L’Union des Églises Évangéliques de France est née en 1849, le qualificatif Libre sera ajouté plus tard, en 1883, pour désigner la séparation d’avec l’État (la France était sous régime concordataire). Elle est ancrée dans le mouvement de Réveil du XIXe siècle, né à Genève.
Aujourd’hui, l’UEEL, c’est :
- 51 Églises (22 postes d’évangélisation et 29 Églises majeures)
- 3 Églises associées
- Environ 2600 membres professants
- Environ 2000 sympathisants
- 45 pasteurs : 38 pasteurs en poste (dont 5 femmes) et 7 pasteurs détachés (dont 2 femmes)
Les Églises sont implantées plutôt dans la moitié sud de la France, avec environ deux tiers en contexte urbain et un tiers en contexte rural (principalement les Églises plus anciennes).
Dès l’origine, des Églises de professants
En 1848, l’Église Réformée est en débat quant à l’importance de la confession de foi. Un pasteur, Frédéric Monod, et un laïc, Agénor de Gasparin, défendent la nécessité d’une confession de foi qui souligne les points essentiels de la foi, en lien avec une notion centrale pour le librisme, celle de l’Église de professants (sont membres de l’Église ceux qui professent personnellement leur foi). Comme seules quelques Églises répondent à leur appel, des Églises évangéliques indépendantes se joignent au mouvement et un synode constituant se tiendra en 1849, avec 13 Églises constituées et 18 en voie de constitution. Les débuts sont modestes mais il y a bien une croissance. En 1875, l’Union est passée à 45 Églises et 3500 membres…
Une période de crise
Une période de stagnation et de remise en question suivra, avec des tensions théologiques, le désistement de quelques pasteurs qui retournent à l’Église Réformée et l’émergence d’une question récurrente : les Églises libres ont-elles fait leur temps ? D’autant qu’a lieu la promulgation de la loi de séparation de l’Église et l’État en 1905 (par laquelle toutes les Églises deviennent « libres ») et la création de la Fédération Protestante en 1909, dont le premier président, Édouard Gruner, est libriste. Tout cela conduira à la crise de 1938, au moment de la création de l’Église Réformée de France. Un certain nombre d’Églises libres s’y affilient. Mais comme une majorité d’Églises reste, l’Union demeure en tant que telle. Une majorité d’Églises mais pas une majorité de membres… puisque ce sont les Églises des villes, plus grandes et plus riches, qui rejoignent l’ERF. Il reste donc essentiellement dans l’UEEL des Églises rurales.
Vers une nouvelle dynamique
L’UEEL mettra du temps à s’en remettre. On note une baisse de membres jusqu’au début des années 60. Il y a alors moins de 1000 membres dans les Églises libres en France. L’heure est moins à l’ouverture qu’au recentrage évangélique. Et cela aboutira à la décision de quitter la FPF, en 1963. Mais en parallèle, un nouveau dynamisme d’évangélisation émerge. L’UEEL se réimplante dans les villes par la création de plusieurs postes d’évangélisation. Dans les années 80 et 90, l’Union va changer de visage en s’engageant dans plusieurs dossiers épineux : il y aura d’abord un travail sur les textes de référence, avec une refonte de la constitution, du règlement intérieur et de la confession de foi, ensuite un processus de retour à la FPF qui aboutit en 1995, enfin les débats sur le ministère pastoral féminin qui aboutissent en 2003.
Après le dynamisme d’implantation des années 60 et 70, l’UEEL était majoritairement constituée de postes d’évangélisation (non autonome financièrement). Dans les années 80 et 90, la balance s’est inversée mais globalement, depuis les années 2000 on constate une stagnation du nombre d’Églises. A partir de 2013, l’UEEL redéfinit le développement et l’implantation de nouvelles Églises comme une priorité et commence à se restructurer en conséquence.
L’ADN libriste
Les Églises libres en France revendiquent un double héritage, entre Églises réformées et Églises indépendantes, qui n’a jamais été renié, même si on peut remarquer un petit effet de balancier entre ces deux pôles, tantôt penchant d’un côté, tantôt de l’autre. La recherche d’équilibre et d’unité est aussi une marque du librisme, qui essaye d’incarner une sorte de voie médiane, par un positionnement évangélique ouvert. Mais le cœur de l’ADN libriste, c’est la profession individuelle de la foi, seule condition pour être membre d’Église (bien que ne pratiquant aujourd’hui que le baptême de croyants, celui-ci n’est pas une condition pour être membre d’une Église libre). Enfin, le rôle joué par les laïcs s’est confirmé, même si la figure d’Agénor de Gasparin reste unique. Un rôle spécifique a toujours été reconnu aux pasteurs dans l’UEEL mais ce ne sont pas eux qui font l’Union. Tant sur le plan local que national, c’est dans la collaboration entre pasteurs et laïcs que se vit l’Église, y compris dans ses structures.
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