Nous continuons notre série « 1 mois 1 idée » sur Point-Théo. Une série pour découvrir une idée originale sur la manière dont une Église en France témoigne du Christ. Episode 5 : l’Église évangélique les 3 épis de Pontivy et sa journée bio, présentée par Nicolas Engel.
“A Biotiful Day”, c’est une journée complète en Église sur le thème de l’écologie : un temps de réflexion le matin, un repas en commun le midi et des ateliers pratiques l’après-midi.
Un temps de réflexion
La disposition de la salle surprend celles et ceux qui ne sont pas encore habitués à nos cultes participatifs : les tables sont déjà installées, décorées, des bibles et des articles y attendent les participants. Une fois la surprise passée, chacun s’installe et la rencontre peut débuter.
Le temps de réflexion proposé comprend deux grandes parties : tout d’abord la méditation de plusieurs textes bibliques, pour en tirer des grandes affirmations en rapport avec l’écologie ; ensuite l’analyse de la mise en garde formulée notamment par Samuele Furfari concernant le retour du paganisme.
Quelques repères bibliques
Les textes bibliques, préalablement sélectionnés selon le schéma Création – Chute – Rédemption – Glorification, sont lus et discutés en groupe.
L’objectif pour le groupe est de formuler un principe clair, simple, fondé dans le texte et en rapport direct avec la thématique de l’écologie. Dans chaque groupe se trouve un membre de l’équipe d’enseignement, qui, sans prendre trop de place, peut accompagner si nécessaire la formulation des principes dont voici deux exemples : 1) Dieu est le créateur du ciel, de la terre, de la mer et de tous les êtres vivants qui s’y trouvent ; 2) Toute la Création, (pas seulement les êtres humains), est au bénéfice de l’œuvre de rédemption accomplie par Jésus-Christ à la croix.
Après avoir posé ces fondements bibliques, qui façonnent notre engagement écologique, nous avons marqué une pause pour contempler notre Créateur et lui adresser des prières de reconnaissance.
Le retour du paganisme
Pour la seconde partie de notre réflexion, nous avons fait le choix de nous laisser interpeller par l’avertissement formulé par Samuele Furfari concernant l’écologisme profond (deep ecology), qu’il qualifie d’idéologie, de néo-paganisme dans son livre Chrétien Ecolo ? Le retour du paganisme. Nous avons lu et commenté en petits groupes un passage de son livre dont voici un court extrait :
Après le paganisme, le christianisme et la science, l’homme postmoderne veut croire de nouveau en un monde merveilleux et il a besoin pour cela d’un nouveau dieu, ou mieux, puisque le christianisme a été jugé trop machiste, d’une déesse : la Nature. (page 167)
Nous avons ensuite ancré cet avertissement dans notre réalité locale en parcourant un article de presse intitulé : Bretagne. Les druides célèbrent le retour des beaux jours avec la fête du feu de Beltane. Le druide Hervé Saguet y explique que cette cérémonie, « c’est la renaissance du monde avec le mariage du feu, de l’eau, du soleil et de la lune. On prend symboliquement l’eau à la source et on sait que cette eau reviendra à la source ».
Ces deux lectures nous ont permis de relever quelques pièges de l’écologisme profond : tout d’abord le piège fondamental, déjà dénoncé par l’apôtre Paul : l’adoration de la créature (création) au lieu du Créateur (Romains 1.25) ; ensuite la stricte égalité entre les êtres vivants (plantes – animaux – humains), puis le piège de l’arrogance humaine : croire d‘une part que nous sommes en mesure de détruire ce que Dieu préserve, croire d’autre part que nous sommes en mesure de sauver ce que nous abîmons !
Tous ces échanges, passionnés, nous ont ouvert l’appétit ! Mais avant de passer à table, nous avons formulé une courte conclusion : l’écologie est un formidable pont pour l’annonce de l’Evangile, pour l’annonce de la restauration en Christ de toute la création, mais l’écologie n’est certainement pas une idéologie que nous pouvons embrasser sans discernement !
Un repas en commun
A table, citoyens ! Pour le repas, la consigne était simple : zéro déchet ! Pour plus précision, je vous renvoie à l’article d’Antony Perrot, Dieu et le zéro déchet.
