Adieu les manuels, place à la Bible et à la créativité !

Adieu les manuels, place à la Bible et à la créativité !
Nicolas Engel

Bon d’accord c’est un peu expéditif et provocateur, je ne vais pas me faire que des amis avec cette formule (notamment chez les éditeurs 😉). Néanmoins elle résume plutôt bien l’approche que nous proposons pour les équipes d’enseignement des enfants. Je vous invite à la découvrir en nous intéressant dans un premier temps à notre philosophie avant de nous pencher sur notre démarche.

La philosophie

Voici la formule qui résume notre philosophie : une double transmission basée sur la relation. Qu’entendons-nous par-là ?

Une double transmission

L’adulte va transmettre « quelque chose » aux enfants : ça souvent, nous en sommes bien conscients ! Mais les enfants vont aussi transmettre « quelque chose » aux adultes, nous l’oublions parfois.

Dans la Bible, l’enfance symbolise premièrement l’immaturité spirituelle (Ephésiens 4.14). La responsabilité de l’adulte est donc avant tout de transmettre à l’enfant « quelque chose » qui va lui permettre de mûrir spirituellement. En l’occurrence, dans le contexte, un enseignement fiable, orthodoxe.

Mais l’enfance symbolise également l’attitude adéquate pour entrer dans le royaume des cieux : “Vraiment, je vous l’assure : si vous ne changez pas d’attitude et ne devenez pas comme de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux” (Matthieu 18.1-4).

Ainsi, si les enfants sont appelés à devenir adultes spirituellement, notamment grâce à un enseignement orthodoxe, les adultes sont quant à eux appelés à devenir comme des petits enfants en ce qui concerne l’attitude, caractérisée par la dépendance et l’humilité.

Basée sur la relation

Cette double transmission se doit de prendre appui sur une relation.

L’exemple de Jésus à cet égard est éloquent : tout son enseignement est donné dans un contexte relationnel. Avec ses disciples, les Douze notamment, Jésus construit une belle relation : il passe du temps avec eux dans différents contextes ; il se dévoile à eux peu à peu ; il apprend à connaître leur tempérament et donne même des surnoms à certains (Luc 3.17) ; il tisse des liens plus étroits notamment avec l’un d’entre eux (Jean 21.20, 24). Même lors de rencontres avec des inconnus, l’empathie de Jésus, sa finesse, sa justesse relationnelle sont palpables.

Il va donc nous falloir, nous aussi, construire une relation avec les enfants pour favoriser la double transmission. Quel type de relation sommes-nous appelés à construire avec les enfants qui nous sont confiés ? Celle d’un professeur avec ses élèves ? Une relation copain – copain ? Pour rester proche de l’exemple donné par Jésus, il me semble que c’est une relation de type pastoral que nous avons à construire avec les enfants. Il y a dans cette image du berger et de ses brebis (voir Jean 10), tous les ingrédients pour favoriser la double transmission : la connaissance mutuelle ; l’affection mutuelle ; la confiance mutuelle ; l’autorité du berger ; son dévouement pour ses brebis. Cette image a le double avantage de nous donner les grandes lignes de la relation que nous avons à construire, sans nous enfermer : nous ne serons pas tous exactement le même berger !

C’est donc sur cette philosophie, une double transmission basée sur la relation, que s’appuie notre démarche qui comporte cinq étapes.

La démarche

La question herméneutique

La première étape, c’est la question herméneutique : qu’est-ce que j’enseigne aux enfants ?

Dans notre église, nous alignons l’enseignement des enfants sur celui des adultes. L’équipe d’enseignement des adultes fixe des séries de prédication, en tenant compte des deux repères donnés par l’apôtre Paul aux responsables de l’église d’Ephèse : « Je vous ai enseigné tout ce qui pouvait vous être utile » (Actes 20.20) ; « Je vous ai annoncé tout le plan de Dieu » (Actes 20.27). Pertinence d’une part, exhaustivité d’autre part. Ces séries sont donc suivies par l’équipe d’enseignement des enfants, avec un décalage d’une semaine.

