Quand j’ai commencé à apprendre le grec à la faculté de Vaux-sur-Seine en 2005, un des premiers mots que j’ai appris était « angelos » (ange). On m’a enseigné que ce mot pouvait aussi vouloir dire « messager », et que l’étymologie du mot « Évangile » comportait cette même racine. Le message – l’heureux message concernant Christ !
Mais on m’a aussi enseigné que l’étymologie d’un mot n’en déterminait pas le sens, donc toute curiosité que j’aurais eu concernant les rapprochements entre les « anges » et le « message » dont ils étaient porteurs a été mis de côté – inconsciemment – pour m’adonner aux nombreux apprentissages dogmatiques, historiques, bibliques qui s’ouvraient à moi.
Ce n’est que des années plus tard, apprenant, assis aux pieds (virtuels, via YouTube) de N.T. Wright que j’ai commencé à saisir que l’Évangile prêché par les apôtres et le Royaume prêché par Jésus étaient une seule et même réalité : le message concernant Christ. Compris dans ce contexte – celui de l’époque de Jésus – nous voyons que « l’Évangile » était un terme technique de l’époque, repris par la première génération des disciples de Jésus. L’évangile, dans le contexte, était plus qu’une bonne nouvelle : c’était une déclaration remplie d’autorité concernant un roi.
La naissance d’un héritier au trône exigeait l’édition d’un Évangile, colporté par un évangéliste, pour être annoncé dans toute contrée – proclamation héraldique, annonciatrice. La mort d’un souverain et l’accession au trône de son héritier donnait lieu au même type de pratique. Enfin, la victoire d’un roi en guerre conduisait celui-ci à charger un messager d’aller annoncer à sa ville d’origine la bonne nouvelle de sa victoire – c’est dans cette tradition que s’inscrivait le premier des marathoniens !
L’évangile était plus qu’une bonne nouvelle : c’était une déclaration remplie d’autorité concernant un roi
Quel rapport avec les anges ? Cette compréhension de l’Évangile en contexte nous fait voir en eux aussi des évangélistes – des messagers porteurs d’un message royal pour proclamer la naissance d’un souverain :
« N’ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une source de grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur qui est le Messie, le Seigneur. » (Lc 2.10-11)
Nous les retrouvons lors de la victoire de Jésus sur le dernier ennemi – la mort :
« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est pas ici, mais il est ressuscité. » (Lc 24.5-6)
Une dernière fois, Luc nous relate l’annonce royale – l’ Évangile – dans la bouche des anges alors qu’il va prendre sa place sur le trône des cieux, pour commencer son règne et sa session :
« Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous reviendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel. » (Ac 1.11)
Ces annonces angéliques sont plus que de simples gloses informatrices. Plus qu’angéliques, elles sont évangéliques !
En effet, nous devons dire que l’Évangile commence bien avant sa consommation à la croix de Golgotha. Dans l’incarnation, Jésus-Christ, Fils de Dieu, a fait irruption dans le monde en accomplissement des promesses de l’ancienne alliance. C’est à partir de ce moment-là que nous pouvons dire qu’ « Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son ancêtre. Il régnera sur la famille de Jacob éternellement, son règne n’aura pas de fin. » (Lc 1.33)
Si l’Évangile trouve son paroxysme lors des événements de la Pâque sur le mont Golgotha et dans le silence du jardin devant Marie Madeleine, c’est avec le murmure de Gabriel dans la chambre d’une autre Marie et avec le chant triomphal des cohortes célestes au-dessus de collines de Bethléhem que celui-ci commence.
L’Évangile commence bien avant sa consommation à la croix de Golgotha
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