Toute visite reproduit, en plus petit, ce que Jésus a accompli en venant jusqu’à nous.Ces chrétiens âgés ont entendu parler de communion fraternelle d’innombrables fois. Suffit-il d’en parler ? Suffit-il d’attendre que cela aille mieux ? Suffit-il de dire « On pense à vous » et même « On prie pour vous » ? Toute visite reproduit, en plus petit, ce que Jésus a accompli en venant jusqu’à nous. Pas seulement celle du pasteur. Toute visite fraternelle permettra d’attendre. Mais s’il n’y pas de visites… Le Dieu de la Bible n’est-il pas un Dieu des maisons autant que des temples et des églises ?
Si les maisons sont hospitalières, l’Église le sera aussi.En réalité, être seul devant son assiette n’est pas nécessairement dramatique. Être adulte, c’est être en mesure de rester seul(e). Ce qui est un drame, par contre, c’est quand un doute prend place quant à la réalité de la communion qui existe entre les chrétiens. À cet égard, il faut dire, je crois, que les maisons sont un lieu aussi important que les salles de culte, les temples ou les églises. Visiter dans les maisons, recevoir dans sa maison, me paraît de toute première importance. À bien des égards, les maisons priment sur les lieux de réunion. Non pas pour constituer des lieux de repli frileux, mais pour être des lieux de rencontre, de partage, d’écoute, de soutien, de prière… Si les maisons sont hospitalières, l’Église le sera aussi.
Des lieux de grâce et de bénédiction.Mais ne faut-il pas prendre garde à ne pas le vivre n’importe comment ? Certes oui : s’assurer de l’accord de la personne, être précautionneux et convenir avec elle des dispositions qui lui conviendront (masque, distance, etc.). Être prudent devrait permettre d’éviter d’avoir peur ! Les anciens ou le Conseil pastoral de l’Église devraient veiller à cela avec soin, en listant les personnes à visiter, puis constituer des équipes de deux personnes : deux anciens, deux diacres, un ancien et un diacre, un ancien et un membre fidèle, un diacre et un membre fidèle, deux membres fidèles… pour aller rejoindre ceux et celles qui sont dans les maisons et vivre avec eux le repas de communion, sobrement, sérieusement, joyeusement. Une fois par mois, par exemple. Il suffit que les personnes qui iront vers les autres aient été désignées : dès lors, ces personnes ne sont pas seules, l’Église entière est avec elles pour visiter ! Il faudrait apprendre, bien sûr, si cela ne s’est jamais fait : parler clairement, ne pas être trop long, tenir compte de l’état de la personne, de sa maturité, de son état de fatigue, de son environnement immédiat, de ses questions du moment. Il y a des choses qui peuvent se dire dans une maison qui ne se diront pas à l’Église. Le visiteur qui entend des confidences doit en garder le secret et demander à la personne l’autorisation d’en parler avec le pasteur ou les anciens, si cela semble souhaitable. La personne hésite-t-elle ? On lui laissera le temps de réfléchir et on en reparlera avec elle. La capacité d’entendre une confidence sans la répéter est un signe de maturité. La situation est-elle trop délicate ? On passera le relais à quelqu’un d’autre. Il faudrait qu’un retour puisse être fait aux anciens. Aux diacres aussi si un besoin d’assistance a été découvert. L’assistance destinée aux saints (2 Co 9.1,12) est, en effet, indissociable de l’affirmation de la foi et de l’espérance communes (Jc 2.16 ; 1 Jn 3.18). On peut imaginer aisément que de tels moments puissent être porteurs de joie, mais aussi de guérison, à la manière dont Jacques en parle (Jc 5.13-16), avec ou sans onction d’huile. On peut même imaginer que des vocations puissent se dévoiler à l’occasion d’une telle pratique. Si les maisons sont des lieux de grâce et de bénédiction, l’Église le sera aussi.
« l’Église dans tous ses états », une rubrique en partenariat avec Les Cahiers de l’École Pastorale
Les Cahiers de l’École Pastorale est une revue trimestrielle de théologie pratique et pastorale. À travers des articles de fond, des prédications et des présentations de livres, elle oeuvre à faire des ponts entre la théologie et la vie des Églises. Son but est d’encourager les pasteurs, les responsables d’Église et plus largement les chrétiens engagés dans un ministère, à penser et approfondir leur foi et leur pratique au sein de leurs Églises.
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