Liturgie pour le dimanche de la Trinité – propositions

Liturgie pour le dimanche de la Trinité – propositions

Dans un précédent article, Michaël Demange développait l’intérêt de consacrer un culte par an à un des aspects de la doctrine de la Trinité. Ici, il propose quelques exemples de liturgie pour ce faire.

Pistes thématiques et textes

Une liturgie centrée sur la Trinité n’est pas nécessairement une présentation de l’ensemble du dogme. Elle peut, par exemple, en sélectionner un aspect et envisager tour à tour la participation du Père, du Fils et de l’Esprit. Elle peut tout aussi bien se concentrer sur l’unité de Dieu, au-delà des rôles de chacune des trois personnes, ou encore sur les relations en son sein. Voici quelques exemples.

1. La Trinité engagée entièrement dans le salut des humains, manifestant son amour et sa grâce pour eux.

À partir des textes proposés par le guide de lecture de la Bible en 6 ans pour le 4 juin 2023.

  • Exode 34.4-9 : Dieu se présente à Moïse. Il est celui qui l’a appelé depuis le buisson ardent, un Dieu de grâce et de justice. Ces caractéristiques sont celles de la nature de Dieu, c’est le Dieu Trinitaire qui se présente et qui révèle son plan de salut (Psaume 42.6). Et chaque personne répondra pour sa part à la requête de Moïse pour le peuple de Dieu, celui d’hier et celui d’aujourd’hui : c’est Jésus qui marchera parmi les humains rétifs, c’est le Père qui pardonnera leurs fautes et l’Esprit qui en fera le patrimoine de Dieu par le sceau qu’il apposera sur eux.
  • Jean 3.16-18 : ces versets dévoilent le plan de Dieu, mais ils mettent aussi en relief la qualité de la relation entre le Père et le Fils et qui est nécessaire à notre salut : le Fils accepte d’être envoyé par le Père et le Père reconnaît la foi des humains en son Fils comme seule efficace pour les sauver.
  • 2 Co 13.11-13 : quand l’Église s’engage à une vie conforme au projet de Dieu, c’est tout l’être de Dieu, Dieu d’amour et de Paix, qui réside dans l’Église : le Fils par la grâce qu’il nous transmet, le Père par son amour et l’Esprit par sa présence et la communion qu’il réalise entre Dieu et son peuple.
  • Tite 3.4-7 : là encore, l’apôtre affirme l’amour et la compassion du Dieu qui sauve complètement grâce à la participation enchevêtrée de chacune des personnes.
  • Louange et adoration : Dieu s’est engagé pleinement dans son plan d’amour et de salut pour les humains et, de part sa nature trine et la volonté commune des personnes, chacun a joué un rôle essentiel pour le réaliser. La relation entre les trois personnes est une réelle source d’admiration.
  • Reconnaissance : notre reconnaissance face à un tel engagement, alors que nous sommes sans mérite, ne peut être qu’entière.
  • Pardon : de douter de l’amour de Dieu alors qu’il a manifesté une telle détermination commune. Pardon aussi de trop séparer entre les missions des différentes personnes, jusque dans nos querelles.
  • Cène : c’est le repas auquel Jésus nous invite, rappelant et célébrant son œuvre de salut en lui. Mais la préparation de ce repas et son efficacité pour nous implique le Dieu trine entièrement (Actes 20.28…).

2. La nature et l’unité du Dieu trine : un rappel à l’humilité, à l’admiration et à l’abandon confiant.

  • Marc 12.28-31 : affirmer l’unité de Dieu est un fondement pour notre foi (voir Dt 6.4). C’est affirmer qu’il n’y a qu’un seul Dieu, qu’il ne peut pas être divisé (il n’y aurait pas une part de Dieu en Jésus et une autre dans le Père et l’Esprit. Ils sont chacun pleinement Dieu), ou encore qu’il est complet et qu’il ne lui manque rien. L’amour absolu que nous devons à Dieu se dirige certes vers un Dieu que nous expérimentons par le ministère des personnes, mais dont nous ne pouvons pas oublier l’unité.
    Notre approche du Dieu trine est souvent séquentielle. En effet, il est plus simple de considérer Dieu sous l’angle de chacune des personnes séparément, sous celui de ses actions (création, révélation, rédemption…) ou même de réserver chacune de ses actions à une seule personne. Notre intelligence de créature est limitée et appréhender pleinement les contours de notre créateur est hors de notre portée. Mais Dieu veut se révéler tel qu’il est et non pas seulement tel que nous pourrions l’appréhender. Cette complexité que nous admirons de lui est autant un appel à l’humilité qu’à l’admiration.
  • Ésaïe 45.5-6 : La prophétie d’Ésaïe est à destination de Cyrus, roi de Perse, qui environ 150 ans plus tard, sera choisi par Dieu pour ramener Israël de son exil. Dieu se présente à lui dans cette prophétie et il insiste fortement sur son unicité. Il n’y a qu’un seul Dieu qui puisse être à l’origine de ce qui arrive dans l’univers ou dans la vie du roi, même en dehors de son peuple et même avant l’intuition de son existence. L’unité et l’unicité du Dieu trine doivent ici donner au roi force de conviction pour la mission qui lui est confiée. Le monde peut paraître difficile à décrypter, soumis à des aléas ou des forces que nous ne maîtrisons pas, mais le Dieu unique est immuable, solide, constant et souverain. Il est largement digne de notre confiance et il accomplira assurément ce qu’il a promis, même si le temps a passé depuis l’annonce.
  • Job 38.1-3 ; 40.1-14 : Job subit ce qui, à cause du prologue, nous apparaît comme une réelle injustice. Et dans les plaintes de Job, Dieu trouvant la foi, il se donne alors la peine de l’enseigner. Il le remet à sa place, la créature devant son créateur. Job plie le genou et par son humilité il apprend à connaître Dieu (Job 42.1-6) et s’abandonne à lui avec confiance, alors que l’épreuve est toujours sur lui. N’est-ce pas là pour lui la vie éternelle ?
  • Louange et adoration : la force et la permanence de Dieu ancrées dans son unité. Le Dieu qui est amour est aussi écrasant d’immensité. Il dépasse notre compréhension et pourtant se rend accessible.
  • Reconnaissance : connaître sa nature nourrit notre sécurité en lui, notre paix et notre joie.
  • Pardon : nous croyons trop souvent que nous le connaissons entièrement, y comprit dans nos querelles. Nous réduisons trop facilement la distance qui nous sépare.
  • Cène : l’unité de l’Église, au cœur du partage du repas, a pour fondement l’unité en Dieu.