Ce choix, pour trois raisons :

Premièrement, parce que tous les membres de l’équipe d’enseignement des adultes ont été formé à l’interprétation des textes bibliques, ce qui n’est pas (encore !) le cas de tous les membres de l’équipe d’enseignement des enfants.

Deuxièmement, parce que cela assure la cohérence de l’enseignement dispensé à l’ensemble de l’église et permet donc un cheminement parallèle des enfants et des adultes avec des temps de connexion.

Troisièmement, parce que cela soulage l’équipe d’enseignement des enfants qui peut se focaliser sur la deuxième étape, la pédagogie ! 

La question pédagogique

Vous venez d’entendre une prédication, vous allez devoir la transmettre aux enfants dans une semaine : comment faire ?! C’est la seconde étape de la démarche, la question pédagogique : comment enseigner ?

La réponse tient une phrase : en faisant vivre votre enseignement aux enfants. Place à la créativité ! Tous les moyens sont bons (ou presque 😉) pour permettre aux enfants de goûter le cœur du message : jeux, vidéos, chansons, activités manuelles, etc. Tout comme les auteurs du livre des Proverbes ont su s’inspirer de la sagesse de leur temps, n’hésitons à puiser avec discernement dans les réalisations artistiques de nos contemporains !

La question qui implique

La troisième étape de notre démarche, c’est la question qui implique. Kesako ? A la Pentecôte, le discours de l’apôtre Pierre « toucha profondément ceux qui l’avaient entendu. Ils demandèrent à Pierre et aux autres apôtres : Frères, que devons-nous faire ? Pierre leur répondit : Changez, et que chacun de vous se fasse baptiser » (Actes 2.37-38a). Plus tard, à Antioche, ce sont les paroles de Paul et Barnabas qui conduisirent leurs auditeurs à louer Dieu (Actes 13.48a).

De même, lorsque nous transmettons un enseignement aux enfants, nous devons réfléchir à la manière de les impliquer, de les inviter à y répondre concrètement, par des actes, des engagements, des paroles (chants, prières, poèmes) de louange.

La question symbolique

La quatrième étape, je signale au passage qu’il n’y a pas de chronologie stricte entre les étapes, c’est la question symbolique : quel objet-souvenir les enfants vont-ils garder ?

Les gestes et les objets symboliques occupent une place importante dans les Écritures : ils ont notamment une fonction mémorielle (voir Josué 4.5-7).

L’objet-souvenir, ce n’est donc pas juste un travail manuel pour occuper les enfants jusqu’à ce que le culte se termine (enfin !). C’est un objet important, qu’il faut imaginer avec soin, tout d’abord pour sa signification : c’est un signe pertinent qui doit raviver la mémoire de l’enfant, son engagement éventuel ; ensuite pour sa pérennité : il est clair que nos objets ne peuvent pas durer « à toujours » comme les pierres prises dans le Jourdain, mais ils peuvent au moins durer le temps de la série en cours !

La question holistique

Enfin, cinquième étape, la question holistique : comment je connecte les enfants aux adultes ?

L’Église est un tout, un corps uni dans sa diversité (1 Corinthiens 12). En faisant le choix d’apporter le même enseignement aux enfants et aux adultes, nous favorisons un cheminement parallèle, ce qui est déjà pas mal, mais ce n’est pas suffisant : il faut réfléchir à des moments de connexion qui renforcent ce sentiment d’appartenir à un même corps et de faire partie de la même aventure. Voici deux idées très simples à titre d’exemple : inviter les enfants à aller présenter leur objet-souvenir à un adulte à la fin du culte, en lui demandant si cet objet lui évoque une prédication récemment entendue ; proposer un culte digestif inter-générationnel.

Conclusion

Adieu les manuels et place à la bible et à la créativité ! C’est expéditif, c’est provocateur, mais je défends néanmoins cette formule qui peut conduire à un véritable renouvellement du service de celles et ceux qui enseignent les enfants avec persévérance, fidélité mais aussi parfois lassitude… ce ministère est précieux, fondamental, et il peut être passionnant et vivifiant !


Pour aller plus loin

Focus Kids Bretagne, une formation sur l’enseignement des enfants à l’Eglise. Plus d’informations à focus.bretagne@gmail.com

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