Le confinement a permis à certains de s’adonner à un « binge watching » de séries. Ou alors il a permit à d’autres de redécouvrir certains classiques du cinéma. A d’autres encore il a été l’occasion de se cultiver avec des documentaires sur notre mode de vie. Mais il a aussi été une bonne occasion de regarder des films qui nous font méditer sur le passé, replonger dans un ancien livre et nous redonner l’espoir de vivre. C’était le cas pour moi et mon épouse avec le film « Paul, apôtre du Christ ». Sorti en 2018, il a été réalisé par Andrew Hyatt, avec l’acteur Jim Caviezel (La Passion du Christ, La Ligne Rouge) et William Faulkner (Game of Thrones). Pas d’ordinaire friands de films labellisés « chrétiens » pour tout un tas de raisons, nous nous y sommes mis, en plein cœur du confinement…
Suivez tous mon exemple
L’histoire se déroule entre 60 et 70 après Jésus-Christ, lors des dernières années de l’apôtre Paul, emprisonné à Rome, juste après l’incendie sous le règne de Néron. Au rayon des personnages, nous suivons Luc, qui parvient à rendre visite à Paul dans sa cellule. Ceci, pour discuter avec lui, obtenir sa sagesse mais aussi pour mettre par écrit les Actes des apôtres. Le court passage biblique : « Luc est seul avec moi » (situé dans 2 Timothée 4.11), sert de socle au scénario du film.
Nous suivons principalement, Luc, un homme assez normal, attachant et accessible avec ses questionnements sur la souffrance endurée pour le Christ. Un moment il reconnaît « je n’éprouve aucun amour pour ces Romains ». Mais il entreprend avec diligence son travail de prendre soin de la communauté qui est à Rome. Il prend exemple sur Paul. Un Paul, qui est au bout du rouleau dans sa cellule, âgé et voûté, mais qui garde tout de même une lueur dans les yeux. Un Paul qui continue de poser des questions existentielles à l’officier romain en charge de la prison (joué par l’acteur français Olivier Martinez). Un Paul qui continue de soutenir Luc et de répondre à ses questions. Un Paul qui continue malgré les circonstances, d’orienter les regards vers le Christ. Un exemple à suivre, comme le dit le vrai Paul cette fois-ci à l’Église des Ephésiens : « Suivez tous mon exemple, frères, et observez comment se conduisent ceux qui vivent selon le modèle que vous trouvez en nous. » (Philippiens 3.17). Nous voyons aussi dans le film, la présence rassurante de Priscille et Aquilas, qui soutiennent avec courage et douceur la communauté persécutée à Rome. Ils doivent prendre des décisions difficiles, dans des temps difficiles. Mais toujours avec le souci de discuter et décider en communauté, pour le bien de la communauté. La persécution est omniprésente dans les ruelles de Rome et dans le film. La violence est latente, suggérée… la menace plane. Le film passe tout de même par des moments lents, avec des silences et quelques longueurs. Mais cela permet aussi des temps de pause, de réflexion et de cheminement intérieur bienfaisants dans nos vies présentes sans cesse remplies. Les dialogues, qui peuvent être parfois trop lisses dans ce genre de film, sont néanmoins acceptables. Il y a des renvois sans cesse aux épîtres et des clins d’œil sympathiques. On surprend Luc dire à Paul en souriant que « même les Corinthiens ont donné généreusement pour financer son voyage à Rome ». Les paroles de Paul en retour offrent des morceaux de versets, des vérité, toujours en lien avec la situation présente qu’il vit à Rome avec Luc. Paul a une parole juste, ancrée dans la Bible et liée aux circonstances. Et cela est bien traduit dans le film.
Un film sur la grâce et l’espérance
Durant tout le film, Paul a des mauvais rêves, des souvenirs des personnes qu’il a persécutées dans son ancienne vie, comme le visage d’Etienne qui lui revient souvent. Il parle même de cela comme son écharde dans la chair (interprétation intéressante !). Mais la grâce s’est manifestée pour Paul. Et dans le film, elle est montrée de manière particulière. (Attention spoiler) Après son exécution et sa mort, Paul revoit toutes ces personnes qu’il a persécutées qui l’accueillent à bras grands ouverts. Une belle image de la grâce par rapport à un passé qui plombe Paul. C’est cette grâce qui a permis à Paul de repartir dans la vie, c’est par cette grâce que Christ lui a donné cette seconde chance sur le chemin de Damas. Effaçant son passé de religieux zélé persécuteur, pour une vie au service de Dieu, dans la faiblesse.
Ce film donne envie de re-parcourir les épîtres de Paul, de relire sa vie dans les Actes, d’adopter son espérance.
Comme je le disais, je ne suis d’habitude pas du tout attiré par les films traitant directement de thèmes chrétiens ou de la Bible… parce que je suis souvent déçu. Parfois par l’aspect technique, mais aussi parfois dans des raccourcis sur le fond. Mais surtout parce que cela n’atteint pas mon niveau d’attente. Mais ce film “Paul, apôtre du Christ” au contraire m’a donné envie de re-parcourir les épîtres de Paul, de relire sa vie dans les Actes, d’adopter son espérance. Car c’est aussi un film sur l’attente. Après sa mort, Paul voit les personnes qu’il a jadis persécutées l’accueillir à bras grands ouverts. Mais son regard se tourne plus loin. Une autre personne qu’on distingue à peine s’empresse de venir à sa rencontre, en courant. Le film se termine avec le regard de Paul qui s’illumine. Il est remplis d’espérance, comme s’il disait « Quant à nous, nous sommes citoyens du royaume des cieux : de là, nous attendons ardemment la venue du Seigneur Jésus-Christ pour nous sauver. » (Philippiens 3.20). J’ai été agréablement surpris par ce film. Sa simplicité, ses dialogues ancrés dans les épîtres de Paul et la prestation sobre de Caviezel m’ont convaincus. Le film ne m’a finalement pas déçu. Mon attente de la fin du confinement, du retour à une belle vie a été redynamisée. Mais, plus important encore, mon espérance du retour du Christ a été ravivée. De cela, je sais que je ne serai pas déçu.
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