Le patois de Canaan revisité

Le patois de Canaan revisité

Qui n’a pas déjà entendu, dans nos milieux évangéliques, ces expressions : “Il faut inviter Jésus dans ton cœur”, “Bienvenue dans la maison de Dieu” ou “Lorsqu’on sera au ciel” ? Que signifient-elles vraiment ? Ont-elles un sens ? Dans notre bulle, nous nous laissons parfois entraîner dans un certain confort, même dans notre vocabulaire et nous oublions parfois les vérités qu’il doit y avoir derrière. C’est dans le but de nous y faire réfléchir, que le livre “Parlons-mieux” aux éditions BLF sortira le 24 février !

Pourquoi dire ça et pas quelque chose d’autre ?

Ce livre, c’est le “bébé” des WET. Pour être plus clair, le groupe d’organisateurs des Week-Ends Théologiques (WET) s’est posé la question : comment encourager la réflexion chez les jeunes adultes chrétiens autrement que par des événements ? C’est ainsi que le projet d’écrire un livre a vu le jour, il y a deux ans. “Nous avons voulu traiter des expressions qui sont dites par les évangéliques lors du culte ou durant le quotidien. Et nous avons voulu essayer de décrypter le vrai du faux dans ces expressions et ainsi encourager la réflexion” détaille Nicolas Fouquet, en charge de ce projet.

Faire de la théologie en partant de l’expérience des gens.

La méthode est aussi intéressante et dans la droite lignée de ce qu’essaient de faire les WET : rendre accessible la théologie. Le livre et son contenu se sont construits ainsi. “L’idée était de faire de la théologie en partant de l’expérience des gens” explique Nicolas. Avec leur propre expérience personnelle, ils ont aussi effectué un sondage auprès de nombreux participants de leurs événements, en leur posant la question : “quelles expressions courantes que vous avez entendues dans l’Église vous semblent ambigües ou discutables ?” La seconde étape était d’organiser un vote pour arriver à un nombre restreint d’expressions. “Le but du livre est que chaque personne qui l’ouvre puisse connaître au moins dix expressions.” Ils en sont arrivés à “Dieu aime le pécheur, pas le péché”, “Nous allons faire passer la collecte” mais aussi “Bénis ces aliments, Seigneur”, et bien d’autres ! 

Un travail d’équipe, à travers les dénominations

Le livre est aussi un reflet des WET dans le sens où différents auteurs, issus de différents horizons théologiques, y ont contribué. “Nous avons demandé à des orateurs qu’on avait apprécié aux WET mais aussi à d’autres : une nouvelle génération de théologiens, de qualité, connus pour leur sérieux et leur accessibilité” résume Nicolas. Ainsi, il y a un certain équilibre voulu par les responsables, avec des auteurs d’une majorité des dénominations composant le paysage évangélique : de la Fédération des Églises Évangéliques Baptistes (Timothée Minard, Thomas Poëtte), de l’Association des Églises Évangéliques Baptistes (Matthieu Sanders, Lydia Lehmann), Des Communautés et Assemblées Évangéliques de France (Dominique Angers, Matthieu Gangloff), de l’Alliance des Églises Évangéliques Interdépendantes (Cédric Eugène), de l’Association d’Églises Réformées Baptistes du Québec (Guillaume Bourin), des Assemblées de Dieu (Luigi Davi), de Perspectives (Matthieu Freyder), de l’Union des Églises Évangéliques de Réveil de Suisse (Robin Reeve) mais aussi de la Fédération Romande des Églises Évangéliques (Jean-René Moret) et de l’Union des Églises Évangéliques Libres (Florence Vancoillie). “Les auteurs ont été sollicités pour choisir deux-trois expressions qu’il avaient envie de traiter, puis nous avons répartis les sujets” révèle Nicolas. La particularité a été aussi de demander à chaque auteur de relire deux autres textes, d’un courant différent du sien “pour rendre visible ce travail interdénominationnel et pour qu’ils se challengent un peu” sourit Nicolas. La collaboration et les passerelles entre les milieux se voient aussi dans les recommandations de l’ouvrage, venant de plusieurs pays de la francophonie (Canada, Belgique, Suisse et Madagascar) et de personnalités du monde évangélique (Alain Nisus, Étienne Lhermenault…), mais aussi dans la communication de la sortie de l’ouvrage, avec une demande de participations des personnes au projet (pour le choix de la couverture, avec un sondage sur Facebook, par exemple). “Nous voulions impliquer les gens des WET, mais aussi beaucoup plus largement. Le projet n’est pas que franco-français” se félicite Nicolas.

Ne pas jeter la pierre : un livre utile

L’objectif de cet ouvrage de cent-cinquante pages n’est pas de jeter la pierre sur telle personne qui utilise telle ou telle expression. Ni même de dire que tout est faux à chaque fois. Mais la visée est de partir de phrases qu’on a tous dites à un moment et de méditer quant à son contenu. Les treize auteurs nous y emmènent de manière accessible, dans des chapitres d’une dizaine de pages chacun. “L’exemple de l’article de Lydia Lehmann est révélateur. Elle part de l’expression “Je me fais baptiser” pour ouvrir plus largement sur la question du baptême.” remarque Nicolas. Faire réfléchir… et parfois proposer une alternative. C’est ce que le livre essaie de faire selon Nicolas : “Il ne s’agit pas de critiquer puis de laisser les gens les bras allants. Certains ont essayé de proposer des reformulations : que dire et comment le dire à la place. L’article de Matthieu Freyder, par exemple, se penche beaucoup sur ça.” Avec ce livre, le lecteur se remet en question et fait de la théologie presque sans le savoir. Et vous ? Quelles expressions vous utilisez (trop) souvent ?

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