Pourquoi croire en Jésus-Christ ? Dans un contexte occidental où il n’y a plus aucune pression sociale pour croire aux grandes affirmations de la foi chrétienne, cette question se pose de façon particulièrement aiguë. Partout, à l’école, au travail, dans les médias, notre foi est questionnée, directement ou non, vigoureusement ou non. Et indépendamment de ces regards extérieurs, nous pouvons être traversés par des questionnements voire des doutes. Mais est-ce une mauvaise nouvelle ?
Dans la Bible, la foi n’est pas présentée comme une sorte de sérénité impassible mais plutôt comme un chemin de confiance souvent mis à l’épreuve. Nous vivons nos convictions à l’épreuve de la vie, de ses aléas et de ses souffrances ; à l’épreuve aussi d’autres visions du monde qui ne sont guère compatibles avec celles de la foi biblique.
Alors pourquoi croire ?
Je donnerai ici, de façon extrêmement brève et schématique, trois raisons – parmi bien d’autres – qui contribuent à ancrer ma foi chrétienne.
Le monde a été créé
Partout autour de nous, à chaque instant, nous voyons une quantité de relations de cause à effet qui font tendre presque toutes choses – êtres humains, animaux, plantes, phénomènes naturels … – vers un but. Tout fonctionne de manière à susciter, préserver et organiser la vie. Même la théorie de l’évolution, brandie souvent comme justification scientifique d’une vision du monde athée, repose entièrement sur l’objectif de la survie, du développement, de l’adaptation. Or le simple fait de parler d’ « adaptation » implique immanquablement la perception d’un besoin et la mise en œuvre d’actions vers un but !
Tout fonctionne de manière à susciter, préserver et organiser la vie
Face à ce constat, est-il concevable qu’il n’y ait, à aucun moment, la moindre raison, la moindre volonté qui conduise cette dynamique inlassable de causes, d’effets et de buts ? Je ne vois pas comment cette affirmation peut résister à la critique, ni même éviter de s’exposer à l’absurde.
Je trouve beaucoup plus convaincante, et cohérente avec notre expérience, l’affirmation de l’existence d’une volonté et puissance créatrice qui est à l’origine de la vie et du réel, et qui imprime cette finalité dans sa création.
Certes, dire cela ne revient pas à attester la vérité de la foi chrétienne en tant que telle. Mais c’est un premier pas essentiel, qui me pousse à prendre au sérieux la présentation biblique d’un Dieu à la fois transcendant et actif dans la création, un Dieu dont la volonté et la créativité sont reflétés dans le monde et la vie humaine.
La vision biblique de la condition humaine rejoint notre expérience
Dans une conception matérialiste, l’homme n’est qu’un animal sophistiqué. Aucune norme n’est extérieure à lui ; aucune morale ne peut s’imposer en dehors des conventions que les hommes eux-mêmes décident d’établir. Parler en termes absolus de « droits de l’homme », de « faute » ou d’« immoralité » – revient à inventer des principes moraux qui s’imposent à tous les hommes, ce qui, si toutes choses ne sont que par hasard, n’a aucun sens. Jean-Paul Sartre le reconnaissait sans ambages : « Si (…) Dieu n’existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite[1]. »
Pourtant, il me semble que la personne occidentale d’aujourd’hui – typiquement agnostique – se satisfait rarement d’une conception uniquement matérialiste de la vie humaine. Au contraire, elle ne cesse de se mobiliser, d’approuver, de s’indigner, bref, de prononcer des jugements moraux et absolus… tout en affirmant que rien ne s’impose à l’homme de l’extérieur, et que nous ne sommes là que par hasard. Cette position est intellectuellement intenable, mais parce qu’elle est si dominante, elle n’est guère questionnée.
La personne occidentale d’aujourd’hui se satisfait rarement d’une conception uniquement matérialiste de la vie humaine.
La Bible, elle, affirme que l’homme est créé à l’image de Dieu. Ainsi, l’aspiration au bien et au beau fait partie de son « ADN », et reflète des principes qui s’imposent à lui parce qu’ils viennent de son Créateur. Mais la Bible poursuit en déclarant que l’homme est pécheur, c’est-à-dire qu’il s’est replié sur lui-même et s’est détourné de la volonté de son Créateur, entraînant le monde dans une situation d’aliénation et de contradiction permanentes. Cette vision biblique d’une nature humaine « en tension » entre bien et mal me paraît bien mieux rendre compte de l’expérience humaine que celle décrite plus haut.
Les écrits du Nouveau Testament sont sincères
Certains seront peut-être surpris par ce sous-titre. Le croyant ne doit-il pas plutôt affirmer que la Bible est fiable ? Et pourquoi parler spécifiquement d’une seule partie de la Bible ?
Je crois en effet que tous les écrits bibliques sont dignes de confiance. Mais en tant que chrétien, je crois que Jésus-Christ est au centre du message de la Bible. Si Jésus est vrai et dit vrai, alors je peux faire confiance à l’Ancien Testament, qu’il cite abondamment et déclare Parole de Dieu. Mais comment ai-je accès à Jésus, à son enseignement, à son œuvre, aux témoignages de ses disciples ? Par le Nouveau Testament. Or, ce qui s’impose à moi lorsque je lis les récits et lettres qui constituent le Nouveau Testament, c’est leur sincérité. Les auteurs, de façon extraordinairement concordante, racontent et analysent des faits dans lesquels ils croient et dont ils ont été témoins.
Si Jésus est vrai et dit vrai, alors je peux faire confiance à l’Ancien Testament, qu’il cite abondamment et déclare Parole de Dieu
Cet argument, je le reconnais, est subjectif. Mais je mets au défi tout lecteur de se plonger sérieusement dans les récits et la pensée du Nouveau Testament et de prétendre que tout cela n’est que fiction et superstition. Pour ma part, je trouve la sincérité de ces auteurs incontournable. Or cette sincérité est la porte ouverte à leur fiabilité : parce qu’ils se rejoignent sur l’essentiel, et souvent sur les détails ; parce qu’ils écrivent comme des hommes sensés, capables d’analyse et de discernement ; et surtout parce que leurs convictions sont fondées sur des événements concrets dont ils affirment, pour la plupart, avoir été témoins oculaires ; parce qu’ils ont été prêts à être persécutés et, pour la plupart, exécutés plutôt que de renoncer à proclamer leur message.
Cette sincérité est la porte ouverte à leur fiabilité
C’est aussi parce que je crois ces auteurs sincères que je crois à leur proclamation de la résurrection de Jésus. Cet événement au cœur de la foi chrétienne mérite un traitement à part. Je conclurai simplement en soulignant que ceux qui ont écrit les textes du Nouveau Testament sont, pour la grande majorité d’entre eux, ceux-là même qui sont allés proclamer partout dans le monde qu’ils avaient trouvé le tombeau vide et rencontré le Christ ressuscité.
[1] Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme, éd. Nagel (1946), p. 89
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