Tout part d’un homme, Henri Nouwen est prêtre catholique et enseignant renommé à L’Université Notre-Dame, Yale et Harvard aux Etats-Unis. Mais il a décidé de quitter le monde académique prestigieux pour se mettre au service et accompagner des personnes handicapées de l’association l’Arche, fondée par Jean Vanier. Tout part d’une rencontre ensuite, fortuite, entre Henri Nouwen et la reproduction du tableau du peintre hollandais Rembrandt : Le Retour du fils prodigue. Celle-ci illustre la parabole des deux fils, donnée par Jésus dans l’évangile de Luc, chapitre 15. Tout part d’un homme, d’un tableau et d’une parabole. Le chiffre trois semble accompagner l’auteur durant tout son petit ouvrage de 175 pages, intitulé, à bon escient Le Retour de l’enfant prodigue. Le livre est un voyage dans le temps, comme le dit la préface : « Au cœur de cette aventure, un tableau du XVIIIe siècle, une parabole remontant au Ier siècle et son narrateur, et un homme du XXe siècle à la recherche d’un sens à sa vie. » (11) Tout au long du livre, nous suivons les trois personnages de la parabole : le fils prodigue, le fils aîné et le père.
Je suis le fils prodigue chaque fois que je cherche l’amour inconditionnel là où il ne peut être trouvé.
Henri Nouwen
Henri Nouwen nous montre différentes phases de son expérience personnelle, toujours en lien avec Rembrandt et en lien avec la parabole. Il commence par le fils prodigue, celui qui a tout chez son Père, qui demande sa part d’héritage et qui quitte la maison. Il quitte l’endroit où il peut entendre la voix qui dit : « Tu es mon bien-aimé, celui qui a ma faveur » (47). Nouwen le reconnaît, « je n’ai cessé de quitter la maison. Je me suis enfui loin des mains bénies, pour m’évader au loin à la recherche de l’amour […] Je suis le fils prodigue chaque fois que je cherche l’amour inconditionnel là où il ne peut être trouvé » (48). La décision de revenir et de retrouver sa condition de fils est un long et douloureux chemin : « Un des plus grands défis de la vie spirituelle est d’accueillir le pardon de Dieu » (66) rappelle justement Nouwen. Le retour du fils est aussi pour lui une image de Jésus, « qui s’est fait lui-même prodigue à cause de nous » (69).
C’est avec le fils aîné que Nouwen s’identifie le plus, celui qui doit être le fils modèle, celui qui éprouve de la rancœur, de l’amertume. Le fils aîné s’est égaré, dans son jugement et sa condamnation et il ne peut même pas se réjouir du retour de son frère. Nouwen souligne à quel point « les deux [fils] avaient besoin de guérison et de pardon. Les deux avaient besoin de rentrer à la maison » (83). L’amour illimité du Père est également et totalement offert à ce fils aîné. « Chaque enfant de Dieu a sa place unique, une place choisie par Dieu » (101) dans sa maison. Il s’agit de « laisser mon Père du ciel être le Dieu dont l’amour infini et inconditionnel fait disparaître tout ressentiment et toute colère, et rend libre d’aimer au-delà du besoin de plaire et d’être approuvé » (104).
La question est : comment vais-je me laisser aimer par Dieu ?
Henri Nouwen
Henri Nouwen est un érudit mais qui dégage une grande simplicité. Cela se traduit également dans son livre, qui est profond et simple à la fois. Sa lecture est facile, on suit le fil de ses réflexions personnelles, sur le tableau, sur la parabole et sur sa vie. Au travers des descriptions riches et des parallèles qu’il fait avec le tableau, Nouwen nous plonge dans une réflexion sur la parabole et nous fait découvrir sa richesse et sa profondeur.
L’art, ensuite, est beaucoup mis en avant dans ce livre. L’image, la peinture de Rembrandt permet d’illustrer de manière vive une histoire. L’histoire a été faite par Jésus, Rembrandt en fait une peinture, Nouwen en fait un livre. Nouwen nous invite à utiliser l’art, à réfléchir et s’émerveiller devant ce moyen pour encore puiser des trésors dans cette parabole. « Rarement, et peut-être même jamais, l’amour immense et compatissant de Dieu a-t-il été exprimé d’une façon aussi poignante » (116) que dans l’art de Rembrandt.
C’est grâce à un pardon sans cesse répété qu’on devient comme le Père.
Henri Nouwen
Ce livre est finalement l’occasion de découvrir ou de redécouvrir l’immensité de l’amour de Dieu pour nous. Comme il le manifeste envers le fils prodigue, Dieu nous attend, les bras grands ouverts. La question qui nous est laissée au fur et à mesure des pages est d’accepter cet amour comme le fils prodigue, ou non, comme le fils aîné. Mais la lecture nous amène aussi beaucoup plus loin dans l’amour que les deux fils reçoivent. Nouwen veut nous orienter vers le père, bien plus, il veut nous encourager à devenir comme le Père. « C’est grâce à un pardon sans cesse répété qu’on devient comme le Père » (160), un pardon sans condition, qui ne demande rien. Le Père ne garde rien pour lui, il se donne lui-même, sans réserve. Il donne le meilleur de lui-même. L’exemple d’Henri Nouwen est dans ce sens aussi touchant. En devenant aumônier parmi les personnes porteuses de handicap, en devenant petit parmi les petits, il a montré par sa vie son dévouement pour Dieu, son dévouement pour les autres. Il a montré, par sa vie, l’accueil du Père.
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