Pour la semaine universelle de prière, le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) nous a encouragés à méditer sur le thème de la joie. Dans notre société où on nous impose plein de désirs, où les gens sont plus frustrés que satisfaits, la Bible apporte un message différent sur la joie. C’est vrai qu’en venant à l’Église, on voit des personnes plutôt souriantes qui chantent. Mais est-ce que cela veut dire que c’est automatique ? Non, la Bible décrit une joie plus subtile. Plein de personnes dont Jésus lui-même ont vécu des difficultés. Mais la Bible parle d’une joie plus profonde qu’une simple apparence. Ce n’est pas une joie passagère parce qu’elle vient de Dieu lui-même, nous l’appellerons ici la « joie de Dieu ».
Cadeau de Dieu
Cette joie est un cadeau de Dieu, c’est Jésus lui-même qui le dit : « Je vous ai dit cela afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. » (Jn 15.11) C’est une joie entière, c’est-à-dire qu’elle ne faillit pas, elle ne dépend pas de nous ou des circonstances. Tout cela parce que son origine se trouve dans l’amour de Dieu : parce que Dieu nous aime inconditionnellement, cela nous procure de la joie. Se sentir aimé par un parent, un conjoint de manière gratuite, quel bonheur !
Fruit de l’Esprit saint
De plus, nous n’avons pas à produire ce cadeau de nous-mêmes, c’est Dieu qui le fait naître en nous. Plus précisément, c’est l’Esprit saint qui travaille en nous pour produire un fruit : « Ce que l’Esprit saint produit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi. » (Ga 5.22-23) Quel beau programme ! C’est parce que la joie vient de Dieu, la Bible promet que « votre angoisse se changera en joie » (Jn 16.20) et que « personne ne vous enlèvera votre joie. » (Jn 16.22)
L’objet de la joie
Mais dire qu’il existe une joie qui vient de Dieu ne veut pas dire que tout chrétien est nécessairement joyeux. Ce qui fait la différence, c’est l’objet de cette joie. La joie de Dieu se base sur quelqu’un et cela a des effets pour toute notre existence : c’est Jésus, ce qu’il est et ce qu’il a fait et continue de faire pour nous.
Ce qui fait la différence, c’est l’objet de cette joie.
La joie de Dieu demeure constante parce qu’elle se concentre sur une chose : ce que Jésus a fait pour notre monde. Cela veut dire que même si tout s’ébranle autour de moi, je vais pouvoir trouver une joie profonde parce que je sais que ce que Jésus a fait pour moi est bien plus grand que tout ce qui peut m’arriver aujourd’hui.
Dans notre monde, il y a de vrais sujets de joie mais ils peuvent faillir. La source de la joie de Dieu est solide : elle se focalise sur Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié. Le pasteur et théologien américain, Timothy Keller, a écrit : « Vous ne savez pas vraiment que Jésus est tout ce dont vous avez besoin jusqu’à ce que Jésus soit tout ce que vous avez. » (Marcher avec Dieu à travers la douleur et la souffrance) Quand tout s’effondre, qu’est-ce qui reste ?
Cette joie se nourrit de la relation qu’on a avec Dieu. Le roi David le dit à plusieurs reprises dans ses chants : « Le Seigneur est pour moi une source de joie débordante. Mon Dieu me remplit de bonheur. » (Ps 61.10) ou « Tu me fais connaître le sentier de la vie ; il y a d’abondantes joies dans ta présence, un bonheur éternel à ta droite. » (Ps 16.11)
Même au sein de la souffrance
Donc tout est une question de perspective. Dans le Sermon sur la montagne (Mt 5.3-12), Jésus commence son discours avec des béatitudes. Elles décrivent des personnes dans des situations indésirables comme la pauvreté, les pleurs, le manque et qui sont heureux du point de vue de Jésus. Cela semble paradoxal. C’est comme si Jésus nous invitait à changer de regard. Il nous montre ici qu’il existe un bonheur qui est au-delà des simples événements heureux de la vie. La joie ici vient de la perspective de l’avenir meilleur avec Dieu. Pour le théologien et éthicien Louis Schweitzer, « La joie ne dépend pas des circonstances positives et demeure alors même que tout se retourne contre le croyant. La joie qui demeure est alors parfaite, car enracinée en Dieu seul. » (À contre-courant, Cultiver les valeurs du Royaume de Dieu, Tome 1, Éditions Mennonites, dir. Nicolas Widmer, p.28) C’est un bon résumé.
Exhortation à se réjouir
Dans les lettres du Nouveau Testament, il y a une sorte de refrain : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur » (Phi 4.4) C’est une interpellation qui ne veut pas dire de dénigrer ou de taire les émotions, qui ne dit pas de faire comme si tout allait bien et de mettre un masque et qui ne dit pas non plus dire de se réjouir du malheur qu’on subit. Il y a un détail qui fait la différence : il est dit de se réjouir « dans le Seigneur » ; autrement dit, se réjouir de ce que Dieu a fait et continue de faire dans notre vie. C’est donc un appel à revenir à la source de notre joie. C’est pour cela qu’il ne faut pas limiter cette joie à l’émotionnel qui est souvent bien changeant. La joie de Dieu, ce n’est peut-être pas une joie extravagante, qui pousse à être de bonne humeur tout le temps, mais c’est une joie paisible, comme un repère, une ancre dans la tempête.
Et la Bible suggère des astuces pour cultiver cette joie : se rappeler les bontés de Dieu, entretenir sa relation avec Dieu, développer la reconnaissance et le contentement, éviter de se comparer aux autres.
La joie de Dieu, ce n’est peut-être pas une joie extravagante […] mais c’est une joie paisible, comme un repère, une ancre dans la tempête.
Conclusion
Nous cherchons tous la joie et le bonheur dans plusieurs domaines. Peut-être que la réponse est plus simple et qu’elle se trouve sous nos yeux… Comme le dit le théologien et écrivain C. S. Lewis : « Notre Seigneur trouve nos désirs non pas trop forts, mais trop faibles. Nous sommes des créatures tièdes, s’amusant avec l’alcool, la sexualité et l’ambition, quand une joie infinie nous est offerte, comme un enfant ignorant qui veut continuer à faire des tartes à la boue dans le bidonville parce qu’il ne peut pas imaginer ce que signifie l’offre de vacances à la mer. Nous sommes bien trop facilement satisfaits. » (The Agony of Deceit)