Partir à l’étranger, se former pour Dieu et le servir auprès des étudiants, voilà un programme complet ! C’est ce qu’a vécu Joël Rakoto, pendant un peu moins d’un an en tant travailleur Relay à l’Université de Southampton. Son expérience avec The Christian Union l’a marqué, il nous la livre à travers trois questions.
Joël Rakoto, pourquoi et comment as-tu décidé de travailler dans un ministère en Angleterre auprès des étudiants ?
Bonjour, alors pour me présenter j’ai 24 ans, je suis né à Madagascar et j’ai grandi en France dans une famille chrétienne. Après m’être fait baptiser à 18 ans, j’ai fait des études d’ingénieur en acoustique à l’université du Mans et c’est là que j’ai commencé à être un disciple de Christ. J’ai rejoint avec enthousiasme le GBU mais mes attentes ont été quelques peu déçues. Je me suis rendu compte qu’il était difficile de partager sa foi, à cause de l’aspect laïc de l’université, du rejet de la religion des étudiants. Il y avait la peur du prosélytisme, on ne pouvait pas distribuer de flyer, il était interdit de se réunir sur les campus. Malgré tout, je suis reconnaissant d’avoir pu vivre ces temps avec les GBU. Pendant mes années d’études, j’ai eu à cœur de partir à l’étranger et j’ai été accepté à l’université de Southampton pour partir lors de mon premier semestre de Master 2 (septembre 2018 à février 2019). On m’a prévenu du dynamisme des Églises et de l’association étudiante chrétienne : The Christian Union (CU), une communauté étudiante qui existe pour donner à chaque étudiant l’opportunité d’entendre et de répondre à la bonne nouvelle de Jésus. C’est vraiment missionnaire. Dès mon arrivée, j’ai été très bien accueilli. Quand j’ai débarqué à la première plénière du CU, j’ai vu une centaine d’étudiants présents, j’ai été submergé et très encouragé. Pendant six mois, je me suis jeté dedans, j’ai participé à tout, je laissais même mes cours de côté. À la fin de mon séjour, je commençais à avoir des bonnes relations, des opportunités de partager ma foi. Mais je devais rentrer en France. On m’a donc proposé de revenir et de faire le programme Relay : un programme de dix mois pour les jeunes diplômés de l’université britannique ayant une expérience du CU et qui veulent aider l’association. Pendant mes années universitaires, j’avais à cœur de passer un an pour approfondir mes connaissances bibliques, mais je ne savais pas où. Cette année Relay me semblait un bon compromis : après mes études, je faisais une expérience à l’étranger et je me mettais au service pour Dieu.
Quelles étaient tes activités et responsabilités en tant que travailleur Relay ?
Nous étions 60 Relay workers dans l’Angleterre et j’étais le seul à Southampton. Dans ce programme de 10 mois, il y avait trois volets : formation, discipulat et mission. Je recevais une formation avec des cours à distance sur l’évangélisation, les doctrines, etc. Une fois par mois, nous avions deux jours de formation avec le reste de la région sud-est. Il y avait aussi trois semaines de conférence dans l’année pour tous les Relays. J’avais un superviseur, un staff worker, que je rencontrais régulièrement. On était bien suivi ! Pour le discipulat, je soutenais principalement les membres du CU. Au niveau communautaire nous avions des réunions de prière tous les lundis matin, des séances plénières le vendredi soir. C’était un temps fort, nous étions rassemblés autour des valeurs de l’Évangile pour être encouragé à atteindre les autres. Au niveau de la formation de disciple, je formais les leaders des petites groupes d’étude biblique qui se réunissaient chaque semaine. J’avais aussi deux à trois rencontres en un-à-un avec des étudiants, où nous étudions un livre biblique. J’ai passé beaucoup de temps à préparer ces rencontres. La Bible est excellente mais mérite une bonne préparation ! Au niveau de la mission, j’étais en contact quotidien avec des étudiants non-chrétiens. Le CU avait plusieurs événements phares d’évangélisation. L’un d’eux était un lunchtime talk : on offrait le repas et un message d’un orateur pendant une trentaine de minutes un sujet d’apologétique. Formation, discipulat, mission : je pouvais connaître Dieu, le servir et faire quelque chose de social. C’était très attirant !
Quels aspects de ce service pour Dieu t’ont fait grandir ?
Quand j’ai su qu’en tant que Relay worker, je devais lever des fonds, c’était daunting (intimidant) : lever plus de 8 000 euros en cinq mois, si possible avant septembre ! Mais on a eu une formation sur les principes bibliques de la levée de fond qui m’ont appris à vivre de la grâce de Dieu et à être surpris. J’ai vu aussi des gens prêts à s’investir pour la mission. Ça m’a rendu humble de savoir que les gens donnaient pour la mission du Seigneur et pas pour moi. Ils avaient vraiment à cœur de voir l’Évangile gagner du terrain.
J’ai expérimenté la grâce de Dieu : pas seulement celle qui nous sauve mais aussi celle qui nous équipe.
Joël Rakoto
Sur place, mon expérience réduite du CU par rapport aux autres Relays était un gros défi. J’ai eu beaucoup de remises en question : qu’est-ce que je fais là à encourager des personnes à être missionnaires, évangélistes dans une culture qui n’est pas la mienne !? Je n’avais pas de grande expérience dans l’évangélisation et je doutais de mes capacités. Si quelqu’un m’avait dit que j’allais faire un discours apologétiques en anglais devant plus de 10 personnes, je ne l’aurais pas cru. Je me sentais sous-équipé. Mais cela m’a rendu humble. J’ai expérimenté la grâce de Dieu : pas seulement celle qui nous sauve mais aussi celle qui nous équipe. C’est ce thème de la grâce qui m’a marqué. Je dois toujours revenir à l’évangile. En Angleterre, je suis presque redevenu chrétien, j’ai fait une redécouverte fraîche de la vérité. Le sacrifice de Jésus couvre mes péchés mais me permet aussi de vivre et de servir Dieu de manière nouvelle et libératrice. Ce que je retiens de cette année, c’est « ramener la grâce à la maison ». J’ai envie de me prêcher l’évangile chaque jour à la maison, de me rappeler ces vérités chaque jour. Comme le marathonien, qui s’entraîne chaque jour. Je sais que l’Évangile sera plus visible dans ma vie parce que je me rappelle sans cesse la signification du message. D’autant plus que je suis né dans l’Église, j’ai besoin de me rappeler ces vérités, pour qu’elles débordent !
Un de mes rêves est de voir un changement dans la manière dont on atteint les personnes, dont on communique cette grâce.
Joël Rakoto
Pour cela, je demande de la persévérance à Dieu. Je me suis rendu compte que quand j’essayais de faire les choses par moi-même, Dieu m’a montré que je n’étais rien. Il m’a poussé à changer ma perspective, à grandir dans ma compréhension de ma relation avec lui. Ce n’est plus un devoir mais une envie, une envie de m’épanouir. Même si parfois je galère, c’est un cheminement. Un de mes rêves est de voir un changement dans la manière dont on atteint les autres personnes, la manière dont on communique cette grâce. Jésus a passé du temps avec des gens individuellement, pour avoir une relation avec chacun. Que tu sois au GBU du Mans ou dans un groupe de cent personnes à Southampton, c’est possible aussi ! Pas besoin d’être un illuminé comme moi pour l’expérimenter…
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