C’est un sujet délicat qui nous touche tous : la pornographie. Elle consiste à représenter des scènes obscènes dans le but de susciter l’excitation sexuelle. Et aujourd’hui, on est tous à un moment ou à un autre exposé à des images pornographiques, que cela soit volontairement ou involontairement. Elles peuvent prendre plusieurs formes : des images, des films, des jeux, des applications. Sur Internet, elles viennent à nous sans même qu’on les recherche (pop-up, redirections automatiques, pubs).
Malheureusement, ce sujet est tabou dans bien des familles et même à l’Église. Pourtant, c’est un vrai problème qui touche beaucoup plus de personnes qu’on ne le pense : hommes et femmes, adultes et enfants… Et en parler permet d’éclairer le sujet et de venir en aide à ceux qui en reconnaissent le besoin. L’actualité récente montre qu’on ne peut pas passer à côté de ce fléau et de ce qu’il engendre comme conséquences.
Quelques chiffres (en France en 2021)
- La France est au quatrième rang de la consommation internationale de pornographie ;
- 30% des consommateurs de pornographie ont entre 18 et 24 ans ;
- Une grande majorité des consommateurs de pornographie sont des hommes (72%) même s’il y a une part non négligeable de femmes (28%) ;
- 81% du trafic se fait sur smartphone ;
- À 12 ans, près d’un enfant sur trois a déjà été exposé à la pornographie ;
- 62 % des jeunes ont vu leurs premières images pornographiques avant d’entrer au lycée, soit avant 15 ans ;
- 44 % des jeunes ayant déjà eu un rapport sexuel déclarent avoir essayé de reproduire des scènes ou des pratiques vues dans des films ou vidéos pornographiques.
Ces quelques chiffres – issu d’un rapport du site pornographique pornhub pour l’année 2021 et du site jeprotegemonenfant.gouv.fr – nous montrent l’ampleur du phénomène. La pornographie est devenue plus accessible avec Internet et l’utilisation des smartphones. De même, les confinements successifs liés au coronavirus ont multiplié par cinq la fréquentation des sites pornographiques…
La pornographie banalisée
Dans notre société, « ce n’est pas méchant » de regarder de la pornographie. La pornographie est banalisée dans de nombreux films ou de séries télévisées. En plus, beaucoup d’adolescents la prennent même comme un repère, comme si elle représentait la sexualité. C’est en quelque sorte le mode d’emploi pour bien vivre notre sexualité – celle-ci étant bien souvent dissociée de l’amour. L’une des exceptions où ses effets négatifs sont reconnus est à l’égard des enfants, car ils sont de plus en plus jeunes à regarder de la pornographie.
C’est en quelque sorte le mode d’emploi pour bien vivre notre sexualité – celle-ci étant bien souvent dissociée de l’amour.
Pourtant, il faut mesurer les effets toxiques que la pornographie entraîne à la fois sur nous-mêmes et aussi sur notre entourage. Et la liste est longue… Dieu nous prévient dans sa parole de veiller à la puissance du désir : « Chacun est poussé au mal par son désir mauvais qui l’attire et l’entraîne. Et quand on laisse faire ce désir, il donne naissance au péché. Puis, quand le péché a grandi, il donne naissance à la mort. » (Jc 1.14-15) La pornographie peut être un engrenage d’où il est difficile de sortir. La Bible nous met aussi en garde contre l’immoralité : « Ce que Dieu veut, c’est que vous soyez entièrement à lui. N’ayez pas une vie immorale. » (1 Th 4.3) Dieu sait ce qui est bon pour nous et il veut nous aider à résister au mal quand il se tient à notre porte (Gn 4.7), ou plutôt à un clic…
Observons les effets toxiques sur la personne qui consomme de la pornographie elle-même. Les médecins et les témoignages s’unissent pour dire que la pornographie crée une dépendance.
