« Outils de travail ». Des livres pour nourrir la réflexion et l’action chrétienne (partie 1)

« Outils de travail ». Des livres pour nourrir la réflexion et l’action chrétienne (partie 1)

Nourrir et enrichir sa foi, renforcer son service chrétien, c’est, d’une manière ou d’une autre, se former. Et se former, c’est en particulier étudier la Bible et la théologie, et donc s’approprier les outils de formation disponibles. Ces outils sont en particulier des livres. Mais comment choisir et comment utiliser ces ressources ?

Ces « outils de travail » peuvent être classés de différentes manières : on peut tout d’abord les distinguer selon leur niveau technique ; par exemple, en théologie systématique, Pour une foi réfléchie serait de niveau 1 (premier accès au sujet), le Grand Dictionnaire de théologie de niveau 2 (approfondissement), et La doctrine du Christ d’Henri Blocher de niveau 3. On peut aussi les distinguer par domaine : les Introductions à l’Ancien Testament ou au Nouveau Testament sont du domaine biblique, tandis que Vivre en chrétien relève de l’éthique.

Ces outils de travail représentent un certain investissement, en finances et en temps (de lecture !), et ils peuvent impressionner par leur épaisseur… Mais ce ne sont normalement pas des livres qu’on lit en une seule fois ; on y revient régulièrement. Ce ne sont pas non plus forcément des livres qu’on lit de la première à la dernière page, mais des livres qu’on consulte, à l’endroit voulu, selon les besoins. Certains de ces volumes, d’ailleurs, par leur épaisseur et leur densité, sont l’équivalent de plusieurs livres plus petits !

Précision : en dehors de la catégorie des « outils de travail », de nombreux livres, très intéressants pour la formation, mériteraient d’être mentionnés, mais cela dépasserait les limites de cet article ; de même pour les outils informatiques d’étude de la Bible (voir le blog de Timothée Minard pour des propositions).

Les sciences bibliques

Pour mieux lire la Bible, pour l’interpréter, pour en communiquer le message, on dispose de plusieurs sortes d’outils. Sans m’arrêter aux Bibles d’études, bien connues, fort répandues et très utiles, je commence par les commentaires bibliques. Les commentaires permettent d’accéder directement au texte biblique, et même à un texte biblique donné. Ils offrent la possibilité de sortir de la lecture individuelle (voire individualiste) : avec un commentaire, quelqu’un d’autre m’accompagne dans ma lecture ; je lis, je dialogue, je débats avec quelqu’un. Ce débat peut même être contradictoire, et ce type de lecture peut s’enrichir non seulement d’un mais de plusieurs commentaires « partenaires ». Ils permettent aussi de ne pas passer à côté d’éléments importants du texte, qui pourraient échapper au lecteur s’il était livré à lui-même.

Les commentaires bibliques évangéliques en français ne sont pas très nombreux, mais le rayon commence à s’étoffer, surtout pour le Nouveau Testament : la série Commentaire évangélique de la Bible (CEB) est la plus complète, elle est en cours de construction depuis de nombreuses années ; les commentaires qui la composent ne sont pas tous strictement du même niveau technique, mais la visée est globalement « scientifique » : étudier sérieusement le texte dans son contexte, avec les outils de l’exégèse (pour se faire une idée, voir les très bons volumes de Samuel Bénétreau).

La série Tyndale, dont la traduction a récemment commencé, se situe à un niveau intermédiaire ; elle veut conjuguer le sérieux et l’accessibilité. Les deux volumes déjà paru, Juges-Ruth et 1 Corinthiens, de la plume d’un et d’une exégètes expérimenté(e)s, ont en plus la qualité d’être récents dans leur version originale et donc à jour dans les données qu’ils proposent.

La série Commentaire pratique du Nouveau Testament vient tout juste de débuter et annonce un commentaire du texte au service de la lecture quotidienne et de la pratique. Pour cette orientation pratique, les prédicateurs et autres communicateurs peuvent consulter la série La Bible et son message (4 volumes parus), qui aborde, en deux temps, l’exégèse du texte puis son message, et donc qui accompagne le lecteur de la compréhension du texte jusqu’à la communication. Dans le même sens, on peut signaler la traduction de la série britannique The Bible Speaks Today, reflet de la fameuse expository preaching d’auteurs comme John Stott ; les commentaires sur Ésaïe et Jérémie, par exemple, de la plume de grands exégètes, viennent combler un vide important. Les prédicateurs regretteront que certains livres bibliques soient entièrement oubliés, mais en conjuguant ces différentes collections, on peut déjà se constituer une belle bibliothèque.

Ceci dit, l’utilisation des commentaires peut gagner à la lecture préalable ou parallèle d’autres outils de travail : les introductions, les dictionnaires et les théologies bibliques.

Les introductions au Nouveau Testament et à l’Ancien Testament, par exemple celles de Carson et Moo, et de Longmann et Dillard, abordent les livres bibliques dans leur globalité, sous tous les angles du contexte historique et littéraire, de l’auteur et des destinataires, du rapport à l’histoire, de la structure et du plan détaillé, de l’intertexualité (par exemple l’utilisation de Jérémie dans le Nouveau Testament), etc. : ce que les commentaires ne peuvent pas toujours traiter faute de place, mais qui permet ensuite une lecture éclairée du livre biblique.

Deux autres outils de travail doivent enfin être mentionnés, les dictionnaires bibliques et les théologies bibliques :

  • Le Grand Dictionnaire de la Bible, qui est le « compagnon » de base de ceux et celles qui étudient la Bible, presque le premier ouvrage à acquérir à mon avis pour enrichir sa lecture. Il aborde toutes les notions bibliques sur lesquelles le lecteur de la Bible peut avoir besoin de se pencher (par exemple les personnages, les lieux bibliques et archéologiques, la vie quotidienne aux temps bibliques, les peuples voisins, les pratiques et autres données qui permettent de mieux comprendre la Bible dans son contexte).
  • Les théologies bibliques sont des volumes qui, laissant de côté les questions d’introduction, se préoccupent du message théologique du livre (sans aller forcément jusqu’à l’actualisation de ce message). On les trouve par exemple sous forme synthétique dans le Dictionnaire de théologie biblique ; et sous forme développée dans les Théologies du Nouveau Testament et de l’Ancien Testament de Craig Blomberg et de Bruce Waltke. Leur analyse du message biblique, souvent livre par livre, permet de porter un regard global sur le livre étudié, d’en saisir pleinement l’orientation et le cheminement, pour ensuite situer un texte biblique donné dans ce message d’ensemble.

Abonnez vous à notre Newsletter et recevez gratuitement les nouveaux articles par mail