Pourquoi et comment célébrer l’Avent dans nos Églises évangéliques ? Les temps liturgiques ne sont pas toujours célébrés par nos communautés (à part Noël et Pâques) et c’est plutôt dommage. Suivre le calendrier liturgique permet de prêcher chaque année sur les thèmes centraux de la foi chrétienne que sont l’incarnation, la mort et la résurrection du Seigneur, l’Ascension, la Pentecôte, la Trinité, etc. Même s’il n’y a bien évidemment aucune obligation néotestamentaire à suivre le calendrier liturgique, c’est une belle occasion d’enseigner la communauté.
Mais pourquoi suivre une liturgie spécifique de l’Avent, pourquoi ne pas se contenter de la célébration de Noël ? Et surtout, si l’on accepte de le faire, comment se renouveler pour ne pas retomber sur les mêmes textes chaque année ?
Quelques mots sur l’histoire de l’Avent (pour la partie historique, je reprends les éléments de l’article suivant du journal La Croix : “Qu’est-ce que l’Avent ?“). Le mot « Avent » signifie avènement, venue, via le latin adventus. Son sens est proche du mot grec parousia que l’on trouve par exemple en Matthieu 24.3 (« Quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde ? ») ou en 1 Corinthiens 15.22-23 (« En effet, comme tous meurent en Adam, de même aussi tous seront rendus vivants dans le Christ, mais chacun en son rang : le Christ comme prémices, puis, à son avènement, ceux qui appartiennent au Christ »).
L’Avent a commencé à être célébré au IVe siècle, avec l’apparition de la fête de Noël. Comme le Carême avant Pâques, ce temps a pendant longtemps eu une connotation assez pénitentielle, avec pratique du jeûne plusieurs fois par semaine. Cependant cette connotation s’est peu à peu effacée pour faire place à la joie de l’espérance.
Ce temps liturgique est en effet centré sur l’attente de la venue de Jésus, non pas la première (bien que ce soit cette première venue qu’on célébrera à Noël), mais la seconde. En se replaçant dans un état de préparation et d’attente de la fête de l’incarnation de Dieu, nous nous souvenons que nous sommes réellement dans une attente, celle du retour du Seigneur. Nous attendons qu’il revienne du ciel pour renouveler toutes choses, pour établir son trône sur la nouvelle terre et pour rendre nos corps mortels conformes à son corps glorieux par la résurrection (Ph 3.20-21).
La vie chrétienne entre les deux venues du Christ se vit dans une tension pas toujours simple entre un « déjà » (ce que Jésus a déjà accompli par sa première venue) et un « pas encore » (ce dont nous attendons encore le déploiement). Le temps de l’Avent, temps particulier d’espérance en la seconde venue du Messie, est le temps idéal pour rappeler le contenu de cette espérance, pour aider les chrétiens à s’y préparer et à vivre dans l’attente de son accomplissement. Karl Barth écrit même : « Le temps de l’Église peut-il être et sera-t-il jamais un autre temps que celui de l’Avent ? » (Dogmatique IV/3*, p. 354).
L’Avent commence (en Occident en tout cas) le quatrième dimanche avant Noël (le 27 novembre au plus tôt, comme cette année, et le 3 décembre au plus tard). La série de prédications de l’Avent pourra donc s’étendre sur quatre dimanches. Cela dit, lorsque le 24 et le 25 ne tombent pas un dimanche, plusieurs Églises célèbrent Noël le dernier dimanche avant le 24, et il ne reste donc que trois dimanches de l’Avent. On adaptera ainsi les propositions faites ci-dessous à ces particularités locales.
En lien avec ce que j’écrivais en première partie, on pourra donc construire une série de prédications de l’Avent autour des quatre thèmes suivants :
Si l’on ne fait que trois dimanches de l’Avent, on pourrait se concentrer sur les trois offices du Christ, en montrant pour chacun d’eux ce qu’il change dès à présent pour la vie chrétienne, et ce qui changera lorsque Jésus sera revenu, qu’il régnera sur la terre et non plus depuis le ciel :
Pour creuser ce thème des trois offices du Christ en vue de la préparation d’un temps de l’Avent, on pourra consulter, outre les commentaires des textes bibliques proposés plus bas :
Si l’on veut suivre ce thème des offices du Seigneur en quatre dimanches plutôt qu’en trois seulement, on pourra ajouter ce que les anabaptistes considèrent comme un quatrième office : le Christ comme maître à imiter, ou bien alors reprendre le thème de l’annonce de la venue du Christ, comme proposé dans le premier schéma.
Enfin, en se concentrant sur la thématique de la venue du Christ, on pourrait suivre encore le schéma suivant, qui parcourt les différentes venues selon un ordre chronologique inverse pour aboutir à l’incarnation :
Dans ce schéma, on veillera à montrer les liens entre les trois formes que prennent la venue de Christ au monde (résurrection, Esprit-Saint, retour personnel et visible), en soulignant par exemple la notion de gage pour la venue en la personne de l’Esprit (Ép 1.14), ou la notion de prémices d’une moisson à venir pour la résurrection du Christ (1 Co 15.23). Pour creuser la thématique de la triple venue du Christ, on pourra consulter les ressources suivantes :
Sur la base de ces trois schémas de séries proposés, on peut varier le choix des textes bibliques pour se renouveler chaque année. Voilà quelques propositions en ce sens (et bien d’autres pourraient êtres faites, n’hésitez pas à partager les vôtres en commentaire) :
Proposition 1 : Le Dieu qui vient chez Ésaïe :
Proposition 2 : Prologue de Jean :
Proposition 3 : Le Jésus des prophètes[1] :
Proposition 4 : Le Jésus de l’Apocalypse :
On peut aussi retrouver facilement sur internet les textes de l’Église catholique pour les années A, B et C, qui suivent l’Avent respectivement dans l’Évangile de Matthieu, de Marc et de Luc.
Proposition 5 : Les trois offices dans la lettre aux Hébreux :
Proposition 6 : Les trois offices annoncés dans l’Ancien Testament :
Proposition 7 :
On le constate : il est possible, au travers de ces multiples propositions (et on pourrait en créer d’autres), de se renouveler d’année en année dans nos prédications de l’Avent. Que ces quelques réflexions et ces séries de prédications puissent accompagner avec profit les quatre bougies de la couronne de l’Avent, pour l’édification de nos communautés et pour une meilleure connaissance de celui qui est déjà venu vers nous et dont nous attendons le retour visible et personnel !
[1] Ces trois premières propositions ont été élaborées par Pierre-Sovann Chauny.
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