Dans notre série “Trois questions à…”, nous nous sommes tournés vers Maria Bode. Une étudiante souriante au parcours passionnant, fait de vie au Sénégal, d’études de théologie, d’éducation spécialisée mais aussi de stage en implantation. Avec toujours une idée chevillée au corps : la mission au Japon.
Point-Théo : Bonjour Maria, est-ce que tu pourrais te présenter, ton parcours jusqu’à présent et ton appel à servir Dieu ?
Maria : Bonjour à tous, j’ai vingt-six ans et j’ai ce qu’on pourrait appeler un parcours atypique ! Je suis enfant de missionnaires allemands, je suis née et j’ai grandi au Sénégal. À l’âge de douze ans, je suis arrivée en France. J’ai accepté le Seigneur, très jeune, à huit ans, mais le point tournant a été à quatorze ans quand j’ai décidé de dédier ma vie à Dieu, de le suivre, de vivre toute ma vie pour lui et de me faire baptiser. C’est à ce moment-là que j’ai reçu un appel pour la mission et Le servir à temps plein. En parallèle, j’avais découvert le Japon en arrivant en France. J’avais vraiment un amour pour ce pays, je ne sais pas d’où ça venait. À la fin de l’année de quatrième, j’ai eu la conviction de la part de Dieu d’apprendre le japonais, alors j’ai foncé. J’ai compris comme ça, petit à petit que c’était au Japon que Dieu m’appelait. Et puis j’ai été à Mission-net, une conférence internationale sur la mission. Je suis tombée sur un stand avec un missionnaire au Japon qui m’a dit à quel point il y avait des besoins. Pendant que je l’écoutais, mon cœur vibrait. J’ai appris que les Japonais étaient un peuple non-atteint. Ça a été une grande confirmation pour moi. À la fin de mon lycée, j’ai été vivre au Japon durant cinq mois. J’avais travaillé pour financer ce voyage personnel. Sur place, j’étais en contact avec des missionnaires qui m’ont montré leur travail et j’étais accueillie par une famille japonaise pendant tout mon séjour. Cela a été une expérience très riche et très forte. J’ai consolidé mon japonais. L’appel à servir au Japon m’est tombé dessus, puis cela s’est confirmé peu à peu !
Depuis très jeune, j’ai à cœur les jeunes en difficulté.
Quelles formations as-tu suivies ?
Dès l’appel, je me suis dit, qu’est-ce que je fais ? Parce qu’une fois sur place, il faut faire quelque chose ! Depuis très jeune, j’ai à cœur les jeunes en difficulté. J’ai travaillé avec les enfants de l’école, j’ai fait les Flambeaux pendant près de dix ans…. Ça a dirigé aussi mon choix d’études : je voulais être éducatrice spécialisée et me former au niveau de la psychologie, la pédagogie. J’ai passé les concours mais ils privilégiaient un autre profil. Alors j’ai fait une licence en science de l’éducation, plus poussée donc plus bénéfique ! J’ai aussi entendu parler d’une catégorie de jeunes ou de jeunes adultes qu’on trouve au Japon : ces personnes, après avoir vécu des expériences traumatisantes (du harcèlement à l’école ou au travail), ne sont plus capables de vivre en société et se retirent, restent cloîtrées dans leur chambre et ne sortent plus. La situation de ces personnes qu’on appelle Hikikomori, m’a beaucoup touchée. Du coup, j’ai cela à cœur, mais je suis vraiment ouverte à ce que Dieu veut et depuis le début, j’avance pas à pas. Après les études, c’était le moment de partir. Mais Dieu m’a dit de rester. Alors j’ai travaillé deux ans en tant que coordinatrice du parcours relais avec des élèves en décrochage scolaire, puis comme éducatrice spécialisée à la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Ces années étaient très riches au niveau de l’expérience. Au cours de la deuxième année, Dieu a retouché mon cœur pour le Japon. Dieu m’a montré la prochaine étape : c’était la formation théologique, en région parisienne. L’Institut Biblique de Nogent-sur-Marne avait la réputation d’être pratique et axé sur l’étude des livres bibliques. Au début, comme on conseille aux missionnaires de faire au minimum un an de formation, je me suis lancée dans une année. Mais une fois sur place, j’ai vite compris que j’allais rester plus longtemps et me voilà à la fin de la troisième année ! Et je ne le regrette pas ! Je vois à quel point c’était nécessaire. Déjà, du point de vue intellectuel et de la connaissance. Mais aussi au niveau personnel, le développement de ma foi et de ma relation avec Dieu. Ma manière de voir le monde, les autres, Dieu, tout cela a beaucoup changé. Ça m’a fait grandir, même si ce n’était pas souvent facile ! On peut dire que la connaissance intellectuelle est descendue encore un peu plus au cœur. Plus j’en ai appris, plus je me suis rendue compte que je ne savais pas grand chose…
J’ai eu de nombreuses confirmations depuis mon appel, Dieu m’en a fait la grâce et je peux m’appuyer dessus.
Quels seraient les défis et les motivations pour la suite ?
Plus j’avance, plus je me rends compte des défis. Mon dernier voyage au Japon et la formation à l’institut me l’a encore plus montré. Je vois à quel point la tâche est difficile. Le travail missionnaire au Japon est un travail qui prend énormément de temps, plus que dans d’autres pays, j’aurais envie de dire. Les barrières à l’évangélisation sont nombreuses et difficiles à surmonter. Heureusement c’est le Saint-Esprit qui les surmonte ! Au niveau spirituel, cela implique la prière, la persévérance et la patience mais aussi d’être ferme et bien assis dans sa foi. Mais le Seigneur pourvoit. Les finances sont aussi un grand défi. Le Japon est très développé, le coût de la vie est un peu plus élevé que celui de la France, cela nécessite donc des ressources importantes. J’ai eu la chance de déjà découvrir le pays, mais le défi sera d’entrer dans une compréhension plus profonde de la manière dont les Japonais réfléchissent : comprendre leur vision du monde. L’adaptation entre notre manière de parler de l’Évangile et la leur, pour qu’ils comprennent véritablement, sera un vrai défi. Ils ont vraiment une vision du monde particulière ! Mais ce n’est pas impossible à Dieu. Ce qui me motive le plus d’un autre côté, c’est de savoir que Dieu m’appelle là-bas. J’ai eu de nombreuses confirmations depuis mon appel, Dieu m’en a fait la grâce et je peux m’appuyer dessus. Je sais aussi qu’il a son plan pour le Japon. Ce qui me motive aussi, c’est de voir les Églises participer à ce projet, c’est l’œuvre de Dieu. C’est génial de voir que d’autres participent à ce projet avec moi et de voir d’autres personnes qui ont à cœur le Japon. Je vois que je ne suis pas toute seule ! C’est super d’avoir des personnes autour qui soutiennent et qui se lèvent pour servir. Il en faut.
1 Commentaire
Bravo! Il faut persévérer dans cette direction. Je n’irai jamais au Japon mais Le Saint Esprit m’a déjà plusieurs fois mis à coeur de prier pour ce pays. Et je ne savais pas pourquoi..
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