Petit mais costaud ! Voilà comment on pourrait définir « Le Petit Dictionnaire de Théologie », écrit par Clément Blanc et Thomas Poëtte, édité par Excelsis et Edifac. Les deux auteurs ont bien voulu nous présenter ce nouvel outil.
Point-Théo : Comment en êtes-vous arrivés à rédiger ce dictionnaire ?
Clément Blanc : Christophe Paya, le doyen de la Faculté Libre de Théologie Évangélique, nous a attrapé au meilleur moment : le lendemain des examens de notre Master 1. Il nous a proposé ce projet qui répondait à un besoin concret : les professeurs passaient beaucoup de temps à expliquer et à réexpliquer le vocabulaire théologique. Ce livre leur permettait de gagner du temps et de rendre ce vocabulaire accessible.
Thomas Poëtte : Cela fait trois ans et demi que l’élaboration a commencée. L’objectif était de rendre la théologie accessible à la fois aux étudiants et les gens dans l’Église qui veulent aller plus loin, d’avoir un petit lexique, avec des entrées courtes et non des articles comme les différents dictionnaires qui existent déjà. Le petit format de ce livre est pratique : les étudiants peuvent se balader avec, l’emporter dans leur sac, l’utiliser en cours, en étude, à côté d’autres livres.
Point-Théo : Comment en êtes-vous venus à travailler à deux ?
C.B. : Thomas est l’une des premières personnes que j’ai rencontrées à la FLTE, dès le café du matin de la rentrée en Licence 1. Depuis, on a suivi tout le cursus ensemble jusqu’au master recherche. Christophe savait donc que nous avions l’habitude de travailler ensemble.
T.P. : Pour Christophe, c’était pertinent qu’on demande à des gens en Master, avec déjà un bagage théologique et un souvenir des débuts à la FLTE. Nous avions les compétences pour l’écrire et encore l’état d’esprit pour le vulgariser. Christophe Paya nous a exposé le projet, on s’est testé à écrire deux-trois articles chacun et puis c’était parti !
On voyait parfois notre retard dans les définitions par rapport à l’autre et on se tirait la bourre.
Point-Théo : Comment avez-vous vécu ce travail ensemble ?
C.B. : C’était un bel exercice de synthèse pour finir la formation à la FLTE, en revenant sur les sujets abordés pendant toutes nos études.
T.P. : C’était agréable de se pencher sur un travail qui demandait de la polyvalence, qui touche à tout dans la théologie. Le travail en équipe était bon, avec des retours de la part de Clément et de Christophe : une vraie aération. On avançait ensemble progressivement et par étapes.
C.B. : C’était vraiment une aide d’être à deux. On voyait parfois notre retard dans les définitions par rapport à l’autre et on se tirait la bourre. C’était motivant !
Point-Théo : Comment s’est déroulé le travail en lui-même ?
T.P. : Après avoir écrit quelques définitions chacun pour se tester, on a établi une liste de mots, avec trois cent entrées en objectif final. Régulièrement, on se concertait à travers un tableau Excel pour inclure des mots ou non.
C.B. : Nous sommes parvenus assez rapidement à une liste d’une bonne taille, qui a évoluée. Lorsqu’on a eu une centaine de mots, nous avons commencé à écrire.
T.P. : On s’attribuait les mots au fur et à mesure, de manière équitable. On signalait à l’autre pour qu’il fasse la relecture. Une fois validés à deux, le tout était relu par Christophe. En commençant à écrire, d’autres étaient inclus. On en a fusionné certains aussi en signalant des renvois.
Point-Théo : Avez-vous rencontré des défis ?
C.B. : Pour certaines définitions, je partais de loin ! C’était par exemple le cas pour les mots liés à la littérature rabbinique. Mais j’ai aussi pu travailler des sujets qui m’intéressaient. Par exemple, j’ai pris des termes liés à mon mémoire, à l’histoire de l’Église, au catholicisme. Thomas a pris la majorité des termes liés à la systématique et à la philosophie.
T.P. : On a fait relire certaines définitions par des spécialistes[1], une majorité de professeurs de la FLTE. Le défi était de rester précis pour ne pas dire de bêtises, sans trop rentrer dans le détail. Les mots touchant à la philosophie m’ont fait plus suer que d’autres ! Par exemple ceux autour de la querelle des universaux : conceptualisme, idéalisme… En rentrant dans les détails, il y a des subtilités.
