Dans le catalogue de formation offert à l’étudiant en théologie, le Centre de Formation du Bienenberg propose un cursus attrayant. Avec la nomination de la nouvelle directrice Marie-Noëlle Yoder en 2021, c’est l’occasion de (re)découvrir ce lieu à l’atmosphère studieuse et paisible.
Qu’est-ce qui rassemble dans un même lieu des germanophones et des francophones avec une vision commune de former des disciples ? C’est la particularité du Centre de formation du Bienenberg, un lieu de formation situé dans un hameau en haut d’une colline, entouré de forêts, à quelques minutes seulement de Bâle.
« J’ai grandi dans ce lieu » se rappelle Marie-Noëlle Yoder, nommée au poste de directrice à la suite de Denis Kennel après dix années de collaboration en tant qu’enseignante. Après deux années de défis pour les instituts de formation théologique, Marie-Noëlle espère apporter une nouvelle impulsion au Centre de Formation : « Nous sommes dans un temps où il faut s’adapter, il faut être créatif. C’est nécessaire pour le Bienenberg. »
Un centre de formation historique
Car le Centre de formation du Bienenberg n’est pas un nouveau venu, il trouve ses racines dans l’après-guerre. « Il y avait une forme de désolation théologique dans les Églises mennonites en Europe suite à la guerre, raconte Marie-Noëlle. L’aspect de la non-violence avait été mis de côté, les nationalismes avaient pris le dessus. La question était : comment retrouver nos racines après tout ce vécu ? » La Mennonite Central Commitee a donc inauguré le centre de formation à Bâle, un choix stratégique pour servir les Églises en France, en Suisse et en Allemagne. Puis l’achat de l’hôtel du Bienenberg a été rendu possible. Enfin, dans les années 1990, une nouvelle impulsion a été donnée pour former les laïcs et pour équiper les croyants. « Le programme de formation biblique pour l’Église (FBSA puis FBSE) a été la nouvelle colonne vertébrale du Centre de Formation » relate Marie-Noëlle. Ces dix dernières années d’ailleurs, les formations sur place et dans les églises se sont développées. Les bâtiments du Bienenberg proposent ainsi un lieu de retraite, proche de la nature (avec un immense séquoia au centre), un hôtel indépendant qui accueille différents groupes et où les étudiants peuvent également séjourner et se restaurer.
La particularité du Bienenberg c’est la formation des membres d’Église.
La particularité du Bienenberg, c’est donc la formation des laïcs, des membres d’Église. Ainsi, l’aspect académique est mis au service des étudiants via un travail de vulgarisation. En tant que centre de formation mennonite, les accents sur la paix et la non-violence sont bien sûr marqués. « Ce sont les accents anabaptistes qui guident nos choix théologiques » explique Marie-Noëlle. « Avec la formation « Points chauds » qui est composée d’une série de débats théologiques sur des sujets qui divisent, nous visons par exemple à former à l’interprétation de la Bible, mais aussi à la discussion engagée et respectueuse que nous souhaitons voir émerger dans l’Église » précise-t-elle.
Une formation à la communication non-violente et à l’interprétation est offerte.
Autre particularité, les deux versants : l’un germanophone, l’autre francophone. Les deux départements ont des programmes séparés. « Nous cherchons toujours des occasions de collaboration, comme des déclarations communes et l’organisation d’un colloque ensemble tous les deux ans, mais nous sommes de cultures différentes » reconnaît la nouvelle directrice du département francophone.
Une offre de formation en lien avec les besoins de l’Église
Dans son offre de formation, le Bienenberg propose trois pôles. Le pôle « pratique » s’articule autour de formations courtes et ponctuelles : la formation des responsables de groupe de jeunes, des conférences ponctuelles, une animation autour du temps de Pâques, un temps de retraite pour séniors, etc. Le pôle « fondements » propose la Formation Biblique pour le Service dans l’Église (FBSE) ceci pour approfondir la foi et être équipé pour le service. Une formation de base en cinq ans, à raison de sept vendredis soir et samedis par an. Une quarantaine d’étudiants participent à ce format qui répond depuis trente ans aux besoins des Églises. Une formation délocalisée, est aussi proposée en soirée, par modules, sur la pratique des ministères. Enfin, le pôle « spécialisation », qui inclut le programme des Études Francophones de Théologie Anabaptiste (ÉFraTA). Cette formation propose une spécialisation en théologie anabaptiste, unique en francophonie. Les étudiants sont principalement issus de milieux mennonites, même si un bon tiers viennent d’autres milieux. « Par exemple, plusieurs catholiques sont présents avec la volonté d’approfondir la théologie de la paix » relève Marie-Noëlle. Avec quatre sessions par an pendant quatre ans, cette formation cherche désormais un nouveau souffle.
“Points chauds” : une formation en ligne pour interpréter les textes bibliques et dialoguer respectueusement.
Dans le pôle « fondements », il y a donc cette formation « Points Chauds » qui connaît un certain succès.« Au lancement de la formation, la question s’est posée de savoir si on serait capables de dialoguer sur certaines questions difficiles. Nous nous sommes dit que si nous n’y arrivions pas en tant que théologiens, nous ne pouvions pas non plus attendre cela des membres d’Églises » explique Marie-Noëlle. « Points chauds » est donc une formation en ligne pour interpréter les textes bibliques et dialoguer respectueusement. Elle se déroule lors d’un week-end d’introduction, puis pendant cinq samedis de formation. Cette formation dure une année. Elle aura à nouveau lieu en 2023-2024 avec des débats sur des sujets liés à l’œcuménisme. Une autre formation « Chrétiens de caractère » a aussi vu le jour en collaboration avec Alexandre Nussbaumer. Elle sera reconduite à Montbéliard en 2023-2024.
Le programme des Études Francophones de Théologie Anabaptiste (ÉFraTA) est une formation de spécialisation en théologie anabaptiste, unique en francophonie.
L’équipe du département francophone est aujourd’hui composée de Denis Kennel, Michel Sommer et Marie-Noëlle Yoder. Et, ensemble, ils voient plus loin : « Nous nous réjouissons des nombreux partenariats avec un réseau d’autres professeurs comme ceux de la FLTE qui accrédite certains programmes, et de la HET-Pro. Le Centre de formation veut s’adapter et élargir son offre de façon intelligente avec toutes les bonnes offres qui sont proposées par ailleurs. Cela doit toujours se faire en lien avec les besoins des Églises » rappelle Marie-Noëlle. « Notre but est que les chrétiens et les Églises puissent grandir dans la foi en Jésus-Christ. »
Pour aller plus loin
Le site internet du Centre de formation.
Le blog du Centre de formation.