Ascension, fête oubliée

Ascension, fête oubliée
Matt Moury
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L’ascension est un événement historique et biblique d’importance. Les confessions de foi, aussi bien anciennes (Symbole des apôtres) que modernes (déclaration de foi du CNEF), la mentionnent et tous les chrétiens orthodoxes y croient. Cependant, force est de constater que cette doctrine semble quelque peu négligée dans les milieux évangéliques. En dix ans de vie chrétienne, je n’ai entendu, en tout et pour tout, qu’une seule prédication sur le sujet. À l’approche de la fête de l’Ascension, ce décalage nous interroge… En quoi cette doctrine est-elle décisive pour notre foi ?

Le roi intronisé qui nous associe à son règne

Premièrement, l’ascension représente l’intronisation de Jésus, et le début de la nôtre. Lors de son ascension, Jésus, notre roi, est monté au ciel pour recevoir du Père la domination, le pouvoir et l’autorité sur toute la terre conformément aux prophéties (Dn 7.14). Cet événement capital fait de Jésus-Christ le chef de l’Église mais aussi le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois (Ph 2.9-11). L’Agneau de Dieu sacrifié pour nos péchés est devenu pour toujours le Lion de Juda triomphant qui reçoit la louange et l’adoration de son peuple (Ap 14.1-4). Désormais, Jésus règne sur toute puissance et autorité (1 Pi 3.22) jusqu’à ce qu’il anéantisse ses ennemis lors de son retour surtout le dernier, la mort (1 Co 15.24-25).

Notre position en Christ dépend de l’ascension !

D’une manière extraordinaire, les croyants, par l’union à Christ, sont associés à l’exercice de ce règne inauguré puisque leur vie est cachée en Christ au ciel (Col 3.3) et qu’ils siègent dans les lieux célestes en Jésus-Christ (Ep 2.6). Tertullien résume : « Sache-le bien, cette ascension nous a été frayée par les pas du Seigneur; la porte nous a été ouverte par le triomphe du Christ ; alors plus de retard qui arrête le chrétien sur le seuil des cieux[1]. » En d’autres termes, notre position en Christ dépend de l’ascension ! De plus, le Christ exalté nous a envoyé le Saint Esprit promis afin de faire de nous des témoins de son règne (Ac 1.8). Dès lors, nous faisons figure d’ambassadeurs pour Christ (2 Co 5.20) qui représentent leur roi sur terre au travers de l’Église (Mt 18.18).

L’homme qui nous donne accès au Père

Deuxièmement, l’ascension représente l’accès de Jésus à Dieu qui rend possible le nôtre. Lors de son ascension, Jésus, notre grand prêtre, s’est présenté corporellement dans le véritable sanctuaire, le ciel (Hé 9.24-26). Le Père a alors agréé son sacrifice unique et valable une fois pour toutes : sa mort substitutive à la croix (Hé 9.12). La session de Jésus-Christ à la droite de Dieu atteste également du caractère achevé de son œuvre expiatoire (Hé 10.12). Dès lors, Jésus-Christ est devenu le représentant de l’humanité rachetée auprès du Père pour l’éternité, nous offrant par là même l’accès au trône de la grâce (Hé 4.16) et la garantie de notre salut éternel (Hé 5.9). Jésus, « semblable à nous en tout hormis le péché[2] » agit en grand prêtre compatissant à nos faiblesses (Hé 4.15) qui intercède pour nous auprès du Père (Rm 8.34). S’il nous arrive de douter de notre salut, nous pouvons nous rappeler l’incroyable bonne nouvelle qu’un homme, notre représentant, est assis sur le trône de Dieu au ciel. Tim Chester écrit à ce sujet : « L’unité entre Dieu et l’homme achevée à la croix est réalisée dans le ciel. Il y a un homme dans la présence de Dieu. La chair humaine est désormais avec Dieu. Et elle y est en notre faveur[3]. »

Le Fils glorifié qui nous montre le chemin

Troisièmement, l’ascension représente la glorification de Jésus, et l’espérance de la nôtre. Christ a accepté volontairement la souffrance en vue de la joie de l’ascension qui l’attendait (Hé 12.2). Après avoir subi l’humiliation de la croix, Jésus a été souverainement élevé par le Père lors de l’ascension (Ac 1.9). Ce faisant, le Fils a non seulement retrouvé la gloire dont il jouissait avant la création (Jn 17.5) mais il a aussi été glorifié au-delà de toute mesure comme le Seigneur (Ph 2.9-10).