C.B. : Dans tous ces cas, on ne s’amuse pas à refaire l’histoire du mot. Il faut donner quelque chose d’assez simple, en s’aidant de ressources comme des glossaires dans les manuels d’exégèse, des ressources en anglais.
Ce lexique est un encouragement à aller vers les livres de théologie, à accompagner les gens pour lire de la théologie.
Point-Théo : Comment s’est passé le travail avec l’éditeur ?
T.P. : Comme le premier public visé est étudiant, l’objectif était de lancer le livre pour une rentrée. Nous avons fini l’écriture il y a un an. La relecture a été ensuite effectuée à la fin de 2019. Puis en 2020 nous avons fait des allers-retours avec l’éditeur.
C.B. : On a pas mal discuté sur le titre. Le positionnement de notre livre n’est pas habituel : ce n’est pas une encyclopédie, ni un dictionnaire, mais c’est plus gros qu’un glossaire. Il n’y a pas grand-chose de comparable sur ce format. Les ressources évidentes ce sont les encyclopédies mais elles ne sont pas accessibles. Notre dictionnaire fait gagner du temps.
T.P. : Ce lexique, c’est vraiment un encouragement à aller vers les livres de théologie, à accompagner les gens pour lire de la théologie.
L’espace entre le monde académique et le monde de l’Église est très intéressant à explorer.
Point-Théo : Quelle a été votre expérience d’écrire tout un livre ?
C.B. : J’ai découvert le fait de travailler sur le long terme en équipe. Le monde du livre est très différent de l’expérience du blog, de la prédication où le retour est très direct. Ici, on travaille pour un éditeur, à qui on confie ensuite le fruit de notre travail. Mais j’ai beaucoup apprécié faire un travail non seulement pour le monde académique mais aussi pour l’Église, l’espace entre ces deux mondes est très intéressant à explorer. Si je devais réécrire ce serait sur ce créneau.
T.P. : Ce travail m’a donné envie d’écrire, tout simplement. C’est un exercice passionnant ! Nous avons dû gérer sans cesse la tension entre la précision et la pédagogie. Le fait d’écrire, c’est aussi un travail sur sa propre pensée : on retravaille sa pensée tout en écrivant.
Ma femme se moquait de moi, je l’attendais dans la boite aux lettres impatiemment !
Point-Théo : Quel regard final posez-vous sur ce travail ?
C.B. : Je suis reconnaissant de la confiance de Christophe Paya, qui prenait un risque ! Je suis reconnaissant du fait qu’on ait pu travailler ensemble tous les trois tout au long du projet et qu’on ait pu aboutir à quelque chose d’imprimé.
T.P. : Je suis fier que ce livre soit sorti, qu’on l’ait entre les mains. Après trois ans de boulot, cela fait très plaisir. Ma femme se moquait de moi, je l’attendais dans la boite aux lettres impatiemment !
C.B. : L’objectif n’est pas que des milliers de copies soient vendues, mais que les gens l’utilisent, le retour des étudiants de Facultés de théologie sera très intéressant à avoir.
T.P. : Dès le début on avait une double cible. Les étudiants et chrétiens qui ont une foi solide, qui veulent aller plus loin, ouvrir des livres de théologie. Tous ceux qui participent à l’Eglise et réfléchissent peuvent en bénéficier. Nous avons vraiment voulu rendre la théologie accessible au plus grand nombre et j’ai l’impression que cet objectif de vulgarisation a été atteint.
C.B. : Ce livre est aussi précieux pour des pasteurs, qui n’ont pas de formation initiale, ceux qui se forment sur le tas. Mais même pour les autres. Le format correspond bien à la réalité pastorale. Si je me retrouve moi-même à l’ouvrir de temps à autres c’est que ça peut servir !
[1] Par exemple : Antony Perrot, Charles Vanseymortier, Hannes Wiher, Neal Blough, Jacques Nussbaumer, Louis Schweitzer, Michel Mallèvre, Timothée Minard, Nicolas Farelly, Matthieu Richelle et d’autres.
Pour aller plus loin
- Le site d’Excelsis pour commander le livre.
- L’interview de Thomas Poëtte concernant “Le Petit Dictionnaire de Théologie” pour la radio RCF.
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