Qui d’entre-nous se sent riche en temps libre ? Il semble que nous avons quasiment tous en commun le sentiment de ne pas avoir le temps. Et ce sentiment n’est pas anodin. Il est en général associé à de la fatigue, de l’anxiété, voire de l’épuisement, pouvant aboutir à un grand nombre de maladies, dont le burnout.
Mais d’où vient cet épuisement ? Le suspect habituel est en général le travail. Quoi de plus fatiguant que de travailler ?! Pourtant, même si cela peut paraître difficile à croire, mais nous n’avons jamais aussi peu travaillé. Collectivement, en France, le temps de travail effectif moyen a quasiment été divisé par deux entre 1830 et 1990 ! On peut le voir sur ce graphique tiré d’un ouvrage consacré à cette question :
Bien sûr, certains continuent de travailler aujourd’hui plus de 3000 heures par an, mais globalement, il me semble que notre fatigue collective et notre sentiment de ne pas avoir le temps ne viennent pas, en général, d’un excès de travail, mais d’un excès d’agitation.
Qu’est-ce que je veux dire par là ? Jusqu’à il n’y a encore pas si longtemps, la journée de travail correspondait à peu près aux heures du jour. Lorsque le soleil se couchait, tout s’arrêtait (ou au moins ralentissait nettement), permettant une vraie alternance entre l’agitation du jour et le calme de la nuit. Et une journée par semaine, la vie s’arrêtait pour « le jour du Seigneur ».
Aujourd’hui, la technique nous a « libéré » de toute limitation pour vivre une vie aussi remplie qu’on a le courage de la remplir.
Même nos vacances sont souvent impactées par cette « libération ». Nous pouvons aller où nous voulons (dans la limite des euros disponibles) pour vivre toutes les expériences dont Instagram aura pu nous faire rêver pendant l’année. Là encore, ces expériences s’accompagnent de leur lot d’agitation et ne laissent pas beaucoup de place pour un vrai repos et une abondance de temps libre.
Quel remède pour lutter contre cette agitation chronique ? Je ne vais surprendre personne, mais cela fait déjà plusieurs millénaires que Dieu nous a donné un traitement contre notre agitation : le sabbat.
Le sabbat est bien plus qu’une simple histoire de repos. Mais il n’y a pas de sabbat sans s’arrêter. L’agitation et le sabbat sont par définition incompatibles.
Voilà comment est résumée l’instruction concernant le sabbat en Lévitique 23.3 :
Pendant six jours on travaillera ; mais le septième jour, il y aura sabbat, repos sabbatique, convocation sacrée. Vous ne ferez aucun travail : c’est un sabbat pour le SEIGNEUR, dans tous vos lieux d’habitation.
Pour pouvoir vivre pleinement la semaine de travail que Dieu donne à son peuple, il leur commande de s’arrêter une journée par semaine. Et deux caractéristiques au moins du sabbat en font un remède contre notre agitation bien plus efficace que le simple fait de ne pas aller au bureau :
Je réalise dans ma propre vie à quel point il est difficile de s’arrêter et je sais que je ne suis pas le seul. Collectivement, autant dans l’Église qu’en-dehors, ne pas savoir s’arrêter n’est pas vu comme un problème. C’est même souvent vu comme une vertu. Comme le disait un pasteur : « si je ne respecte pas n’importe lequel des autres commandements parmi les dix commandements, je me ferai virer, mais si je ne respecte pas celui du sabbat, j’aurai le droit à une promotion ! »
Bien sûr, il ne s’agit pas de retomber dans le légalisme des pharisiens, si souvent dénoncé par Jésus. Mais à aucun moment Jésus ne remet en question l’importance de s’arrêter. Il savait lui-même être un exemple en s’extirpant de l’agitation de la foule pour pouvoir s’arrêter et se retrouver au calme avec le Père :
Luc 5.15-16 : On parlait de lui de plus en plus ; de grandes foules de gens se rassemblaient pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies. Mais lui se retirait dans les déserts et priait.
Une source de notre agitation peut être de nous sentir indispensable. C’est souvent vrai chez les pasteurs qui sont particulièrement tentés de prendre la place de Dieu dans la vie des membres de leur Église. Pourtant, Jésus lui-même avait la discipline de se retirer de l’agitation de la foule plutôt que de les enseigner et de les guérir. Aucun d’entre nous n’a un ministère ou un travail plus important que celui de Jésus, alors si lui s’est arrêté, nous pouvons nous arrêter.
L’impératif de s’arrêter peut sembler être un fardeau de plus à porter. Comme si Dieu prenait un malin plaisir à nous ralentir dans nos activités. Mais je réalise de plus en plus que s’arrêter n’est pas vraiment une option. Le choix est plutôt entre choisir de s’arrêter régulièrement, ou être arrêté de force lorsqu’on aura atteint nos limites.
J’entends de plus en plus de pasteurs parler de l’importance du repos sabbatique dans leur vie. Mais la plupart du temps, ceux qui pratiquent ce repos de manière assidue le font après avoir été mis au repos de force par un burnout. Que ce soit par un burnout, une dépression, ou un AVC, il n’est malheureusement pas difficile de voir dans notre vie ou dans la vie des autres que lorsque nous refusons de nous arrêter, nous prenons le risque, tôt ou tard, d’être arrêtés de force, en général de manière douloureuse.
Alors saisissons l’alternance entre travail et repos comme une grâce de Dieu plutôt qu’une contrainte, et prenons le temps de découvrir comment nous pouvons le vivre dans nos vies.
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