En 2015, l’organisme Santé publique France a estimé à 480 000 le nombre de personne ayant des troubles psychiques liés au travail. Parmi elles, 30 000 personnes avaient un burnout. Le « syndrome d’épuisement professionnel » semble aujourd’hui être une grande menace pour la santé des travailleurs en France et cela n’épargne pas les milieux ecclésiaux… Pasteurs, responsables d’Église, comment faire face à ce fléau ?
Le burnout est un état d’épuisement général physique, émotionnel et mental causé par les exigences du travail. Cela étant dit, le burnout est loin d’être un diagnostic clinique clair et défini tant les avis des spécialistes varient.
Toutefois, le burnout est caractérisé par une fatigue extrême, un cynisme vis-à-vis des tâches à accomplir et une baisse de performance. Des changements s’ensuivent tels que l’anxiété, l’irritabilité, des troubles du sommeil, etc. Le burnout est aussi un trouble social qui atteint de manière indirecte l’entourage des personnes concernées.
Les causes sont parfois difficiles à déceler. Une charge de travail excessive, des difficultés relationnelles ou encore la précarité, voilà bien des pressions qui vident l’individu de ses ressources. Certaines causes sont liées à sa personnalité et à son identité. De même, les périodes de changement telles que le début dans le ministère ou le changement d’Église sont propices à déstabiliser l’individu dans ses repères.
Les pasteurs, tout particulièrement, sont très exposés au burnout. Le ministère se distingue de tout autre environnement de travail parce qu’il recoupe à la fois le travail, les croyances et les cercles sociaux. Mgr Pascal Ide, prêtre du diocèse de Paris et docteur en médecine, philosophie et théologie, met en garde : « Il ne s’agit pas de moins se donner mais mieux se donner ». Pour lui, la première étape est d’apprendre à recevoir. Dans le contexte chrétien, la consécration peut être mal comprise au point de faire culpabiliser le pasteur qui ne pense pas en faire assez. La grâce est aussi à vivre dans ce domaine. Jonathan Ward, psychologue chrétien, note que « le plus grand facteur de stress provient du fait qu[e les pasteurs] n’arrivent pas à accomplir leur rôle de conjoint et de père au sein de leur propre famille. » À méditer.
Il ne s’agit pas de moins se donner mais mieux se donner.
Mgr Pascal Ide
Le burnout s’installe progressivement. Il est difficile à déceler, mais les signes précurseurs sont bien là des mois avant la crise. C’est alors le moment de se remettre en question et de ne pas jouer avec la limite.
Pour prévenir le burnout, la première chose est de prendre conscience que l’on est tous concernés par ce fléau (d’où cet article !). À partir de là, il faut instaurer de bonnes habitudes à maintenir sur le long terme. Chaque individu doit organiser son travail en fonction de des capacités et de ses faiblesses – qu’il faut préalablement accepter – et se former pour s’améliorer dans des domaines nécessaires (gestion du temps, management). Selon le Code du travail relatif aux principes généraux de prévention, la prévention constitue à « adapter le travail à l‘homme et non pas l’homme au travail » (article L. 4121-2). Pour aider à le faire, on peut envisager un encadrement qui vise aussi à éviter l’isolement. Le pasteur peut avoir un accompagnateur, un confident, voire un psychologue – différent de son conjoint – qu’il lui donnera du recul. Car quand ça va mal, la tendance à s’isoler est courante. Elie l’a vécu pendant son découragement face à Jézabel en 1 Rois 19. Le prophète pense, à tort, qu’il est seul face à la situation. Il fuit dans le désert et se réfugie dans une grotte. Il s’est coupé de sa source, Dieu. Mais dans l’épreuve, la vie spirituelle n’est pas à négliger. Une église attentive aux besoins de son pasteur aidera aussi à l’éloigner du burnout. Les regards approbateurs et les remerciements encouragent toujours un pasteur fatigué.
Pour se préserver du burnout, la règle d’or, c’est le repos, un temps dédié à soi-même et à sa famille. Nous ne sommes pas appelés au ministère au détriment de notre famille. Les hobbies, le sport et une bonne hygiène de vie sont importants. De même, se remémorer notre appel et la fidélité de Dieu nous donne de la force. Déléguer, garder les priorités, apprendre à dire « non », il n’y a rien de nouveau dans tout cela et pourtant, suivons-nous ces principes ? Bien sûr, nous avons tous des bonnes raisons pour s’en écarter mais est-ce que ça en vaut la peine ? La sagesse appelle l’équilibre. Un épuisement bien géré permet d’éviter de sombrer.
Pour se préserver du burnout, la règle d’or, c’est le repos.
Quand le burnout est là, il faut demander de l’aide. Ce qui est difficile, c’est de tout reconstruire. Le rétablissement s’étale sur la durée et les efforts ne donnent pas toujours des résultats. L’épuisement nécessite du repos et une reconstruction identitaire qui passe par une thérapie. Quand elle ira mieux, la personne pourra envisager la possibilité de reprendre son ministère, si Dieu le veut…
Le burnout n’est pas un combat individuel. Il est indispensable d’être soutenu par son entourage. Le pasteur qui a un burnout ne peut pas faire grand-chose et l’ennui s’installe très rapidement. C’est ici que l’Église peut intervenir en étant présente pour lui et sa famille, sans être intrusive. Même avec du repos, les pasteurs ont toujours une vie et des tâches quotidiennes à effectuer. L’écoute et la disponibilité des amis sont alors précieuses. Le rôle de l’Église est aussi d’être un repère pour eux en les accompagnant spirituellement dans la prière, l’encouragement et le rappel de la fidélité de Dieu dans l’épreuve.
Le burnout est une terrible épreuve à traverser, mais elle prend fin un jour. On en sort différent, mais aussi affermi, fortifié et instruit. Espérons en Dieu qui accompagne nos pasteurs fatigués. Et nous, Église, prenons soin d’eux. Le burnout nous apprend beaucoup. Il met souvent en lumière des dysfonctionnements personnels et relationnels, des mauvais plis qui s’étaient mis en place progressivement. Le temps du burnout est l’occasion de mettre en place un fonctionnement qui nous protège afin de ne plus jamais retomber dans le surmenage. Ces résolutions pourront aider l’individu à mieux vivre au sein de son travail et de sa famille.
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