L’Église évangélique du Vieux-Lyon : une implantation visible et chaleureuse

L’Église évangélique du Vieux-Lyon : une implantation visible et chaleureuse

Il est 17 heures dans le quartier du vieux Lyon. Dans une ruelle passante, quelques personnes entrent dans un espace de coworking particulier : c’est une Église. L’atmosphère est chaleureuse, les personnes accueillantes et souriantes. « Je suis tellement content de vous voir » affirme tout sourire le responsable, Timothée Pomier, la trentaine avec un sourire jusqu’aux oreilles. Ce graphiste auto-didacte, marié et parent de trois enfants avec son épouse Tamara, met tout de suite à l’aise. On se réunit en cercle autour d’une guitare, une trentaine de personnes sont présentes, des feuilles sont passées à chacun. Le « happy hour » commence. Au menu : des beaux chants, un message très participatif et une communion fraternelle visible. Des mines contentes, quelques rires francs parmi des jeunes actifs. La moyenne d’âge ne doit pas dépasser les 30 ans. Bienvenue à l’Église évangélique du Vieux-Lyon.

« J’ai passé une sale journée »

Le projet d’implanter une Église dans le Vieux Lyon a démarré en 2015. Au départ, nous retrouvons Timothée et Tamara Pomier férus d’évangélisation de rue avec le groupe ELAM dans les rues de Lyon. « Tout le monde me voyait dans l’évangélisation de rue, raconte Timothée, c’était presque inné chez moi, j’ai grandi là-dedans. On était convaincu qu’on allait vivre dans un camion pendant 10 ans. » Puis une rencontre avec Raphaël Anzenberger, lors d’un cours au réseau des évangélistes émergents, va faire basculer les choses. « J’étais dans une période de doute. Quelque chose me dérangeait dans l’évangélisation de rue. Raphaël m’a dit qu’il fallait que je réfléchisse à l’implantation d’églises. Je me suis laissé persuader par Dieu. » Après plusieurs tests de personnalité d’orientation chrétienne, Timothée découvre qu’il a le profil de l’implanteur : une personne polyvalente qui fait de tout. « Après m’être rendu compte de ça, j’ai passé une sale journée dit-il en rigolant. Mais j’ai dit à Dieu, si c’est ça, ouvre la porte Seigneur. Parce qu’on devait être sûrs à deux aussi. C’était pas rigolo pendant cette période. Mais une fois acceptée, la décision était vraiment une grâce. »

“Une fois acceptée, la décision de l’implantation a été vraiment une grâce.”

Timothée Pomier, implanteur.

Une formation au CFRI de Loches

En 2013, direction Loches et son Centre de Formation Régional pour Implanteurs d’églises, « l’un des seuls endroits en France qui faisait des cours pratiques sur l’implantation ». Suite à cette formation, ils se lancent eux-mêmes dans l’aventure, à Lyon, en 2015. « J’avais toujours entendu que c’était impossible d’implanter là-bas. Comme je suis une tête brûlée, je voulais aller dans le Vieux-Lyon ! Mais c’était aussi stratégique : l’implantation était un peu en stand-by. » Un appel est ensuite lancé pour constituer une équipe et plusieurs personnes se regroupent autour du couple. « On connaissait précisément ce dont on avait besoin, donc on a fait tourner l’information. On pensait à des potes au départ mais ça ne s’est pas du tout fait comme ça. Dieu a fait autrement et on s’est dit qu’on allait fait avec ceux que Dieu nous envoie. »

Depuis 2015, l’équipe s’organise, met en place ses objectifs, ses valeurs et sa vision. « J’avais vécu l’Église à Loches comme dans le livre des Actes : l’amour, l’entraide fraternelle. Donc je voulais vivre l’Église de quartier. L’objectif était de toucher le quartier, influencer le quartier et travailler dans le quartier. » Le deuxième objectif était de faire des disciples qui font des disciples, d’entrer dans une logique de multiplication mais aussi de former des implanteurs. L’Église est d’ailleurs devenue elle-même un CFRI par la suite.

“J’avais vécu l’Église à Loches comme dans le livre des Actes : l’amour et l’entraide fraternelle. Donc je voulais vivre l’Église de quartier.”

Timothée Pomier, implanteur.

« Être pasteur les uns des autres »

L’Église du Vieux-Lyon est aussi attachée au concept « d’être pasteur les uns des autres ». « La vision du pasteur berger nous l’avons, mais ça favorise malheureusement le concept de pyramide… Donc on encourage chacun à être un appui pour l’autre : avec, entre autres, les groupes de croissance avec le parcours « Leçons de vie spirituelle », notre formation de disciple » détaille Timothée. Lui son équipe ont opté pour cette organisation non-pyramidale après avoir observé, entendu et vécu des situations de familles pastorales trop douloureuses. « Je voulais privilégier ma famille. J’ai été témoin aussi de situations bizarres de contrôle sur le pasteur, où les gens ont cette vision du « saint pasteur » qui prend des charges parfois qui ne sont pas les siennes. Donc, chez nous on veut encourager la répartition. Après c’est une vision, parmi d’autres. » Une vision particulière de la fonction pastorale, avec une précision : « La plupart des choses peuvent être gérées par tous, mais la charge pastorale à proprement parler est toujours à assumer par les responsables, c’est sûr. »

Un espace ouvert de coworking

Si l’on résume l’Église du Vieux Lyon, c’est une ambiance, une ouverture, de la responsabilité et de la redevabilité. Et puis, il y a l’espace de coworking. « Cela résonnait avec notre deuxième valeur, explique Timothée, d’avoir des locaux ouverts toute la journée au public. » Et cela s’est fait assez naturellement : « J’avais besoin d’un bureau et autour de moi des jeunes parents avaient besoin d’un espace pour travailler. Le principe du coworking commençait à se faire entendre à l’époque. On était au début, on a surfé sur la vague et puis c’est parti. » La réflexion était financière également, pour que l’Église ne soit pas seule à supporter tous les coûts. Malgré le contexte actuel du confinement généralisé et les défis administratifs, le coworking est un formidable espace de rencontre : « Ça aide à se faire connaître dans le quartier. Les gens viennent. Tu rencontres des gens qui deviennent tes amis avec qui tu as des discussions profondes, tu as une discussion par jour sur Dieu. En plus, une solidarité se crée. » Une aventure qui demande du temps et une vision de la personne qui gère. « Mais toutes les églises devraient se lancer dans un système de coworking ou autre, un système de partage. Pour que les non-chrétiens aient un point d’accroche dans le bâtiment. Il y a pleins d’idées, pour faire rentrer du monde ! »

Des défis dans la croissance

L’Église du Vieux Lyon continent maintenant vingt-cinq membres, les jours d’affluence, ils sont plus de quarante à la célébration. L’Église n’a pas révolutionné les choses. Et se trouve aujourd’hui avec des défis et des questions. Le passage d’une implantation à une Église établie est l’un deux. Mais Timothée et son équipe ont prévu cette phase de transition. « On va commencer des formations théologiques et des formations au leadership dans l’optique de passer du mentorat à des cours « académiques ». Le un à un ne va pas assez vite dans ce sens et certaines théologies des gens ont besoin d’être rabotées sérieusement ! » Mais Timothée garde en tête une autre idée « l’objectif est à nouveau d’implanter pour créer un appel d’air pour que de nouveaux non-chrétiens découvrent la foi ». L’implantation n’est pas la finalité, la multiplication de disciples et d’églises est la visée.


Pour aller plus loin

Ajouter un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'un *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Abonnez vous à notre Newsletter et recevez gratuitement les nouveaux articles par mail