellement et tantôt communautairement dans telle ou telle rue, usine, école, bureau, famille… Versets 13.37-38 : « Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme ; le champ, c’est le monde ; la bonne semence, ce sont ceux qui font partie du royaume. » Les croyants, remplis du Saint-Esprit et nourris de la Parole de Dieu, sont – en mode dispersé, en interaction avec le mode réuni – la bonne semence que Dieu mandate et bénit pour faire croître son royaume au milieu de ce monde jusqu’à la fin glorieuse.
[1] L’adjectif « missionnel » n’est pas un simple synonyme de missionnaire, contrairement à une compréhension qui était parfois proposée dans le passée. Il s’agit de deux concepts à distinguer nettement. Missionnaire désigne la mission en tant qu’activité. Il s’agit du faire d’une personne ou d’une Église. Par contre, missionnel désigne la nature. Il s’agit de l’être, de l’identité d’une personne ou d’une Église. L’aspect missionnel est premier, il est au centre et imprègne tous les autres domaines.
[2] « Une communauté missionnelle est une Église où chaque activité et département de l’Église est intentionnellement tourné vers l’extérieur, s’attendant à ce que des non-chrétiens soient présents ; de leur côté, les chrétiens engagés reçoivent le soutien qui est nécessaire à leur ministère dans le monde. » Définition opératoire proposée par Daniel Liechti, « La meilleure évangélisation de l’Europe… », in Timothy Keller, Une Église centrée sur l’Évangile : La dynamique d’un ministère équilibré au cœur des villes d’aujourd’hui, Excelsis, 2015, note n° 3, p. 604.
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