3. Les relations au sein de la Trinité : source d’admiration, d’inspiration et de vie.

  • Jean 17.20-23 : nous oublions facilement que Dieu ne sauve pas des individus, mais un peuple. Bien sûr, notre salut est personnel (Dieu nous appelle chacun d’une manière particulière), mais il nous intègre à la construction (Éphésiens 2.19-22) qui est son Temple, son habitation, fondée sur le Christ. Dans sa prière, Jésus demande à son Père, pour nous qui avons cru au témoignage de ses apôtres, que notre unité soit le reflet de celle qui existe entre le Père et le Fils. L’unité au sein des Églises et entre elles devrait être une caractéristique fondamentale et le socle de son témoignage. Elle occupera d’ailleurs une grande place dans le ministère et les épîtres de Paul. Le Christ nous fait participer à sa gloire, pour notre salut, mais au-delà, et c’est sa prière ici, pour que nous soyons un, à l’image de la relation de communion qui anime et soude la Trinité.
  • 1 Jean 4.7-8 : avant tout, Dieu est amour. Dieu pourrait-il être amour par nature et avant la création s’il était seulement unique ? Difficile de répondre avec assurance à cette question, mais on pourrait se risquer à imaginer que Dieu serait alors narcissique, s’aimant lui-même. Si en Dieu il y avait deux personnes, cet amour pourrait alors sombrer dans le fusionnel et l’exclusivité. Mais l’existence de trois personnes en Dieu nous parle d’un amour en mouvement et sans contrainte (Jean 10.18). C’est un amour généreux et fructueux duquel surgissent la création et le projet de rédemption (v. 10 ; Colossiens 1.15-20 ; Matthieu 3.16-17). Cet amour est un modèle pour nous. Nous sommes en conséquence appelés à aimer Dieu de tout ce que nous sommes et en écho à aimer notre prochain (Marc 12.28-31) et nos frères et sœurs. Dieu étant amour par nature, s’il réside en nous, il ne peut être autrement que nous nous aimions les uns les autres. En réalité, c’est à cause de cet amour en Dieu, de son amour pour nous et de son habitation en nous, que nous sommes capables d’aimer. Cet amour n’est pas seulement un modèle, il est vivifiant et efficace.
  • Louange et adoration : l’amour en Dieu et ses répercutions pour nous sont une source d’admiration. Cette qualité de relation dépasse ce que nous sommes capables de produire et même d’imaginer. Quel Dieu extraordinaire dont la justice et la sainteté sans concessions s’expriment dans le cadre d’un amour si parfait.
  • Reconnaissance : merci pour l’exemple et pour le bénéfice. Merci parce que la raison de l’amour de Dieu pour nous ne réside pas en nous, mais dans sa nature.
  • Pardon : nous amoindrissons la force de cet amour en oubliant/refusant parfois d’y croire pleinement. Nous avons aussi bien du mal à le vivre entre nous.
  • Cène : malgré notre faiblesse, c’est par l’amour du Dieu trine pour nous et par notre commune union à lui qu’est fondée la communion entre nous à laquelle nous croyons et que nous manifestons lors de la Cène. C’est bien cela que nous sommes appelés à examiner en nous-mêmes (1 Corinthiens 11.27-29) avant de le partager : le corps que méprisaient les Corinthiens par leurs divisions et leur égoïsme (11.17-22). En affirmant notre commune condamnation et notre commun rachat par le même sacrifice, étant au bénéfice du même amour, nous disons aussi que notre communion nous dépasse et que si le Seigneur nous appelle à la manifester, il en est aussi le garant.

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