Notre vie humaine suit cette courbe descendante et ascendante. Nous aussi, nous sommes humiliés pour un moment par toutes sortes de maux (2 Co 4.10-11) dans l’espérance joyeuse d’être glorifiés par la suite (Rm 8.18). Depuis l’ascension, les chrétiens attendent ardemment le jour où Jésus reviendra pour ressusciter et/ou transformer leurs corps (Ph 3.20-21) et établir les nouveaux cieux et la nouvelle terre (Ap 21.1). Thomas F. Torrance écrit en ce sens que « l’ascension est la révélation du fossé (gap) entre le temps du vieil homme et le temps de l’homme nouveau, du fossé entre la réalité de la résurrection de notre humanité en Jésus-Christ et l’existence corruptible que nous portons encore et dans laquelle nous sommes encore pleinement impliqués[4].» Dans ce temps entre les temps marqué par la douleur et l’espérance, celui du « déjà » et du « pas encore », nous avons l’occasion d’imiter Jésus en patientant face à la souffrance (1 P 2.21) tout en nous rappelant la victoire du Christ sur la mort (Rm 8.9).

Notre vie humaine suit cette courbe descendante et ascendante.

Conclusion

L’ascension recèle encore bien d’autres richesses qui ne demandent qu’à être explorées. Nos Églises évangéliques auraient tout à gagner à creuser la bonne nouvelle de l’élévation de Jésus-Christ, source de joie et d’espérance pour les chrétiens d’hier comme d’aujourd’hui. Pour ce faire, pourquoi ne pas commencer par organiser une célébration spéciale le 21 mai, jour de l’ascension ?

Vous trouverez ci-dessous plusieurs textes qui peuvent être utilisés pour une prédication sur le sujet, et quelques cantiques qui peuvent être chantés en ce sens :

Luc 24.50-54 ; Actes 1.9-11 ; Hébreux 4.14-16 ; Ephésiens 2.1-7

Victoire (JEM 341), Devant le trône du Très-Haut (JEM 739), À l’Agneau de Dieu (JEM 519), Merveilleux nom (JEM 1001).

Bonne fête de l’ascension à chacun !

Pour aller plus loin :

L’Ascension, la clameur royale de Derek Prime, BLF, 2002.

Jesus ascended : The meaning of Christ’s continuing incarnation de Geritt Scott Dawson, T&T Clark, 2004.

 

[1] Tertullien, Le Scorpiâque, disponible ici : http://www.tertullian.org/french/g3_05_scorpiace.htm

[2] Symbole de Chalcédoine, disponible ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Symbole_de_Chalc%C3%A9doine

[3] Tim Chester & Jonny Woodrow, The Ascension : Humanity in the presence of God, Christian Focus, 2013, p.89.

[4] Thomas F. Torrance, Space, time and resurrection, T&T Clark, 1998, p.132-133.

1 Commentaire

  • Claude Harel 1 octobre 2020 14 h 24 min

    Bonjour cher frère !

    J’avais apprécié votre article au sujet de l’Ascension, et tout récemment j’apprends sur le blog de Jonathan Sinclair que vous avez eu l’excellente idée de traduire le non moins excellent article de Jeremy Treat ! Merci et bravo. Je suis convaincu que le monde évangélique (francophone entre autres) a réellement besoin de ce genre de contribution. Je suis l’actualité grace à des sites comme Patheos, mais des traductions en français permettent d’atteindre plus de chrétiens francophones. Merci de continuer ce travail !

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