Le croyant de la nouvelle alliance doit-il observer le sabbat ? (partie 1)

Le croyant de la nouvelle alliance doit-il observer le sabbat ? (partie 1)
René Frey
Auteur:

Le judaïsme observe hebdomadairement le quatrième commandement du Décalogue, du vendredi soir au samedi soir. Le christianisme a réinterprété le shabbat, mais certains courants en continuent l’observance, soit le samedi, soit le dimanche. Ainsi, la théologie réformée et réformée baptiste, ainsi que les adventistes, les baptistes du septième jour et les Juifs messianiques le maintiennent.

Est-ce que le chrétien devrait l’observer le sabbat ? La théologie de la nouvelle alliance (TNA) répond par la négative, pour les cinq raisons suivantes, les deux premières faisant l’objet de ce premier article d’une série de deux.

La venue de Jésus-Christ signale la fin de l’observation du sabbat

Jésus-Christ, venu accomplir la loi et les prophètes, en réalise tous les types, symboles et trajectoires, indiquant ainsi la fin de la loi, y compris du sabbat. Selon la TNA, mitoyenne entre la théologie réformée des alliances et le dispensationalisme, on remarque trois opérations dans le passage de l’ancienne à la nouvelle alliance : continuité, discontinuité et transformation. Nous devons donc discerner ce qui arrive au sabbat dans cette transition.

Le Nouveau Testament enseigne que le sabbat a été accompli par le repos du salut en Jésus-Christ dans lequel on entre par la foi, dans Hébreux 4. Les Israélites furent exclus du repos de la terre promise par manque de foi (v.1,2). Néanmoins, par grâce, il a été « réservé à quelques-uns d’y entrer » (v. 6). Par Josué, quelques-uns sont entrés dans un repos terrestre. Pourtant David, bien après Josué, avertit tout auditeur de ne pas s’endurcir aujourd’hui (v. 7). L’auteur de l’épître révèle par cet aujourd’hui que Dieu fixe un autre jour (v. 8), « un repos de sabbat pour le peuple de Dieu » (v. 9).

Le Nouveau Testament enseigne que le sabbat a été accompli par le repos du salut en Jésus-Christ dans lequel on entre par la foi

Quel est ce repos de sabbat ? L’observance du septième jour était liée à l’Israël national, mais nous ne sommes plus sous la loi et nous trouvons le repos salutaire (v. 10) à la croix. Ce sabbat de l’ancienne alliance est transformé, non pas dans l’observance dominicale, mais dans le repos de la foi qui sauve. « Empressons-nous donc d’entrer dans ce repos-là » (v. 11). Voilà une note eschatologique. Le septième jour  n’a pas la formule « il y eut un soir, il y eut un matin » (Ge 2.2), donc il reste ouvert jusqu’aux nouveaux cieux et la nouvelle terre où le peuple de l’Agneau se reposera enfin de ses travaux (Ap 14.13).

Depuis la Pentecôte, nous observons les prescriptions de Jésus (Mt 28.19,20) et des apôtres (Ép 2.20), non la loi mosaïque. Jésus-Christ lui-même a préparé le terrain pour cette discontinuité du sabbat étant encore sous la loi. Sans enfreindre littéralement le commandement, il y opérait des guérisons, revendiquant à juste titre son autorité sur ce jour (Mt 12.8) : « Car le Fils de l’homme est maître [même] du sabbat ». Il redirige l’attention de la loi à lui-même et prépare son abrogation en guérissant en pleine synagogue l’homme qui avait la main sèche ce même jour de sabbat (12.9-13) !

Discernons les étapes de l’histoire du salut : Jésus, né sous la loi, y soumet sa vie entière et respecte le 4e commandement du Décalogue. Cependant, le Maître du sabbat redéfinit mieux que tous le sens de ce jour.  Il chevauchait l’ancienne et la nouvelle alliance, mais cette dernière n’est entrée en vigueur qu’à la Pentecôte.

 Le Maître du sabbat redéfinit mieux que tous le sens de ce jour

Paul enseigne que le sabbat n’est pas contraignant pour les chrétiens

Pour Paul, le sabbat fait partie des convictions personnelles (Rm 14.5,6). La tolérance chrétienne assure un climat où les sabbatariens ne jugeront pas les forts (qui estiment tous les jours égaux, v. 10). Et ceux qui n’ont pas ces scrupules ne mépriseront pas les faibles (v. 10). Si la loi morale, le Décalogue, était encore en vigueur pour lier les consciences, Paul n’aurait pas le même enseignement. Il se classe parmi les forts (Rm 15.1) et proscrit les discussions (14.1). De telles « lois » ne sont plus valides dans le nouveau régime.

Les judaïsants avaient assujetti la conscience des nouveaux chrétiens en Galatie: « Mais maintenant, après avoir connu Dieu, et surtout après avoir été connus de Dieu, comment retournez-vous à ces faibles et pauvres principes élémentaires auxquels vous voulez à nouveau vous asservir ? Vous observez les jours, les mois, les temps et les années ! Je crains d’avoir inutilement pris de la peine pour vous » (Ga 4.9-11). Le danger du légalisme, l’asservissement aux œuvres de la loi menait à « un autre évangile ».

Les sabbats font partie de l’ombre de l’ancienne alliance. « Ainsi donc, que personne ne vous juge à propos de ce que vous mangez et buvez, ou pour une question de fête, de nouvelle lune, ou de sabbats : tout cela n’est que l’ombre des choses à venir, mais la réalité est celle du Christ » (Col 2.16,17). Les sabbats faisant partie d’une liste d’ajouts à la foi en Jésus-Christ mettant le salut en péril (2.8-23), clouée avec le Christ à la croix (2.14). Le sabbat devait changer (Hé 7.12), remplacé par les réalités meilleures de la nouvelle alliance. Paul reconfirme dans Éphésiens 2.14-16 que la loi est annulée à la croix, le sabbat y compris. Christ a aboli (katargeo) la loi entière, dans toutes ses parties. Lorsque le Christ mourut sur la croix, il abolit (lysas, Ep 2.14) la loi mosaïque en la mettant de côté (katargēsas, v. 15).

Si, à elles seules, ces deux premières raisons indiquent une première réponse, elle sera confortée par trois autres dans un article à paraitre !

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