Faut-il lire la Bible, la méditer ou l’étudier ?

Faut-il lire la Bible, la méditer ou l’étudier ?

Comment la Bible doit-elle être abordée ? Doit-elle être lue de manière cursive, comme on le fait généralement avec n’importe quel livre (romans ou essais) ? Doit-elle être méditée, c’est-à-dire lue par petites sections qu’on lirait plusieurs fois et dont on se laisserait imprégner ? Ou doit-elle être étudiée, texte après texte, avec des outils linguistiques, historiques, grammaticaux, etc. ?

La question mérite d’être posée car certains auteurs chrétiens militent assez fortement dans un sens ou dans l’autre. Dallas Willard par exemple, dans Entendre la voix de Dieu, plaide plutôt en faveur de la méditation de la Bible, par petites sections, alors que Neil Cole d’autre part, dans Une Bible, du café… des disciples, préconise une lecture cursive (25 à 30 chapitres lus par semaine). Rares sont les auteurs qui plaident pour les trois, pour une pratique de la lecture cursive, de l’étude et de la méditation de la Bible.

Or il me semble réducteur de présenter la question sous la forme d’une alternative. Pourquoi choisir ? J’aimerais plaider ici que les trois manières d’aborder les Écritures présentent chacune un intérêt propre, et qu’elles devraient donc être toutes pratiquées.

​La lecture cursive de la Bible

La lecture cursive consiste à lire relativement rapidement des sections assez conséquentes du texte biblique (ce que je dis ici est tout autant valable si l’on écoute la Bible plutôt que de la lire). C’est en réalité la lecture type que nous avons en tête lorsque nous parlons de « lire un livre ». En lisant un roman par exemple, nous ne nous arrêtons pas sur chaque phrase ou chaque mot, mais nous avançons sans trop nous arrêter, cherchant à comprendre le récit sans trop nous poser de question sur le choix de vocabulaire de l’auteur, sans analyser la manière dont le texte est construit, etc.

On a peut-être l’indice d’une lecture cursive de la Parole de Dieu dans la Bible elle-même, en 2 Chroniques 34.18-19, en Néhémie 8.1-12 ou en Colossiens 4.16 (les lettres du Nouveau Testament ont été rédigées pour être lues comme un ensemble).

L’avantage de ce type de lecture est de construire et d’approfondir une vision d’ensemble des différents livres qui composent la Bible, et du message biblique lui-même. Cela permet d’interpréter les textes des Écritures avec une bonne connaissance de l’histoire biblique et du contexte littéraire du passage étudié. Et cela éloigne le lecteur d’une approche « fast food » de l’Écriture, où l’on picore ici ou là un verset qui réconforte mais auquel on fait dire ce qu’il ne dit pas.

Cela nous permet aussi de construire une théologie qui prend en compte l’ensemble des données bibliques, et pas seulement quelques-unes d’entre elles. Rappelons que les hérésies sont toujours  « bibliques », au sens qu’elles sont toujours fondées sur quelques éléments bibliques, mais elles mettent l’accent sur certains textes au détriment des autres.

La lecture cursive peut se pratiquer seul ou en petit groupe, en suivant par exemple un plan de lecture de la Bible qui fait lire l’ensemble de l’Écriture en peu de temps (un ou deux ans maximum).

​La méditation de la Bible

La méditation de l’Écriture consiste à écouter la voix de Dieu, dans le but d’y obéir, en « ruminant » un texte relativement court. Cette pratique chrétienne se fonde sur la conviction que la Bible est la Parole d’un Dieu toujours vivant, qui continue de parler à travers elle aux êtres humains du 21e siècle, même pour leurs vies personnelles. Il ne s’agit pas pour autant de faire dire ce qu’on veut au texte, mais d’entendre Dieu nous parler au moyen de ce que le texte dit.

Dans la Bible elle-même, la pratique de la méditation est mentionnée à plusieurs reprises. Le psalmiste médite la Loi de Dieu jour et nuit (Ps 1.2 ; 63.7 ; 119.97-100, 148), et Marie retient précieusement dans son cœur les paroles transmises par les bergers ou par Jésus lui-même (Lc 2.19, 51).

L’intérêt de ce type de lecture est de se nourrir du texte, et de développer une intimité avec le Seigneur. À travers la méditation, on se met à l’écoute de sa Parole, comme on écoute quelqu’un que l’on aime. C’est une lecture davantage relationnelle que la lecture cursive ou l’étude. L’intérêt consiste également à entendre Dieu non pas seulement dans ce qu’il a pu dire il y a plusieurs siècles, mais dans ce qu’il continue à nous dire aujourd’hui, à travers l’Écriture. C’est un type d’approche du texte qui fait le pont entre la Bible et nos vies personnelles.

La méditation de l’Écriture pourra prendre différentes formes. On peut mentionner en exemple la lectio divina que j’avais présentée dans un précédent article (voir ici). Dans tous les cas, la méditation pourra se pratiquer seul ou en groupe.

​L’étude de la Bible

L’étude de la Bible se consacre à l’interprétation du texte étudié, que celui-ci soit un livre entier ou une petite section. On cherche à identifier les intentions de l’auteur, la structure du texte, ce que le texte dit (et non pas ce que le texte nous dit). Dans ce type d’approche de l’Écriture, on aura souvent recours à des aides extérieures, comme des grammaires, des commentaires bibliques, des livres qui nous éclaireront sur le contexte historique, culturel et géographique de l’époque de rédaction du texte, etc.

On peut repérer certains chevauchements avec la méditation, mais ce sont quand même deux approches distinctes. Richard Foster écrit à ce propos : « La méditation est une attitude purement spirituelle ; l’étude est analytique. La méditation savoure un mot ; l’étude l’explique. Même si la méditation et l’étude sont souvent imbriquées l’une dans l’autre, elles constituent deux expériences distinctes. L’étude apporte un certain cadre objectif dans lequel la méditation peut s’exercer avec succès. » (Éloge de la discipline, p. 106).

La nécessité de l’étude se fonde sur une prise en compte sérieuse des auteurs humains de l’Écriture. Ils ont écrit sous inspiration divine, mais chacun avec le vocabulaire qui leur était familier, à partir de leur culture, et dans le contexte qui était le leur. Comprendre ce qu’ils disent nécessitent de comprendre d’où ils le disent.

L’étude de la Bible pourra se pratiquer seul, avec une Bible d’étude (la Bible d’étude du Semeur par ex.) et des commentaires bibliques, ou en groupe, dans le cadre d’une étude biblique d’Église, ou alors dans le cadre de cours donnés par des instituts ou des facultés de théologie (plusieurs proposent des cours en ligne).

 

En conclusion, il me semble vraiment dommage de devoir choisir entre ces trois types d’approches de l’Écriture. Les trois sont utiles et complémentaires. Les trois devraient être pratiquées. Bien sûr, on ne pourra pas faire les trois tous les jours, mais selon les saisons de vies, selon les désirs, on pratiquera davantage l’une ou l’autre de ces approches, pendant un temps. On pourrait par exemple se donner comme objectif de faire une année sur deux une lecture de la Bible en un an, et l’autre année une lecture plus méditative (en suivant par exemple le plan de lecture de la Bible en six ans de la Ligue pour la lecture de la Bible), tout en se consacrant à une étude plus approfondie de temps en temps.

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