L’addiction : l’effet toxique principal
C’est parce qu’elle crée une addiction que la pornographie fait des dégâts importants. Quand on regarde de la pornographie, les endorphines – hormones de plaisir – sont deux cent fois plus puissantes que la morphine et plus addictives que la cocaïne. Les chercheurs pensent que la dépendance à la pornographie est plus difficile à briser que la dépendance à l’héroïne, parce que le cerveau stocke les images et il peut se les rappeler à tout moment.
Et puis, la pornographie en demande toujours plus. On peut vite se lasser de ce qu’on a vu, on peut vite devenir insensible et du coup on en réclame plus, on a envie de quelque chose de plus intense. En bref, cela peut devenir une obsession parce qu’on devient accro et on n’arrive plus à se contrôler. C’est un véritable esclavage.
En plus de l’addiction, la pornographie engendre d’autres problèmes. Par exemple :
- l’isolement et le repli sur soi parce que la personne a honte ou parce qu’elle préfère se retrouver seule devant son écran, dans le monde virtuel, au lieu d’être avec des personnes réelles. Dans son ouvrage Qu’est-ce qui pourrait sauver l’amour ?, la thérapeute et sexologue Thérèse Hargot explique que les personnes qui regardent de la pornographie font de moins en moins l’amour parce que la réalité ne les satisfait plus ! Aujourd’hui, vivre sa sexualité tout seul devant un écran, c’est possible. Mais là, on est bien loin de l’amour… C’est la fin de la relation sexuelle.
- des complexes parce que la personne compare son corps aux acteurs pornographiques (qui pour la plupart ont recours à la chirurgie esthétique). Pourtant, ce n’est pas cela le plus important quand on est avec quelqu’un qui nous aime pour qui on est. En tout cas, la consommation de pornographie peut créer une baisse de l’estime de soi.
D’autres problèmes s’ajoutent quand on est en couple :
- la frustration parce que la personne voit que tout ne se passe pas comme dans le virtuel : on n’est pas aussi performant, on se sent moins capable ;
- très concrètement, la pornographie peut engendrer des troubles de l’érection et une perte de libido pour les hommes, car à force d’en regarder, elle devient la seule chose qui peut exciter. Si les hommes veulent assurer dans la vraie vie, la pornographie est une mauvaise idée !
- des difficultés dans le couple : la pornographie peut diminuer l’attraction sexuelle pour le partenaire parce que le consommateur de pornographie est habitué à voir qu’un certain type de corps. Cela peut engendrer des tensions jusqu’à aller au divorce ; la personne qui apprend que son conjoint regarde de la pornographie peut se sentir trahie, dévalorisée, ou simplement pas suffisante.
Libérons donc la parole sur ces sujets. Mais créons un cadre sécurisé pour que cela puisse être possible, le cadre de la confidentialité.
Il est vrai que la pornographie est un sujet délicat à aborder. Mais en parler est un des moyens de faire de la prévention. Plusieurs ressources existent aujourd’hui pour dissuader : par exemple, le gouvernement a créé une plateforme qui propose des outils, des conseils et des ressources pratiques pour mieux informer et accompagner les parents : jeprotegemonenfant.gouv.fr On y trouve des témoignages de médecins et de personnes qui témoignent des effets de la pornographie sur leur vie. Il existe aussi des parcours en ligne qui peuvent aider à se débarrasser de ce fléau avec des vidéos et des exercices à faire : Thérèse Hargot fait souvent des vidéos sur le sujet et propose un parcours sur son site theresehargot.com Libérons donc la parole sur ces sujets. Mais créons un cadre sécurisé pour que cela puisse être possible, le cadre de la confidentialité. Et remettons ces situations entre les mains de Dieu qui est celui qui est capable de nous relever à chaque fois que l’on tombe. « Le Seigneur affermit les pas de l’homme, il prend plaisir à sa conduite. S’il vient à tomber, il ne reste pas à terre, car le Seigneur le prend par la main. » (Ps 37.23-24).
Pour poursuivre la réflexion, nous reviendrons sur le sujet dans un autre article à venir.
Pour aller plus loin :
- Pornographie : le faux, le vrai et l’espérance, Montbéliard, Editions mennonites, Les Dossiers de Christ seul, n˚ 2017, 1, 2017.