Afin de tenter d’orienter les conversations lors du repas, nous avons disposé quelques réflexions sur des mesures écologiques en trompe l’œil (les ampoules basse consommation, la voiture électrique) rapportées par Frédéric Baudin dans son livre La Bible et l’écologie. Mais là, avouons-le, les discussions sont parties dans toutes les directions !
Des ateliers pratiques
La tête pleine, l’estomac plein, il était temps de mettre les mains à la pâte ! Trois ateliers étaient proposés : la fabrication de produits ménagers ; la fabrication de boissons végétales ; l’inauguration du potager de l’Église !
La fabrication de produits ménagers
Pourquoi et comment fabriquer ces propres produits ménagers ? Voici le témoignage et les explications de Catherine qui a animé cet atelier :
C’est toujours une joie de partager mes recettes ! Mon mari étant allergique à beaucoup de substances se trouvant dans les produits ménagers (les senteurs, parfums et autres produits de synthèse), j’ai fini par me dire qu’il fallait que je trouve une solution pour trouver des produits qui n’irritent pas la peau ou le nez de Loïc. Après avoir testé toutes les lessives dites bios, le résultat était toujours le même : au bout de quelques utilisations, l’allergie revenait… Et si je faisais ma propre lessive ? Et tous les produits d’entretien de la maison ? Me voilà à la recherche de recettes : après plusieurs tests, j’ai fini par obtenir des produits efficaces, naturels et ne provoquant pas d’allergie. J’ai été impressionnée par l’attention de chaque participant à l’atelier ! De tous âges, chacun souhaitait utiliser des produits sains et simples, et avait des questions intéressantes et des expériences à partager, ce fut un moment enrichissant pour nous tous. Chacun est reparti avec un peu de lessive et de produit pour vitre.
La fabrication de boissons végétales
Vous aimez les bols de céréales ? Moi aussi ! Le lait animal ne vous réussit pas trop ? Moi non plus ! Les boissons végétales sont alors une option intéressante… sauf pour le porte-feuille ! A moins de les réaliser soi-même, ce qui n’a vraiment rien de compliqué : des céréales (agrémentées de fruits secs pour les gourmands), de l’eau, un mixeur, un filtre et c’est parti !
Pendant que les adultes écoutaient religieusement Catherine leur expliquer le pourquoi du comment de la fabrication des produits ménagers, les enfants s’en donnaient à cœur joie sur mon atelier : les nappes s’en souviennent encore… ils sont tous repartis avec une petite bouteille en verre remplis d’une boisson à l’avoine qu’ils ont qualifié de « délicieuse » 😊. Mais au fait, que fait-on des flocons d’avoine une fois qu’on en a extrait le jus ? Zéro déchet ! On les utilise pour réaliser des cookies qui ont régalé petits et grands !
L’inauguration du potager de l’église
Le potager de l’Église avait déjà été ouvert par les enfants quelques semaines auparavant. Cette fois-ci, c’était au tour des adultes de se lancer avec la plantation des tomates, des potimarrons et des haricots. Avec des jardiniers avertis à la manœuvre et des néophytes à l’exécution (dont certaines en talon-aiguille !), le tableau valait le détour ! Si quelque chose, par miracle, pousse, la famille albanaise que nous hébergeons dans nos locaux pourra en bénéficier. Nous avons par ailleurs décidé d’ouvrir cet espace aux familles migrantes qui se trouvent sur notre secteur : chacun peut librement venir cultiver un petit bout de terrain… laissons Dieu nous surprendre par les fruits de ce potager participatif !
Une expérience à renouveler…
Cette journée en église s’est révélée très enrichissante, spirituellement et relationnellement, aussi bien pour les petits que pour les grands ! Nous avons déjà pris rendez-vous pour renouveler l’expérience en septembre : nous pourrons alors ensemble cueillir puis presser le raisin de notre vigne pour en faire du jus destiné à célébrer la Sainte-Cène…
Pour aller plus loin
- La Bible et l’écologie, Frédéric Baudin.
- Chrétien Ecolo ? Le retour du paganisme, Samuele Furfari.
- Dieu, l’écologie et moi, Dave Bookless.
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