« Est-ce bien nécessaire de lire des livres de théologie ? » Cette question m’a été posée récemment par un jeune de mon Église. Puisqu’en tant que chrétien, nous avons déjà la Bible et le Saint-Esprit pour nous éclairer, il se demandait si ce n’était pas suffisant. À travers cet article, j’espère donner quelques pistes de réflexion à ceux qui, comme lui, pourraient se poser cette question… et d’autres qui en découlent comme : est-ce bien nécessaire de lire des articles de théologie (sur Point-Théo) ?!
L’Écriture seule (autorité)
La question posée n’est pas une remise en cause de la nécessité d’approfondir ses connaissances sur Dieu. Suffisamment de textes bibliques sont clairs et vont en ce sens (Romains 10.2 ; Hébreux 5.12). La question est plutôt de savoir si dans cette perspective les livres de théologie ont un rôle à jouer et dans quelle mesure ils s’articulent avec l’étude de la Bible.
En effet, cette dernière est au cœur de la foi évangélique. Mais si la Réforme protestante a pérennisé le principe du « sola scriptura » (l’Écriture seule), il ne s’agissait pas de dire que la Bible était le seul texte à lire pour un chrétien désireux de gagner en maturité. Il s’agissait plutôt d’en réaffirmer l’autorité ultime et unique pour la foi et la vie chrétiennes : l’Écriture comme seule instance normative ! C’est donc dans ce sens que doit s’appréhender la lecture de livres de théologie.
De l’utilité des livres de théologie
Si le message fondamental de l’Évangile est suffisamment clair et simple pour être saisi par tous, il nous faut néanmoins concéder que la Bible contient quand même un certain nombre de passages plus difficiles de compréhension. C’est ainsi que l’on peut se retrouver parfois dans la posture du dignitaire éthiopien d’Actes 8, reconnaissant notre incapacité à saisir pleinement le sens d’un texte biblique et sollicitant l’aide d’un frère ou d’une sœur.
La Bible elle-même valorise d’ailleurs à plusieurs reprises cet enseignement entre croyants. Dans l’Ancien Testament déjà, les prêtres et les lévites avaient pour tâche d’expliquer la loi au peuple. Puis, dans les Évangiles, Jésus est présenté comme l’enseignant par excellence. Et enfin, dans les épîtres, il est même question de ministères spécifiquement dédiés à ce service. Dès lors, pourquoi nous priver de cette grâce que Dieu nous fait ?
Surtout qu’il nous arrive parfois de ne pas être totalement cohérents avec nous-mêmes. En effet, comment peut-on, d’un côté, rejeter la pertinence des livres de théologie pour le cheminement du chrétien et, d’un autre, continuer d’aller à l’Église pour écouter les prêches du pasteur ? N’est-ce pas la même logique qui est derrière… et qui concerne également les articles de blog ou les formations théologiques.
2000 ans de réflexion chrétienne nous précèdent. Quel gâchis ce serait d’en faire abstraction ! Certes, Dieu nous a communiqué tout ce qu’il avait à nous dire au moyen de la Bible. Mais il l’a fait au fil de l’histoire de son peuple et non comme un professeur d’université qui donnerait un cours magistral. Les livres de théologie sont alors une façon de synthétiser et de s’approprier son enseignement. Un travail de longue haleine que l’on pourrait peut-être chercher à réaliser par nous-mêmes au moyen de notre lecture personnelle des Écritures. Mais l’honnêteté nous oblige à avouer que l’on ne prendrait pas forcément la peine de le faire au vu de l’effort demandé et que l’on aurait sûrement bien du mal à y arriver seul !
Deux écueils à éviter
Si, au vu de ces quelques éléments, il semble que la lecture de livres de théologie ait bel et bien sa place dans le cheminement des chrétiens, voici pour finir deux points sur lesquels nous devrions rester vigilants :
- Avoir un esprit critique. Comme il était rappelé au début de l’article, la Bible reste l’unique et ultime référence. À l’image des chrétiens de Bérée, dont il est dit qu’ « ils examinaient chaque jour les Écritures pour voir si ce qu’on leur disait était juste » (Actes 17.11), il nous faut nous aussi évaluer à la lumière de la Bible les enseignements que nous lisons (ou entendons).
- Trouver un équilibre. Acquérir des connaissances sur Dieu n’est pas une fin en soi. Ainsi, notre lecture d’ouvrages de théologie n’est qu’un moyen de nourrir notre relation avec Dieu. Et en aucun cas, elle ne devrait remplacer notre lecture de la Bible. Sur ce point, le témoignage d’August Hermann Francke, un pasteur et philanthrope allemand de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle, est profondément instructif :
« Je connaissais à fond et la dogmatique et l’apologétique ; je pouvais citer à propos les passages de l’Ancien comme du Nouveau Testament. Tout ce qui constitue la piété, je l’avais à l’extérieur. J’étais un excellent théologien de tête, mais un pauvre chrétien »[1].
Mieux conscients des enjeux, soyons encouragés à lire des ouvrages ou des articles de théologie, à participer à des formations, de courtes ou longues durées… En effet, il peut s’agir de belles occasions de croître spirituellement et d’en apprendre plus sur notre Créateur. Quel est alors le prochain livre que vous allez lire ?
Pour aller plus loin
- NISUS Alain (sous dir.), Pour une foi réfléchie : théologie pour tous, Romanel-sur-Lausanne : La Maison de la Bible, 2011.
[1] M. J-L, Vie de Francke : fondateur de l’orphelinat de Halle, Paris : Société des traités religieux, 1868.
2 Commentaires
Merci pour cet article et j’en profite pour partager la liste des formations théologiques francophones disponibles en 2019, pour ceux qui s’intéressent aux formations.
https://lefruitquidemeure.wordpress.com/2019/09/17/et-si-je-me-formais-la-liste-des-formations-de-theologie/
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