Pourquoi devrions-nous chanter les Psaumes de la Bible ? Voilà bien une question d’actualité. Jusqu’au dix-huitième siècle, elle n’avait même pas été posée : chanter les Psaumes était une évidence ! Les chrétiens de toutes sortes psalmodiaient dans leur langue (grec, anglais, français, …), parfois sous forme versifiée. Aujourd’hui, rares sont les Églises évangéliques qui utilisent encore un psautier. Négligé, ce trésor prend bien souvent la poussière au recoin d’une étagère ou parmi les vieilleries du grenier. Je déplore profondément cet oubli : en effet, la Bible nous encourage vivement à découvrir le chant des Psaumes et ses bénéfices pour notre vie chrétienne.
Le fondement biblique
La Bible elle-même soutient la pratique du chant des Psaumes dans l’Église. Composés et collectés sous l’inspiration du Saint-Esprit (Ep 5.18-20), les Psaumes sont les hymnes et prières d’Israël à la gloire de Dieu. Bien plus, ils forment ensemble le livre de louanges de toute la création : « Chantez en l’honneur de l’Éternel un cantique nouveau, chantez en l’honneur de l’Éternel, habitants de toute la terre ! » (Ps 96.1). Ainsi, dans le Nouveau Testament, l’apôtre Paul recommande aux communautés chrétiennes de chanter les Psaumes (1 Co 14.15-16 ; Ep 5.19 ; Col 3.16) tout comme l’apôtre Jacques (Jc 5.13). Dieu a donc donné le Psautier à Israël et à l’Église de toutes les nations pour qu’ils célèbrent sa gloire en chantant.
Il est aussi remarquable de constater que les Psaumes font tous référence à Jésus-Christ. Le Seigneur lui-même l’atteste : « C’est ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous : il fallait que s’accomplisse tout ce qui est écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les Psaumes » (Lc 24.44). Plus particulièrement, les Psaumes enseignent « que le Messie souffrirait et qu’il ressusciterait le troisième jour et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations » (Lc 24.46-47). À travers eux, nous chantons Jésus-Christ et son Évangile chaque fois que nous désignons Dieu comme notre rocher, notre bouclier, notre roi, notre sauveur ou encore notre rédempteur.
Jésus et l’Église du Nouveau Testament ont chanté les Psaumes avec cette même compréhension évangélique. Nous savons en effet que le Seigneur et ses disciples ont célébré Dieu avec ces chants la nuit précédant sa crucifixion (Mc 14.26). Après la résurrection, les premiers chrétiens ont continué à les comprendre comme des enseignements sur Jésus et à les chanter : « Que la parole de Christ habite en vous dans toute sa richesse ! Instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres en toute sagesse par des Psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantez pour le Seigneur de tout votre cœur sous l’inspiration de la grâce » (Col 3.16). Autrement dit, l’Église primitive chantait les Psaumes d’une part parce qu’ils étaient donnés par Dieu pour son culte, d’autre part parce qu’ils enseignaient l’Évangile. Pourquoi donc ne pas les entonner aujourd’hui ?
Les Psaumes font tous référence à Jésus-Christ
Les bénéfices pour la vie chrétienne
Le chant des Psaumes promet trois grands bénéfices. Premièrement, il favorise l’enseignement et la mémorisation de la Bible. La construction de Colossiens 3.16 montre en effet que Paul assimile les « psaumes, hymnes et cantiques spirituels » à la « Parole du Christ ». Pour lui, la musique participe activement à l’enseignement de l’Évangile dans l’Église. Sa faculté unique à susciter les émotions et à faciliter l’apprentissage des paroles en constitue probablement la raison principale. Les Psaumes mis en musique instruisent donc la communauté chrétienne : ils permettent à la Parole du Christ d’habiter le chrétien dans toute la richesse de l’Évangile.
Deuxièmement, le chant des Psaumes aide les croyants à être remplis du Saint-Esprit. Paul exhorte ainsi les chrétiens d’Éphèse à ne pas vivre sous l’ivresse de l’alcool, mais sous celle du Saint-Esprit : « Ne vous enivrez pas de vin : cela mène à la débauche. Soyez au contraire remplis de l’Esprit : dites-vous des Psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels ; chantez et célébrez de tout votre cœur les louanges du Seigneur » (Ep 5.18-19). Inspirés par l’« Esprit du Christ » (1 P 1.10-12), les Psaumes enseignent la dépendance à Dieu : en se les appropriant par le chant, l’Église apprend à vivre sous le contrôle du Saint-Esprit.
Troisièmement, le chant des Psaumes rend les chrétiens capables de célébrer Dieu dans toutes les circonstances. Le Psautier est en effet « une anatomie de toutes les parties de l’âme »2. De la dépression (Ps 42.11) à la joie (Ps 100.1-2) en passant par les sentiments de solitude (Ps 13.1), d’amour (Ps 27.4), de culpabilité (Ps 32.5), de peur (Ps 56.3) ou de colère (Ps 120.5-6) : aucune émotion de la vie ne lui échappe. Au contraire, le Psautier relie l’expérience humaine à la réalité de Dieu. Il manifeste ainsi la profondeur de la communion qui existe entre le croyant et le Dieu de l’alliance. Le chant des Psaumes encourage donc à la foi et à l’espérance : le Seigneur accomplira ses promesses.
À Dieu seul soit la gloire
Ces promesses, Dieu les accomplit déjà, de manière anticipée et partielle, en rassemblant son peuple d’alliance au moyen du chant des Psaumes. En effet, les Psaumes ont été largement répandus et régulièrement chantés partout où se sont établis l’Évangile et la Parole de Dieu. Malgré la distance temporelle et géographique, les chrétiens de toutes les époques et de tous les lieux continuent encore aujourd’hui de s’unir comme un seul chœur spirituel autour de ces mêmes paroles inspirées, de cette même glorieuse louange. Ainsi s’accomplit la vision prophétique des Psaumes eux-mêmes : « Que cela soit écrit pour la génération future et que le peuple qui sera créé célèbre l’Éternel ! » (Ps 102.19).
Le chant des Psaumes conduit ainsi l’Église entière à professer sa foi et à adorer son seul Seigneur et Sauveur avec un cœur et une pensée centrés sur lui. Tous ensemble, les croyants élèvent les yeux vers l’espérance de la gloire qui viendra dans la nouvelle création : « Que le ciel se réjouisse, que la terre soit dans l’allégresse, que la mer retentisse avec tout ce qu’elle contient, que la campagne et tout ce qui s’y trouve soient en fête, que tous les arbres des forêts poussent des cris de joie devant l’Éternel, car il vient. Oui, il vient pour juger la terre. Il jugera le monde avec justice, et les peuples suivant sa fidélité » (Ps 96.11-13).
Chanter les Psaumes permet ainsi de maintenir la suprématie de Dieu dans le culte. En rappelant sa souveraineté (Ps 93.1), sa sagesse (Ps 104.24) ou encore son amour (Ps 136.1), ils dirigent continuellement vers la personne et l’œuvre gracieuse de Jésus-Christ. Le Seigneur demeure ainsi le but ultime de la foi, de la dévotion et de la vie quotidienne de l’Église : « Que tout ce qui respire loue l’Éternel ! Louez l’Éternel ! » (Ps 150.6). Il est désormais temps de dépoussiérer le chant des Psaumes dans le culte et de redécouvrir ce riche héritage de notre foi. À Dieu seul soit la gloire !
Tous ensemble, les croyants élèvent les yeux vers l’espérance de la gloire qui viendra dans la nouvelle création